100 ans et plein d’idées !

Un siècle d’activité dans le carton, cette PME de Chéreng y a certes gagné en sérénité mais vise aujourd’hui de nouvelles cibles. Intensifier la communication pour se faire connaître du tissu entrepreneurial régional, poursuivre le développement de la PLV, se tourner par étapes vers le développement durable et contribuer à réveiller un marché encore à faibles volumes après les années 2008 et 2009.

Les produits classiques d’emballage représentent encore 70% du CA.
Les produits classiques d’emballage représentent encore 70% du CA.

 

Bruno Mulliez devant la fresque-puzzle du Centenaire, de plusieurs mètres carrés…

Bruno Mulliez devant la fresque-puzzle du Centenaire, de plusieurs mètres carrés…

Mais ce que Bruno Mulliez a voulu d’abord réussir, c’est ce centenaire auquel, avec ses cadres et ses salariés, il a consacré un an. L’édition du “Journal des 100 ans”, deux journées de portes ouvertes début juin, une fresque monumentale où figurent les 48 membres du personnel et l’encadrement et, enfin, la participation au Club des entreprises centenaires de la CCI Grand-Lille, voilà pour ce qui est déjà du passé. Mais le PDG de cette PME installée à Chéreng depuis 1972, qui a sans doute mûri la célèbre maxime d’Emmanuel Le Roy-Ladurie, “Sans le passé, le présent n’a pas d’avenir”, se tourne maintenant vers les prochaines décennies, novatrices si possible, avec l’aide d’un bureau d’études de trois collaborateurs qui ne chôme pas. C’est lui qui a tracé régulièrement de nouvelles voies à l’entreprise familiale, sortant du traditionnel carton ondulé pour proposer aujourd’hui à la PLV (publicité sur le lieu de vente) un arsenal impressionnant de présentoirs et autres produits, touchant tous les secteurs d’activité de France et de Belgique où l’entreprise réalise 10% de son CA.

Un secteur qui… cartonne !
Ce qui a motivé ce changement d’orientation voilà une quinzaine d’années, c’est le fait que les marques se sont mises à emballer elles-mêmes leurs produits à destination de la grande distribution. Si l’emballage industriel traditionnel reste le coeur de l’activité avec 70% du CA chez Mulliez, le virage vers la PLV, décidé vers 1992, s’est nettement accentué en 2007 faisant bondir cette part de CA de 15 à 30% avec en point de mire d’ici 2017 les 50%. Cette diversification a aussi eu pour effet d’ouvrir de nouveaux marchés, nationaux essentiellement – à partir de la région parisienne où l’entreprise est très connue – et avec des références prestigieuses. A Chéreng cela s’est traduit par des investissements supplémentaires en machines. Lors des deux journées portes ouvertes, les visiteurs ont ainsi découvert la découpeuse et imprimeuse “Cuir”, la contrecolleuse “Stock”, la découpeuse grand format “Nuri”, la plieusedécolleuse “Grassi”, le Maxibox “Klett” ainsi que l’imagination des artistes qui décorent ces produits en carton ondulé destinés à trôner en tête de gondole des magasins. Là aussi quelques noms prestigieux comme Val’cartonne, la Maison du carton, Marie-Edith Stahl mais aussi l’IUT de Reims et l’Ecole supérieure d’ingénieurs de Reims.

La PLV s’adresse à tous les secteurs d’activité.

La PLV s’adresse à tous les secteurs d’activité.

