Violences sexuelles: des dizaines de manifestations contre "la culture du viol" à travers la France
Procès des viols de Mazan, révélations sur l'Abbé Pierre ou viol suivi d'un meurtre de Philippine: des dizaines de manifestations ont eu lieu samedi devant les palais de justice de France pour "dénoncer la culture...
Procès des viols de Mazan, révélations sur l'Abbé Pierre ou viol suivi d'un meurtre de Philippine: des dizaines de manifestations ont eu lieu samedi devant les palais de justice de France pour "dénoncer la culture du viol", à l'appel de plusieurs collectifs féministes.
L'un d'eux, "Osez le féminisme", demande une véritable "révolution institutionnelle", pour que "justice soit enfin rendue aux 94.000 victimes de viol et aux victimes d'agressions sexuelles chaque année en France".
A Lyon, plus de 300 personnes, parmi lesquelles plusieurs députés de gauche, se sont rassemblées devant le palais de justice, dont certaines habillées comme "Rosie la riveteuse", bleu de travail et foulard rouge à points blancs noué sur la tête, devenue un symbole de l’émancipation des femmes.
Dans l'assemblée, Marion, 36 ans, a elle-même été exposée à des violences. Et elle se félicite que le procès de Mazan contribue à "une vraie libération de la parole: c'est la première fois que certains thèmes horribles comme les violences sous médicaments sont exposés".
A Paris, c'est une centaine de personnes qui se sont réunies devant le tribunal judiciaire, avec des pancartes et des slogans appelant à ce "Que la honte change de camp" ou se demandant ce "Que fait la justice ?"
A Marseille, où une trentaine de personnes étaient rassemblées, plusieurs manifestantes tenaient une pancarte à l'effigie de Gisèle Pelicot, scandant "stop au non-lieu" et "condamnation pour les violeurs".
Selon une étude de l’Institut des politiques publiques publiée cette année, le taux de classements sans suite s’élevait à 94% en 2020 dans les affaires de viols. Un chiffre qui diffère très largement de celui pour 2022 du ministère de la Justice qui indique que cette année-là "68% de ces procédures transmises au parquet ont été jugées non poursuivables, après examen par un magistrat, sur des critères juridiques".
Ca pourrait être ma mère
Pour Valentine Caffè, 50 ans, l'affaire Gisèle Pelicot est "presque un cas d'école" qui pourrait "faire basculer le droit". Elle espère en tous cas que la France prenne exemple sur l'Espagne par exemple, dont la loi "Sólo sí es sí" (NDLR: "Seul +oui+ veut dire +oui+) fait que c'est à l'agresseur de prouver qu'il y a consentement.
"Quand j'ai expliqué ça à ma fille, qui a 12 ans, et à ses copines, elles n'y croyaient même pas", regrette cette manifestante, qui dit avoir eu "honte".
Quelques hommes étaient également présents, comme Laurent Tramoni, 54 ans, "venu en tant que parent d'une petite fille de 12 ans et de trois garçons": "Il faut à tout prix arriver à apprendre aux garçons à se modérer, à se contenir, à se confronter au refus, à la frustration", clame ce père de famille et professeur de mathématiques.
A Toulouse, les manifestants étaient une centaine en début d’après-midi devant une grande banderole "violeur hors CHU". La mobilisation haut-garonnaise avait en effet une connotation particulière, alors qu’un étudiant en médecine condamné à cinq ans de prison avec sursis pour agressions sexuelles doit faire sa rentrée à l’internat de médecine toulousain.
Blouse blanche sur le dos et pancarte "Aujourd’hui violeur, demain docteur" en mains, Ariane Roubi, représentante en Occitanie du syndicat d’internes ISNAR-IMG est venue réclamer "la fin de l’impunité" pour les agresseurs sexuels.
A Strasbourg, parmi les 200 manifestants, Ylio Bode, vendeur de 20 ans, a rappelé qu'il était "super important de se mobiliser." Gisèle Pelicot "ça pourrait être ma mère, ma soeur, ça pourrait être n'importe qui".
Pour Mariette, 23 ans, "la culture du viol est encore très présente, malgré les avancées du combat féministe. (...) Il faut qu'on arrête avec l'impunité des agresseurs et des violeurs".
En septembre, 10.000 personnes avaient défilé dans les rues en soutien à Gisèle Pelicot, qui a refusé le huis clos pour le procès de son mari qui la droguait pour la violer et la faire violer par des dizaines d'inconnus. 50 autres hommes de 36 à 74 ans sont jugés au côté de Dominique Pelicot, son désormais ex-mari.
"Je dédie (ce combat) à toutes les personnes, femmes et hommes, à travers le monde, qui sont victimes de violences sexuelles", avait-elle déclaré à la presse.
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