« 2nde chance » se heurte aux difficultés à produire Made in France
La jeune entreprise « 2nde chance » portait l’ambition de créer une basket Made in France et recyclable. Elle a pourtant dû se résoudre à exporter la production au Portugal.
Utopistes ? Manon Poirot et Maxence Colin ont créé l’entreprise « 2nde chance » avec l’ambition de mettre un peu plus de responsabilité sociétale dans le secteur de la mode. Leur idée : concevoir et produire la première basket entièrement recyclable et fabriquée en France. Le polyester nécessaire à la fabrication est majoritairement recyclé tandis que le PVC indispensable à la basket peut être récupéré en fin de vie pour concevoir de nouvelles semelles. De quoi réduire de 30% l’empreinte carbone de chaque chaussure.
Le choix de produire en France s’inscrit aussi dans la démarche globale de la startup. « Notre objectif est de réduire l’impact carbone du produit et même si le transport joue un rôle, le fait de produire en France, grâce à une énergie nucléaire décarbonée avait un impact fort » explique Maxence Colin. Il complète : « Nous voulions aussi soutenir une filière hexagonale. » Si l’esprit et les valeurs semblent salutaires, la réalité de l’industrie nationale a bousculé leur projet. « Nous avons coincé sur le Made in France. »
Un manque de savoir-faire national
Le design de la basket a posé plus de problèmes que la technicité de la chaussure. « Une basket de ville compte normalement peu d’empiècements, mais nous avons élaboré quelque chose de plus complexe. En France, peu d’ateliers pouvaient s’engager car leur expertise de la chaussure, est difficilement transposable à la basket du point de vue technique. »
Si l’outil industriel existe, Maxence Colin et Manon Poirot ont donc découvert une pénurie de compétences. « Certains pouvaient nous faire un ou deux modèles mais pas une série entière. Cela demandait des mois de formation du personnel. » Après de longues recherches, les deux entrepreneurs ont, à regret, changé leur fusil d’épaule. « Un de nos partenaires nous a présentés à un atelier portugais qui a accepté de nous rencontrer. Nous sommes allés chercher le savoir-faire le moins loin possible en Europe. »
Apprendre et avancer
Le Portugal a ainsi apporté une réponse technique mais aussi une rapidité d’exécution. Mais les déboires de 2nde chance lui auront fait perdre du temps, mais aussi de l’argent. « Entre les frais de développement, de perte de chiffre d’affaires, les déplacements, le temps… Nous entêter sur le Made in France nous aura coûté près de 100 000 euros. »
Maxence Colin reste toutefois optimiste et se réjouit de pouvoir fournir ses clients dès le début d’année 2024 avec une série de près de 1 000 chaussures. Si le jeune homme regrette qu’un savoir-faire et une certaine qualité se perdent en France au bénéfice d’autres acteurs internationaux, avec son associée, ils auront progressé en tant que chefs d’entreprise. « Cela nous a appris à nous montrer plus critiques, à moins faire confiance, à être plus attentifs aux capacités. Le projet a été ralenti mais nous remettons une nouvelle dynamique et nous allons de l’avant. »
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert