36 ans après, Jean-Marc Reiser rattrapé par un "cold case"
Jean-Marc Reiser, déjà condamné deux fois aux assises pour viols et pour assassinat, a été mis en examen mercredi dans l'enquête sur la disparition de Françoise...
Jean-Marc Reiser, déjà condamné deux fois aux assises pour viols et pour assassinat, a été mis en examen mercredi dans l'enquête sur la disparition de Françoise Hohmann, survenue en 1987 à Strasbourg.
"Jean-Marc Reiser a été mis en examen" du chef de "séquestration ou détention arbitraire criminelle" à l'issue de sa garde à vue entamée lundi, au cours de laquelle il a régulièrement invoqué "son droit au silence", a annoncé la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi, dans un communiqué.
Purgeant actuellement une peine de réclusion criminelle à perpétuité, l'homme de 62 ans a été ramené à la prison de Strasbourg à l'issue de son déferrement devant le juge d'instruction.
Sa compagne de l'époque, Joëlle F., avait elle aussi été placée en garde à vue lundi. Elle a été relâchée sans poursuites à ce stade.
En 1987, Françoise Hohmann, âgée de 23 ans, est représentante de commerce pour le fabricant d'aspirateurs Electrolux. Elle disparaît le 8 septembre en début de soirée, après avoir rendu visite à un dernier client, Jean-Marc Reiser, dans son logement boulevard Victor Hugo à Strasbourg.
Aux enquêteurs qui l'interrogeaient, Joëlle F. avait dans un premier temps assuré avoir passé la nuit avec Jean-Marc Reiser, fournissant ainsi un alibi à son compagnon, qui niait toute implication. Joëlle F. s'était finalement rétractée quelques années plus tard.
En 2001, Jean-Marc Reiser avait été définitivement acquitté du meurtre, faute de preuves.
Du soupçon aux indices
Mais fin 2019, au regard de l'implication de Jean-Marc Reiser dans d'autres dossiers criminels, Isabelle Hohmann, la sœur de la jeune femme disparue, avait contacté l'avocat Thierry Moser pour lui demander de relancer les investigations.
En février 2020, évoquant des "charges nouvelles", le parquet de Strasbourg avait rouvert une information judiciaire, non pas pour meurtre cette fois-ci, mais pour "séquestration arbitraire criminelle" et "recel de cadavre". Le corps de la jeune femme n'ayant pas été retrouvé, les faits ne sont pas prescrits.
En septembre 2022, les enquêteurs ont mené des perquisitions aux domiciles de l'époque de Jean-Marc Reiser et Joëlle F., qui ont permis de faire progresser l'enquête, selon une source proche du dossier.
"Il y a suffisamment d'éléments pour que le doute qui lui a bénéficié en 2001 soit largement remis en cause. S'il est déféré, c'est qu'on passe du soupçon aux indices", a confié cette source à l'AFP. "Cette garde à vue, ce n'était pas un coup de poker pour essayer de le faire craquer".
Nous attendions
"La famille Hohmann, mes confrères de la partie civile et moi-même sommes très heureux de cette mesure que nous attendions depuis un certain temps déjà", a réagi auprès de l'AFP Thierry Moser.
"La famille Hohmann se bat avec courage et détermination depuis 1987. Nous souhaitons naturellement la comparution de monsieur Reiser aux assises dans les meilleurs délais. La difficulté a été d'obtenir la mise en examen malgré l'arrêt d'acquittement au bénéfice du doute en 2001, arrêt totalement injustifié de mon point de vue", a ajouté l'avocat.
Dans un autre dossier, Jean-Marc Reiser a été condamné en appel fin juin par la cour d'assises du Haut-Rhin à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté pour l'assassinat d'une jeune femme, Sophie Le Tan, en 2018. Il s'est pourvu en cassation.
Dans cette affaire, Jean-Marc Reiser a longtemps nié toute responsabilité, assurant seulement avoir rencontré la jeune femme pour lui faire visiter son appartement, mis en location.
Un an après sa disparition, des cueilleurs de champignons avaient retrouvé par hasard le corps de Sophie Le Tan, enterré en lisière de forêt. Plusieurs mois après, accablé par les preuves, et notamment le sang et l'ADN de la jeune femme retrouvés dans son appartement et sur une scie à métaux, Jean-Marc Reiser avait finalement reconnu l'avoir tuée.
Précédemment, il avait été condamné aux assises à 15 ans de réclusion criminelle en 2003 pour viols et agressions sexuelles.
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