2025 : Les perspectives économiques  minées par l’incertitude politique

Les perspectives économiques dans l’Union européenne pour 2025, déjà peu réjouissantes, sont amputées par l’incertitude politique croissante dans de nombreux pays, en particulier en France.

(c) adobestock
(c) adobestock

2024 devait être l’année de la reprise économique au sein de l’Union européenne (UE), après une longue période de stagnation. Cette dernière résultait autant de problèmes structurels, comme la faiblesse de la productivité et de l’investissement, que de facteurs plus conjoncturels, comme le choc inflationniste ou la politique monétaire restrictive menée de façon hasardeuse par la Banque centrale européenne (BCE). Des raisons politiques ont aussi contribué à anéantir tout espoir de reprise à la fin de l’année 2024, entre instabilité gouvernementale, contestation de résultats électoraux et coup de tonnerre selon les États.

La reprise avortée au sein de l’UE

Face à tous ces vents contraires, la Commission européenne table désormais sur une modeste hausse de l’activité de 1,5 % dans l’UE et 1,3 % dans la zone euro en 2025, contre, respectivement, 0,9 % et 0,8 % en 2024. Rien d’exaltant, d’autant que ces chiffres cachent comme toujours au sein de l’UE de grandes disparités, qui se retrouvent aussi dans ceux de l’emploi. Si l’Espagne semble, contre toute attente, tirer son épingle du jeu, l’économie est à l’arrêt en Italie, languissante en France et en crise profonde en Allemagne.

Seule la consommation pourrait un tant soit peu tirer le taux d’activité en 2025, après les hausses de salaire négociées les derniers mois et l’amélioration de certains indicateurs tels le taux d’inflation. Et encore, à condition que les ménages se remettent à puiser dans leurs bas de laine, eux qui privilégient dorénavant davantage l’épargne à la consommation dans ce contexte économique incertain. La demande adressée aux entreprises risque donc fort de rester mal orientée en 2025…

Qu’en est-il alors des autres moteurs de l’économie ? Si l’investissement public n’est pas encore totalement au régime sec malgré son reflux, l’investissement privé est indubitablement en berne. Pas uniquement en raison des conditions de financement, qui tardent à se relâcher malgré les baisses de taux directeurs de la BCE, mais aussi parce que l’incertitude sociale et politique actuelle freine les nouveaux projets. Quant au commerce international, il pourra difficilement contribuer à la croissance des pays européens dans la mesure où les exportateurs de l’UE doivent d’abord se battre pour empêcher le recul de leurs parts de marché face à la concurrence. Par ailleurs, la politique protectionniste annoncée par Donald Trump redessinera inévitablement la carte des échanges mondiaux et il n’est pas certain que l’UE en sorte gagnante…

Incertitudes politiques en Allemagne, et surtout en France

En Allemagne, ce sont les fondements mêmes du modèle économique qui sont ébranlés. Fondé au mitan des années 2000 avec les réformes Schröder, celui-ci consistait essentiellement à adosser la croissance allemande au commerce extérieur, en flexibilisant à outrance les emplois dans les services et en abaissant les coûts salariaux (réformes Hartz), afin de gagner en compétitivité-prix à l’export pour les produits industriels. Hélas, les facteurs qui ont fait le miracle économique allemand se sont bel et bien retournés, provoquant une récession et une casse sociale qui auront eu raison de la coalition au pouvoir du chancelier Olaf Scholz. Composée des libéraux (FDP), des Verts et des sociodémocrates (SPD), elle s’est achevée avec fracas par le limogeage du ministre des Finances, après de multiples désaccords autour, principalement, du budget pour l’année 2025, les uns voulant creuser les déficits pour soutenir l’activité, les autres s’y refusant catégoriquement.

En France, la dissolution ratée de l’Assemblée nationale en juin 2024 a précipité le pays dans une crise politique, qui menace désormais de muter en crise de régime. En décembre, le vote en urgence d’une « loi spéciale » permettant la poursuite du fonctionnement régulier de l’État, des collectivités territoriales et des organismes de sécurité sociale jusqu’à l’adoption d’une loi de Finances témoigne de la gravité de la situation. De nombreux textes en rapport avec la vie économique n’ont ainsi pas pu entrer en vigueur pour l’heure, générant de l’incertitude et du mécontentement chez les agriculteurs et les chefs d’entreprises. Et si les mêmes causes devaient produire les mêmes effets, alors le vote d’un budget semble aussi peu sûr que l’avenir du gouvernement de François Bayrou. À l’évidence, tout cela n’encourage guère les investissements et le développement économique sur le sol français. Les travaux académiques montrent du reste qu’un choc politique continue à produire des conséquences négatives pour l’économie pendant un à deux ans, en particulier en matière de taux d’intérêt. Le pire peut donc être imaginé lorsque les chocs politiques se répètent trop vite…

Par ailleurs, aucun pays n’est à l’abri des « cygnes noirs », événements rares aux conséquences dévastatrices tels qu’un krach boursier, un retournement politique imprévu, une nouvelle pandémie, etc.

Finalement, la reprise économique dans l’UE ne sera peut-être pas pour 2025 !