45 millions d'euros pour rénover les hôpitaux de Laon et Château-Thierry

Bonne nouvelle pour les hôpitaux de l'Aisne. L’État sera au rendez-vous de la transformation et de la modernisation des établissements de santé du département, c'est le sens du message envoyé par Catherine Vautrin, ministre de la Santé, lors de sa visite à Laon. « Il fallait donner un signe particulier au département de l'Aisne que nous n'oublions pas et dont la situation des hôpitaux nécessite un accompagnement financier important, indique la ministre. À Laon, le projet porté par les équipes médicales et la direction va être soutenu à 85% et à Château-Thierry, un hôpital qui a grandement besoin d'être modernisé, c'est 100% de financements Ségur. »

Renforcement de la cardiologie

Dans le détail, le projet du centre hospitalier de Laon a été validé avec une subvention au titre du Ségur de 10 millions d’euros sur les 12 millions nécessaires. Il vise à regrouper toutes les consultations, à créer une unité ambulatoire, à moderniser les services de médecine, à transférer les services de soins de suite et la pédiatrie et à renforcer l’unité de soins intensifs cardiologiques pour optimiser le fonctionnement de ces services. Le début des travaux est programmé fin 2025.

Quant au projet du centre hospitalier de Château-Thierry, il a été validé avec une subvention au titre du Ségur de 35 millions d’euros soit 100% du coût. Il s’agit de la première phase de restructuration immobilière de l’établissement. Elle consiste à construire un bâtiment neuf comprenant l’imagerie, les urgences, le laboratoire, la pédiatrie, la chirurgie en hospitalisation complète et l’hospitalisation en gynécologie-obstétrique. Le début des travaux y est prévu en juin 2025.

Un « virage démographique » à négocier

Ces projets importants pour l'Aisne sont nécessaires alors que les indicateurs sociaux y sont plus dégradés qu'ailleurs sur le territoire. Éloi Goulieux, président de la commission médicale d'établissement (CME) de l'hôpital de Laon, a rappelé que la population était plus âgée, moins insérée sur le marché de l'emploi et plus sujette à des conduites addictives sur l'alcool et le tabac. « Face à ces défis, nous avons conduit un projet qui permet à la fois d'optimiser le fonctionnement, de moderniser les locaux et en lien avec les prérogatives de financement rationnelles, pragmatiques, il est très axé sur nos populations », indique le président de la CME à la ministre.

« Outre la réorganisation et la modernisation, nous allons vers un hôpital plus vert et aussi avec plus de chambres individuelles tout en restant dans l'enveloppe actuelle du bâti puisqu'il n'y a pas d'extension prévue, indique Julien Dupain, directeur de l'hôpital Simone-Veil. Nous regroupons aussi la consultation pour la rendre plus facile d'accès, là où elle est aujourd'hui éparpillée dans les bâtiments. » Ce dernier a rappelé qu'une première phase de transformation avait eu lieu en 2007 et que ces réorganisations et mises aux normes sont nécessaires.

La ministre a été sensible aux propos de Julien Dupain, directeur de l'hôpital et d’Éloi Goulieux, président de la CME. « Vous avez parlé de la pédiatrie, un secteur qui n'attire pas aujourd'hui, c'est un vrai sujet et plus on aura de capacité à avoir des structures d'accueil, plus on aura des travaux, plus on pourra attirer. C'est la même chose pour les soins palliatifs dont vous avez parlé, un des secteurs dans lequel nous avons le plus de besoins, explique la ministre. La filière cancer est aussi un sujet important, d'ailleurs j'ai pu constater que beaucoup d'Axonais consultent à l'institut Godinot à Reims dont j'ai été membre du conseil de surveillance jusqu'en janvier. »

La ministre rappelle aussi qu'un virage démographique est en cours dans le pays. « Nous aurons en 2030 plus de gens de 65 ans que d'enfants de moins de 15 ans et donc cette notion est majeure pour l'organisation du pays alors qu'il y a aussi une courbe de médecins qui commencent à prendre leur retraite. L'enjeu sera de ne pas avoir d'effet ciseau et que les nouveaux médecins soient plus nombreux que ceux qui arrêtent, ça n'est pas gagné, précise-t-elle. Il y aussi à travailler sur le maintien à domicile des personnes âgées qui n'est pas toujours possible et à réfléchir sur l'avenir de l'Ehpad qui deviendra peut-être un lieu davantage médicalisé. »