Wasterial accélère son développement
Redonner une seconde vie aux coquilles de moules, à la cire de bougies ou aux pare-brises ….. Voilà un pari audacieux lancé en 2017 par l’entreprise nordiste Wasterial. Cinq après, elle confirme son intuition, en accélérant ses capacités de production.
La Grande Braderie de Lille en septembre, c’est pour Wasterial depuis 2018 le rendez-vous annuel du recyclage des 4 tonnes de coquilles de moules consommées par les bradeux. Dès le lendemain du rendez-vous de la chine, Wasterial entre en action. Les coquilles sont lavées, broyées en poudre puis associées à d’autres déchets de la métropole (calcaire et liants). Le matériau obtenu permet quelques mois après de fabriquer des manches de couteaux, du mobilier design ou du carrelage, vendus sous la marque EtNISI et présentés dans le show-room lillois (comptez 10kg de coquilles pour 1m2 de carrelage). Mais le reste de l’année, Wasterial travaille avec d’autres matériaux tout aussi atypiques.
De la moule à la pierre bleue
Une douzaine de matériaux usagés passent aujourd’hui par le processus de recyclage de Wasterial : coquilles de moules, Saint Jacques mais aussi d’huitres, cire de bougies d’églises, noir de fonderie, pierre bleue, briques, bouteilles de verres, marc de café, houblon, vitrage, pare-brise … Le procédé bien spécifique permet d’obtenir un matériau compact et homogène, appelé Wasterial (qui a donné le nom à l’entreprise), composé de 75 à 100% de déchets recyclés. Peu gourmand en énergie et n’utilisant pas d’eau, le processus est faiblement touché par la crise énergétique.
Tous les jours, ce sont deux tonnes de déchets qui sont transformés dans l’usine pilote de Tourcoing. Depuis sa création en 2017, l’entreprise emploie 15 salariés (certains provenant d’un parcours d’insertion chez Triselec). Le chiffre d’affaires (750 KE 2021) provient de la vente des produits de la marque EtNISI, mais surtout de la vente du Wasterial directement aux industriels et artistes, qui le transformeront. «Le concept Wasterial est de ne pas rendre obsolète une industrie locale qui fonctionne très bien mais plutôt de l’accompagner en lui apportant des matériaux plus durables.» explique Esperance Fenzy, ingénieur HEI, ancien cadre de Rabot Dutilleul et fondateur de Wasterial.
La pierre bleue et le noir de fonderie (issu des sables de fonderie) restent les matériaux les plus recyclés, du à l’importance des gisements régionaux. Mais l’activité ne se limite pas à l’activité industrielle de recyclage : «Nous accompagnons également les entreprises industrielles chez elles, pour les aider à mettre en place ce procédé de recyclage de leurs propres déchets, grâce à notre bureau d’études.» souligne le dirigeant de Wasterial mais aussi responsable de la R&D.
Le recyclage, nouvelle clé de la compétitivité
1,2 M€, voici la dernière levée de fonds qui permet à Wasterial de s’agrandir dans un nouvel atelier atteignant 1 400 m2 à Tourcoing. Des machines dernières générations sont en train d’être installées ; le parc devrait être au complet fin 2022. «On a pu acheter des machines qui permettent l’automatisation. L’objectif est de recycler 8 tonnes par jour, et de générer à terme un chiffre d’affaires de 1M€.» Par ailleurs, le fondateur espère devenir compétitif sur le marché du carrelage et notamment du grès cèram, étant donné le procédé frugal en énergie. L’entreprise va lancer également une gamme de vasques à poser. Une manière de montrer que le recyclage peut devenir un élément clé pour gagner en compétitivité, ce qui n’est pas neutre en cette période de crise énergétique.