Vers une entrée de l’Etat au capital de la Verrerie ?
Début mai, l'entreprise recevait un prêt de 31 millions d'euros à taux bas pour faire face à la baisse de ses ventes lors de l'épidémie. Un prêt salvateur, mais pas suffisant toutefois pour assurer la pérennité du site sur le long terme. Certains envisagent désormais une solution plus radicale.
L’idée vient de Fabien Roussel, député du Nord, et de Cathy Apourceau-Poly, sénatrice du Pas-de-Calais. Pour les élus, il faut que l’Etat entre au capital d’Arc International à hauteur de 250 millions d’euros. Le député du Nord explique : «Arc a besoin de cette somme sur plusieurs années pour renouveler son appareil productif. C’est une entreprise qui, dans sa nature même, nécessite de faire ce type d’investissement.» En effet, chaque four de la cristallerie doit être renouvelé tous les dix à quinze ans, chacun coûtant 7 à 10 millions d’euros. D’ici 2022, il y a au moins cinq fours à renouveler, selon l’élu. Il faut impérativement renouveler ces fours, sous peine de les voir partir à l’étranger… avec les emplois.
Éviter la délocalisation
Si le prêt à moins de 1% consenti par l’Etat a permis à l’entreprise de payer les salaires et ses fournisseurs, il s’agit d’une exception : si l’entreprise a réussi à redresser la barre ces dernières années, les taux auxquels elle emprunte restent très élevés, la faute à un endettement de 450 millions d’euros. «En 2019, ils ont payé 10 millions d’euros d’intérêts bancaires alors que, d’un autre côté, les banques empruntent à taux négatif», dénonce Fabien Roussel. C’est la raison pour laquelle les élus ont interpellé le Gouvernement. «Il faut trouver le moyen d’avoir une aide directe. Arc n’a besoin que d’un prêt à taux très bas ; il a aussi besoin d’une subvention, d’une dotation.»
Or, économiquement, plusieurs moyens sont possibles : le prêt – qui doit en temps normal suivre les taux du marché, 12% pour Arc international–, l’entrée au capital ou la subvention… «Je n’ai pas encore vu de subvention de ce montant. C’est pour cette raison que le meilleur moyen, c’est l’entrée au capital. Afin de donner de l’oxygène à l’entreprise, éviter les délocalisations, pour éventuellement intéresser un autre industriel par la suite.» Car, pondère l’élu, «l’Etat n’a pas vocation à être actionnaire d’une cristallerie. C’est pour les quatre à cinq ans qui viennent». L’enjeu : une production de 260 000 tonnes par an… et 4 600 emplois.
Les syndicats séduits, la direction renégocie un prêt
Si la direction de l’entreprise ne s’exprime pas à ce sujet, du moins pas pour l’instant, les syndicats semblent séduits par l’idée. «Ce serait une bonne chose, ça nous permettrait d’avoir de l’argent pour continuer la modernisation du site, maintenir l’emploi à Arc», affirme Didier Barras, délégué syndical FO. La situation est d’autant plus frustrante que l’entreprise avait bien démarré l’année 2020 : «Les chiffres du début d’année nous confortaient dans l’espoir de redresser la barre. On avait pris de l’avance sur le budget, mais on a été rattrapé par la Covid. Il y a eu une baisse des commandes début avril et un coup de frein dans le budget. Sans cet épisode, nous serions sur de bons rails.»