Conjoncture

2023 : année de transition, de conviction et de résistance

À l’aube d’une récession quasi inévitable, la Lorraine et le Grand Est affichent leurs ambitions de développement et d’adaptation à un monde en mouvement perpétuel. Les projets, programmes d’aménagement, de transition industrielle, numérique et autres de toutes tailles, sont présents même si plusieurs interrogations peuvent se poser sur leur financement. À côté des incontournables infrastructures routières et ferroviaires vitales (souvent controversées) en termes d’attractivité, les territoires se dotent de zones d’activités adaptées aux besoins actuelles de l’écosystème entrepreneurial. Prise de température de la mouvance et du climat conjoncturel à venir dans nos terres.

«L’industrie de demain, nous y sommes ici ! Cette nouvelle installation démontre qu’en Lorraine et dans le Grand Est nous avons les ressources, la volonté et les compétences pour faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain.» C’était au début du mois d’octobre sur le site de l’usine dombasloise du chimiste belge Solvay à l’occasion de la pose symbolique de la pierre de la chaufferie CSR (Combustible solide de récupération), Josiane Chevalier, préfète de la région Grand Est, à l’instar des différents représentants des collectivités locales, ne cachait pas sa satisfaction de voir la concrétisation d’un projet environnemental et industriel majeur pour le territoire. Le spécialiste de la fabrication de bicarbonate de soude (qui fêtera ses 150 ans d’implantation à Dombasle-sur-Meurthe en 2023) entend s’affranchir du charbon dès l’année prochaine et atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. À quelques kilomètres de là, à Laneuveville-devant-Nancy, leur concurrent Novacarb (groupe Humens) sont sur la même longueur d’ondes avec un projet quasi similaire. Deux exemples industriels (à suivre) d’une transformation aujourd’hui engagée, nécessaire, vitale pour la poursuite du développement économique du territoire et l’adaptation nécessaire face aux enjeux environnementaux et sociétaux du moment. En Lorraine, dans le Grand Est et à travers tout l’Hexagone, 2023 s’annonce comme l’accélération de ces transformations et les programmes, investissements annoncés vont dans ce sens. À l’occasion de sa séance plénière de mi-novembre, l’exécutif régional a clairement annoncé «garder le cap au cœur de la tempête», comme il l’assure. 1,653 milliard d’euros en crédit d’investissement (contre 1,43 milliard d’euros en 2022) en vue de soutenir les grands projets permettant de réussir les transitions écologiques, numériques et économiques sont annoncés.


Sobriété et investissement

«Après la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, et avec le dérèglement climatique qui s’accélère les perspectives de rebondir peuvent sembler floues. Pourtant, dans ce contexte, nous avons fait le choix d’agir de manière pragmatique et rapide. Pour répondre aux enjeux climatiques, pour économiser les énergies, pour mieux consommer, pour vivre en bonne santé, partout sur le territoire, la clé est dans le développement. Combiner, sobriété et investissement, c’est le défi que nous relevons autour de trois piliers : protéger, transformer, innover. Un triptyque qui permet de maintenir le cap dans les tempêtes que nous traversons», assure la Région Grand Est. Certain que 2023 qui approche s’annonce comme plus que délicat au niveau conjoncturel. Le terme récession est souvent employé même si bon nombre d’observateurs tentent de le minimiser. Il apparaît quasiment certain que l’Hexagone entrera en récession dans les jours à venir. Confirmation quasi faite à l’échelle européenne mi-novembre. «Après un premier semestre étonnamment solide, les données provisoires laissent présager d’une contraction de l’activité économique cet hiver», assurait Paolo Gentiloni, le commissaire européen aux affaires économiques. La récession devrait donc être une réalité au quatrième trimestre et sur le premier trimestre 2023. «L’activité devrait ensuite se stabiliser puis le rebond serait modéré car le choc négatif sur les prix de l’énergie persistera.» Dans ce contexte, la Lorraine et le Grand Est et ses acteurs économiques (et politiques) entendent faire face et naturellement avancer.

Contexte conjoncturel houleux

Les diverses notes conjoncturelles émanant notamment de la Banque de France ou encore de l’Insee régional laissent présager cette situation de récession mais sans réellement utiliser le terme, en minimisant peut-être la situation et en assurant une légère croissance pour ce quatrième trimestre. C’est reculer pour mieux sauter ! Dans ce contexte conjoncturel plus qu’houleux, 2023 apparaît s’annoncer comme une année de résistance certaine. Sur les territoires, les différents projets annoncés apparaissent s’afficher comme un pied de nez à ces prospectives et prévisions économiques frôlant l’anxiogène. Les différentes zones d’activité continuent à se développer, à se créer ou tout simplement à se construire un nouvel avenir. Exemple typique en Meurthe-et-Moselle avec la ZAE (Zone d’activité économique) du Parc de Haye. Début octobre, la communauté de communes Terres touloises et son aménageur la SEBL Grand Est ont présenté un vaste programme de chantiers pour la requalification attendues de cette zone. Pas loin de 20 M€ au total de travaux pour une durée avoisinant quasiment les dix ans. «C’est une entreprise gigantesque de réaménagement d’un espace économique situé au cœur d’un écrin forestier exceptionnel», assure Fabrice Chartreux, le président de la Communauté de communes Terres touloises lors de la présentation de ce projet. Un peu plus au Sud, à une moindre échelle, le parc d’activités Brabois-Forestière à Chavigny, en prolongement du technopole Henri Poincaré sur le plateau de Brabois, le long de l’A31, entame sa phase 2 en termes d’aménagement. Des projets comme ceux-ci, la Lorraine et le Grand Est en affichent de nombreux dans les différentes structures intercommunales et collectivités territoriales. Aménageurs, investisseurs apparaissent faire corps et cause commune pour continuer à assurer la croissance des territoires. Bien la preuve que la volonté de développement est loin d’être stoppée par le climat plombant ambiant.

A31bis : la nouvelle arlésienne ?

L’A31, un dossier vieux comme le monde ou presque (trente ans quand même) ! Depuis le 22 novembre, une concertation sur les potentiels tracés de l’A31bis permettant le contournement de Thionville vient d’être lancée. Quatre tracés sont proposés, une dizaine de réunions publiques à Thionville, Florange, Fameck, Terville et Kanfen dont une réunion publique de synthèse à Thionville programmée le 2 février prochain. L’État décidera début 2023 de la variante finale à approfondir en vue de l’enquête publique. Le chantier ne devrait pas débuter avant 2030 au mieux.

Nancy thermal : le nouveau thermalisme

Avril 2023, ouverture annoncée du complexe Nancy Thermal ! Piloté par le groupe Compagnie européenne des Bains ValVital, via une délégation de service public de la Métropole du Grand Nancy, l’arrivée de ce nouveau complexe s’affiche comme un des forts de l’année 2023 pour l’agglomération nancéienne. Avec ses trois espaces, thermal, bien-être et sports et loisirs, Nancy Thermal s’affiche comme «le seul établissement thermal et aquatique de France situé en cœur de ville», comme l’assure Bernard Riac, le PDG du  groupe Compagnie européenne des Bains ValVital.