Vers un emploi associatif de qualité

Le Mouvement associatif picard a organisé fin septembre une journée de restitution de ses travaux autour de la question de la qualité des emplois dans le secteur associatif.

Carole Le Rendu-Lizée a attiré l’attention sur le surinvestissement et les risques psycho-sociaux chez les salariés.
Carole Le Rendu-Lizée a attiré l’attention sur le surinvestissement et les risques psycho-sociaux chez les salariés.
Carole Le Rendu-Lizée a attiré l’attention sur le surinvestissement et les risques psycho-sociaux chez les salariés.

Carole Le Rendu-Lizée a attiré l’attention sur le surinvestissement et les risques psycho-sociaux chez les salariés.

En mai 2014 avait lieu la première conférence régionale pour un emploi associatif de qualité. Ayant observé une dégradation des conditions de travail malgré de bons chiffres régionaux (4 000 structures représentant 10% de l’emploi régional et comptant seulement 7% d’emplois aidés), le Mouvement associatif picard, qui représente l’ensemble de la vie associative en région, a souhaité former des groupes de réflexion autour de cette question.

La Gestion RH

« Pourquoi s’intéresser à la question des ressources humaines dans le secteur associatif ? », a interrogé en introduction des débats Carole Le Rendu-Lizée, enseignante chercheuse spécialiste du management des Ressources humaines, première intervenante de la journée. « Parce que si une association rassemble des gens autour de valeurs et d’objectifs communs, elle est aussi un employeur avec des responsabilités. Occulter ce paramètre et ne pas se préoccuper du management peut avoir des conséquences désastreuses », poursuit l’enseignante chercheuse. Bien souvent tabou, le temps, l’argent, la performance et le pouvoir sont pourtant des sujets centraux pour l’équilibre d’une structure, d’où le besoin de mettre en place des outils permettant aux salariés comme aux employeurs d’adopter de bonnes pratiques. « Refuser les outils de gestions RH parce qu’ils représentent le fonctionnement d’entreprises “classiques” n’est pas la solution. Tout dépend de l’utilisation que l’on fait de ces outils. Les valeurs mises en avant par les associations ne se décrètent pas, elles doivent s’appliquer », souligne Carole Le Rendu-Lizée.

Accompagner salariés et employeurs

Autant de sujets de préoccupations qui ont guidé les quatre groupes de travail constitués de représentants associatifs, d’OPCA ou encore de financeurs publics. Le premier, consacré à la qualité de vie au travail a été mis en place en partenariat avec l’ARACT et l’UPJV. Une étudiante en ergonomie a d’ailleurs mené une étude pour essayer de déterminer des critères de qualité de vie au travail. « Notre objectif c’était d’avoir un outil pour objectiver nos constats et de suivre l’évolution de la qualité au travail », explique Claire Bizet, directrice adjointe du Mouvement associatif picard. Le groupe a aussi travaillé sur un guide méthodologique permettant d’accompagner les employeurs des petites et moyennes structures dans l’établissement du document unique sur les risques au travail. « Aujourd’hui nous cherchons à tester cet outil pour voir s’il est réellement bien adapté aux publics visés » précise Claire Bizet. Le deuxième axe de réflexion s’est concentré sur la fonction d’employeur avec la question sous-jacente de l’utilité de la création d’un emploi et l’intégration de celui-ci dans la structure. Le groupe s’est appuyé sur le Dispositif local d’accompagnement (DLA) pour proposer la mise en place d’intervention de professionnels à destination des associations pour les aider à se poser les bonnes questions avant d’effectuer un recrutement. « L’emploi n’est pas un but en soi pour une association il doit répondre à un besoin et entrer dans le projet de l’association pour ne pas engendrer de la souffrance au travail et pérenniser ce poste », note la directrice adjointe. Le troisième groupe, plus expérimental, portait sur les nouvelles formes d’emplois et la création possible de groupements d’employeurs permettant le recrutement d’un salarié à temps plein mais travaillant pour plusieurs associations. Enfin, la question de la formation des professionnels a été abordée.

« Nous pensons que la formation participe à la qualité de l’emploi, mais que beaucoup de structures pensent que c’est compliqué à mettre en place. Nous avons donc édité une plaquette pour déconstruire les idées reçues et apporter des informations très concrètes. La formation est un vecteur important de la professionnalisation des associations », conclut Claire Bizet.