Formation
Villeneuve-Saint-Germain : l’École du cuir préserve et transmet les savoir-faire ancestraux
Près de Soissons, l’École du cuir a été fondée en 2017 par Diane Deblyck, à la tête des Ateliers français de la sellerie. Pour préserver et transmettre les savoir-faire ancestraux d'un métier rare et recherché, celui de sellier garnisseur, elle a créé cette école qui forme des professionnels directement employables à l'issue de leur formation. Leurs talents sont recherchés dans les domaines de l'habillage intérieur dans le nautisme, l'aéronautique, la sellerie automobile ou encore dans la maroquinerie.
Au bout de la zone industrielle de Villeneuve Saint-Germain se trouve une école qui forme ses élèves à un métier artisanal rare et précieux, celui de sellier garnisseur. L’École du cuir, seule école privée en France dans ce domaine de formation, a ouvert en 2017 sous l'impulsion de Diane Deblyck, professionnelle du secteur. « Nous avions du mal à trouver pour mon entreprise des gens correctement formés à la sellerie et au garnissage, on devait les reformer nous-mêmes, rappelle la dirigeante. Nous avons fini par nous décider à créer notre propre école, à imaginer une logique de méthodologie et un parcours de formation et à monter le dossier pour obtenir l'agrément. »
Les premiers élèves ont été recrutés par les Ateliers français de la sellerie mais Diane Deblyck savait pertinemment que d'autres entreprises en France avaient les mêmes besoins de recrutement. « Nous sommes sur un marché de niche avec des métiers méconnus mais très recherchés avec des champs d'application énormes, on en recherche dans la sellerie automobile mais aussi pour habiller les bateaux, les avions, dans le domaine des pièces de décoration et nos élèves ont des bases pour travailler dans la maroquinerie qui recrute beaucoup », précise Diane Deblyck.
Après sept mois de formation intensive et un mois passé en entreprise, les élèves n'ont donc pas de mal à trouver un emploi quand certains se lancent à leur propre compte. « Depuis deux ans, les élèves ont 100% de réussite au diplôme de sellier garnisseur et ils ont vraiment acquis tous les fondamentaux enseignés par des professionnels du métier, explique la fondatrice. Environ 25% d'entre eux montent leur entreprise et personne n'a de difficultés. Ils ont appris toutes les techniques pour être autonomes. »
Les élèves qui suivent la formation sont de tous profils et de tous âges. Certains sont des salariés en reconversion, d'autres sont des jeunes qui s'apprêtent à entrer dans la vie active. Tous ont en tout cas été sélectionnés. « Nous ne prenons que les gens qui sont réellement motivés parce que c'est un métier passionnant mais exigeant où il faut être pleinement engagé donc il faut avoir cela chevillé au corps, insiste Diane Deblyck. Nous faisons des réunions d'informations, nous faisons témoigner des apprenants, nous testons les candidats sur leur habileté, leur dextérité, leur capacité à se repérer dans l'espace. »
En sortie de formation, les élèves, à condition d'être mobile, pourront donc travailler chez des carrossiers, dans l'aéronautique, dans le nautisme ou à leur compte. Catherina Desvages, 52 ans, est venue de la Manche pour se former à l’École du cuir. « J'ai longtemps été taxi puis dernièrement je travaillais dans l'aérogommage c'est-à-dire le décapage à basse pression sur des voitures ou bateaux et on me demandait toujours si je ne connaissais pas un sellier, explique-t-elle. J'ai entendu parler de l'école lors d'un reportage télévisé et ça a été le déclic. La formation est intensive, il faut prendre beaucoup de notes mais on sent qu'on va en sortir avec des compétences ! »
Eliott, 19 ans, vient de la Marne pour étudier ici : « J'ai suivi un bac général mais je savais que j'étais bricoleur et que je voulais aller vers des métiers manuels, j'ai pensé à ébéniste et puis après recherche, je suis tombé sur le métier de sellier garnisseur, cela rejoint mon autre passion qui est l'automobile », précise-t-il.
« Il est bien élevé, poli, concentré, il n'aura pas de mal à trouver du travail mais voilà, comme il était bon élève, il a plutôt été orienté vers un bac général, relève Diane Deblyck. Le métier manuel n'est pourtant pas une voie de garage mais quelque chose de précieux, de rare et quelqu'un qui travaille bien dans son domaine va avoir un carnet de commandes bien rempli et la rémunération suivra. »
Une nouvelle école à Épagny en septembre 2024
À la rentrée de septembre 2024, l'École du cuir et les Ateliers français de la sellerie prendront place dans un nouveau lieu plus vaste et authentique à Épagny. Diane Deblyck et son fils Jules ont acquis un corps de ferme à côté de l'église du village qu'ils sont en train de restaurer. Le rez-de-chaussée accueillera l'entreprise et le 1er étage sera dédié à l'école avec un atelier de sellerie automobile et un atelier de couture textile.
« Nous voulions disposer de davantage de place mais aussi avoir un lieu authentique, avec de la pierre, du fer forgé, nous qui défendons des valeurs patrimoniales et d'authenticité, explique Diane Deblyck. Nous aimerions aussi développer l'offre de formation : la maroquinerie, la formation de cordonnier bottier, et plus tard des formations de sellerie harnacheur pour le monde équestre. »
Outre l'entreprise et l'école, le lieu sera aussi ouvert aux artisans d'art et au public afin de faire découvrir ces métiers. Des ateliers découvertes seront aussi proposés. « L'idée est d'avoir un site qui valorise les savoir-faire rares et permette de favoriser un tourisme artisanal au cœur de l'Aisne et des Hauts-de-France », ambitionne Diane Deblyck. Rendez-vous en septembre prochain.