Volkswagen entretient le flou, les salariés restent inquiets pour l'avenir

Les discussions qui ont démarré sur l'avenir du premier constructeur européen Volkswagen ont frustré les représentants des salariés, repartis mercredi sans annonce concrète de la direction qui dit...

Rassemblement à l'appel du syndicat IG Metall devant le centre de conférence où la direction de Volkswagen et les représentants des salariés négocient, à Hanovre, le 25 septembre 2024 © RONNY HARTMANN
Rassemblement à l'appel du syndicat IG Metall devant le centre de conférence où la direction de Volkswagen et les représentants des salariés négocient, à Hanovre, le 25 septembre 2024 © RONNY HARTMANN

Les discussions qui ont démarré sur l'avenir du premier constructeur européen Volkswagen ont frustré les représentants des salariés, repartis mercredi sans annonce concrète de la direction qui dit toujours viser d'importantes réductions de coûts.

Sifflets et fumigènes brandis par quelque 3.000 salariés en colère avaient accueilli les participants aux négociations à Hanovre, dans le nord de l'Allemagne.

"Nous en sommes toujours au stade où des fermetures de sites et des licenciements économiques sont envisagés", a regretté en fin de journée Daniela Cavallo à la tête de l'influent comité d'entreprise de Volkswagen, partie prenante des négociations.

"J'avais l'attente que, l'entreprise disant vouloir résoudre rapidement cette situation, elle nous dise concrètement à quoi elle pense", a-t-elle observé, déçue.

"Aucun concept pour l'avenir n'a été présenté", ce qui "augmentera certainement l'inquiétude et la colère parmi les employés", a déclaré à ses côtés Thorsten Gröger, négociateur pour IG Metall, le principal syndicat de l'industrie allemande.

"La concurrence internationale risque de nous dépasser", c'est pourquoi "des mesures sont nécessaires maintenant", a expliqué de son côté le chef du personnel de la marque VW, Arne Meiswinkel, qui dirige les négociations pour le groupe.

Les représentants des salariés ont exigé, pour poursuivre les négociations, des détails concrets sur le plan d'économie en préparation et la stratégie du groupe.

Le géant automobile a provoqué une onde de choc début septembre en annonçant son projet de fermer des usines en Allemagne et de procéder à de possibles licenciements, abrogeant dans la foulée l'accord sur la garantie de l'emploi en vigueur depuis trente ans pour les salariés allemands.

Les représentants des salariés, qui disposent d'un pouvoir de co-décision sur la stratégie de l'entreprise, se sont engagés à combattre ces plans.

Des grèves sont possibles chez les premier employeur industriel d'Allemagne après la période de dialogue social obligatoire, soit à partir de décembre.

Racines attaquées

"On ne résout pas (les problèmes, ndlr) en brandissant la menace de fermetures d'usines (...)", s'est indignée Mme Cavallo devant les manifestants. "Nous assistons aujourd'hui à une nouvelle attaque contre nos racines", a-t-elle dénoncé.

Les menaces sur les sites sont une "catastrophe" et une "rupture de confiance", explique Diana Hein, responsable syndicale à l'AFP. Cette ouvrière au pré-assemblage à l'usine de Wolfsburg (nord), le fief de Volkswagen, craint que des fermetures d'usines n'entrainent un "effet domino" dans toute l'Allemagne.

Le patron de Volkswagen, Oliver Blume, à la tête du groupe depuis 2023, martèle que les coûts de production en Allemagne sont trop élevés alors que les ventes patinent et que les fabricants chinois exercent une concurrence accrue sur le marché crucial des véhicules électriques.

Jan Sören-Lühr, 37 ans, ouvrier à Wolfsburg, blâme la direction du groupe, "dont le seul concept pour préparer l'avenir est de faire des économies". Volkswagen devrait se concentrer sur sa stratégie industrielle et accélérer le lancement de modèles électriques "abordables", selon lui.

Le groupe a bien promis un modèle électrique autour de 20.000 euros, pour relancer des ventes en chute libre, mais il ne sera pas commercialisé avant 2027.

Nerfs à vif

Les négociations se déroulent à Hanovre, capitale de la région de Basse-Saxe, où se situe le siège de Volkswagen. Dans les jardins de l'ancien château royal qui accueille les participants, les drapeaux rouges et les banderoles des syndicalistes ont offert un contraste frappant.

Le Land de Basse-Saxe, actionnaire de Volkswagen, a appelé le groupe a trouver un terrain d'entente pour sortir de cette crise.

"Dans des situations comparables, Volkswagen a toujours réussi, malgré toutes les difficultés, à prendre les décisions nécessaires par consensus entre la direction et les salariés", a observé Stephan Weil, ministre-président du Land, où l'automobile représente 4,5% des emplois.

Il a contesté le chiffre de 30.000 emplois menacés, récemment avancé par la presse allemande, qui a mis les nerfs des ouvriers "à rude épreuve" selon lui.

La crise que traverse Volkswagen est symptomatique des défis auxquels est confrontée l'industrie automobile à l'échelle mondiale. Elle est aussi une épreuve pour l'Allemagne, en pleine stagnation économique, où Volkswagen est un acteur majeur.

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