Des investissements permanents tous azimuts. Les produits travaillés, transformés en fait, couvrent la gamme totale des qualités avec l’ondulé de nano cannelure au double lourd, le compact pour le calage et la PLV puis l’apport d’autres matériaux. Cela va de la simple boîte en micro-cannelure au container en double cannelure renforcée. Et ce, en grandes séries ou petites quantités, les machines étant adaptées aux demandes et aux styles d’impression (offset, sérigraphie, flexographie, numérique…). Bref, les outils sont là, demandant un investissement annuel tournant autour de 6% du CA. Car dans ce secteur d’activité à forte concurrence, l’évolution technique est permanente, il faut donc la suivre. C’est ainsi que récemment, l’entreprise, qui a la chance de pouvoir disposer de foncier puisqu’elle est adossée à des terres agricoles, s’est enrichie d’un nouvel entrepôt dédié à la PLV, un investissement d’1,5 M€ qui permettra de mettre de l’ordre dans les stocks et surtout d’offrir une surface de travail enfin significative via notamment des tables de coupe, mais aussi une volumineuse contre-colleuse automatique. Enfin, toujours au chapitre des investissements, l’impression numérique grand format pour petites séries est en projet (500 000 €) pour mi-2013.

Dans la nouvelle unité dédiée à la PLV, une nouvelle ère s’ouvre pour Mulliez-Richebé.

Dans la nouvelle unité dédiée à la PLV, une nouvelle ère s’ouvre pour Mulliez-Richebé.

Les produits classiques d’emballage représentent encore 70% du CA.

Les produits classiques d’emballage représentent encore 70% du CA.

Com-mu-ni-quer ! Il est pourtant un investissement que Bruno Mulliez n’a pas encore vraiment chiffré ni daté, c’est la communication. Et c’est assez urgent à l’écouter : “Notre situation est un peu paradoxale à un certain point de vue. Nous avons connu deux années terribles, 2008 et 2009. Nous allions bien, nos clients en revanche ont beaucoup souffert, notre CA a chuté jusqu’à 25%. Mais, fin 2009, la situation s’est rétablie et cela continue puisque notre CA de 7,4 M€ en 2011 progresse à nouveau, de 4% environ pour 2012. Cela dit, le marché souffre du manque de volumes et comme on a du mal à lire dans l’avenir, il nous faut prendre les devants dans un domaine ou un autre. L’offre ne baisse pas, la demande en revanche… Beaucoup de produits sont déjà préemballés. Et il y a une restructuration de la profession. Nous constatons que si Mulliez-Richebé est bien connue en région parisienne où sont présents les sièges des grandes enseignes nationales, il n’en est pas de même tout près de chez nous ! Dommage car nous travaillons à façon en collant aux besoins spécifiques, ponctuels parfois, du client. Nous allons donc monter en puissance à l’occasion de ce centenaire pour nous valoriser et faire connaître notre savoir-faire qui est d’ailleurs, de temps à autre, primé au titre de l’innovation. Nous avons certes une notoriété, mais la palette à proprement parler des possibilités techniques et des produits innovants que nous offrons est, le plus souvent, méconnue du tissu entrepreneurial régional. Communiquer là-dessus nous aidera à surmonter cet obstacle.”

Développement durable. Autre axe de travail, mais cette fois avec l’aide et à l’initiative de la fédération nationale qui indiquera les méthodes et le calendrier à suivre, l’introduction progressive du développement durable dans les process et la gestion de l’entreprise. “Il y a de quoi faire, reconnaît Bruno Mulliez, même si pour l’instant l’accent est mis sur d’autres priorités.” Néanmoins, le carton est déjà recyclé à 80% à partir de coupes d’éclaircies et des déchets de scierie, puis des balles provenant du centre de tri des déchets et de la collecte sélective. Dans le transport – poste important puisque c’est l’unique moyen de diffuser ses produits pour cette PME nichée dans une petite rue à sens unique de Chéreng –, beaucoup de choses sont possibles, favorables à l’import. “Mais dans l’immédiat, explique Bruno Mulliez, c’est à la réduction des poids que l’on travaille !
C’est ainsi que, tous ces éléments étant rassemblés, Bruno Mulliez s’attend à une année 2012 encore délicate mais à une reprise dès 2013 grâce à une dynamisation du commercial, ce qui rejoint d’une certaine façon la communication, et au positionnement plus systématiquement sur les gros appels d’offres, en particulier sur Paris.