2012-2013 : une crise d’un autre type

Conséquence d’un contexte national très dégradé en 2012, l’économie régionale a vu les destructions d’emplois s’accélérer et le chômage progresser, sans que se profile une velléité d’amélioration.

De gauche à droite, Bruno Clément-Ziza, de la Direccte, Dominique Aliquot, Daniel Huart et Arnaud Degorre, de l’Insee.
De gauche à droite, Bruno Clément-Ziza, de la Direccte, Dominique Aliquot, Daniel Huart et Arnaud Degorre, de l’Insee.

 

D.R.

De gauche à droite, Bruno Clément-Ziza, de la Direccte, Dominique Aliquot, Daniel Huart et Arnaud Degorre, de l’Insee.

 

 

Le bilan économique régional tel que présenté fin mai dernier par la direction régionale de l’INSEE n’incite guère à l’optimisme. «Si cela fait quelques années qu’on vous présente de mauvaises nouvelles, cette année elles sont un peu différentes en ce sens qu’elles mettent en exergue une situation de crise de nature assez différente de celle de 2008-2009» , a d’entrée indiqué Arnaud Degorre, directeur régional adjoint. Pour faire simple, une crise d’offre  en 2008-2009, du fait d’un credit crunch mondial de la sphère privée menant à une crise de production des entreprises et des échanges internationaux, une crise de demande en 2012-2013 du fait d’un credit crunch européen de la sphère publique menant à une crise de consommation des ménages couplée à une baisse «historique» du pouvoir d’achat en lien avec une dégradation du marché du travail et une dette publique difficile à contenir. Les dernières tendances ne sont guère incitatives : «L’indicateur de climat des affaires continue de se dégrader, les destructions de postes de travail se poursuivent, une entrée officielle en récession… A quand les jours meilleurs ? Sans doute pas en 2013, peut-être en 2014. Il sera difficile de réduire significativement la courbe du chômage. C’est un vrai défi.»

Dans un tel contexte, difficile d’afficher des signaux franchement positifs. Si les exportations se redressent, le déficit commercial n’a pas retrouvé ses niveaux d’avant 2008. L’emploi salarié s’affiche en baisse dans tous les secteurs : -1,9% en glissement annuel dans l’industrie, -2,7% dans la construction , -1,3% dans le tertiaire marchand y compris le commerce (-1,5%). Le chômage s’est inscrit en hausse soutenue à près de 360 000 demandeurs d’emploi (364 600 à fin mars), +27 300 contre +12 600 en 2011, avec des effets de décrochage plus marqués à Calais, Lens-Hénin, Valenciennes, Cambrai.

Que pourrait être 2013 ? «On est sur cette trajectoire de récession qui a été confirmée au premier trimestre. Un voyant qui reste au rouge, c’est la construction de logements… De toute façon, rien de bon en 2013, une amélioration en 2014, mais certainement pas à un niveau suffisant pour retourner le marché du travail, en tout cas sur la sphère privée, à voir sur la sphère publique qui est contrainte.» Des données corroborées par les indicateurs de licenciements économiques (3 745 à fin avril contre 10 000 en 2012) et du chômage partiel (900 établissements en consomment actuellement) suivis par la Direccte. Et de craindre l’entrée en crise d’autres leviers d’emploi comme les services à la personne ou encore l’ajustement dans le second œuvre du bâtiment qui paraît acquis.