Usinaxe : Le pari réussi de cinq entrepreneurs

Usinaxe : Le pari réussi de cinq entrepreneurs

 

C’est une aventure entrepreneuriale comme on en a rarement vu. Fabricant de mécanique de précision, Usinaxe (ex-AMS), en passe de disparaître, a finalement été sauvée par cinq entrepreneurs nordistes. Depuis la reprise, tous les signaux sont au vert…

 

Reprise en 2004 par Denis Deprat, AMS, fondée en 1957, est l’un des cinq plus gros fabricants de mécanique de précision de la région (pièces pour rayonnages industriels, pièces pour fixation de rails, etc.). Dès son arrivée à la tête de la société, Denis Deprat parvient à relancer la machine. Le chiffre d’affaires passe de 800 000 € à 1,8 M€ de 2004 à 2008 et l’effectif, de 12 à 30 personnes. Mais la crise de 2009 vient enrayer la machine, ce qui engendre le dépôt de bilan quelques années plus tard. “Il n’y avait plus 36 solutions. On se dit toujours que ça va redémarrer ; mais là, ça devenait trop compliqué.” Placée en redressement judiciaire, l’entreprise nordiste est obligée de licencier. Quant aux bénéfices, ils ne permettent pas de renflouer les dettes. “C’était soit la liquidation, soit l’offre de reprise“, explique Denis Deprat.

 

Solidarité entrepreneuriale exemplaire. Le naufrage d’AMS ne passe pas inaperçu dans le petit monde de la métallurgie. Cinq entrepreneurs nordistes décident de passer à l’action, à commencer par Roger Thiriet, dirigeant de la société lyssoise Bouquet Dorchies, spécialisée dans le déménagement industriel. “Nous connaissions la qualité de travail et la réactivité de Denis et son équipe. Sur notre territoire, le savoir-faire devait continuer à exister.
Sébastien Bremer, à la tête d’ERTP Hibon (fabricant de pompes) à Toufflers, Antoine Avez, patron de la société Avez (fabricant d’emballage métallique) à Wattrelos, Bernard Devin, gérant d’ Equinoxe (équipement inoxydable) à Willems, et Carlos Rodrigues, patron de Col de cygne (fabricant de conformateurs ) à Perenchies, se lancent alors dans l’aventure. Leur point commun ? Tous (ou presque) ont été lauréats de Réseau Entreprendre Nord. “Nous sommes tous impliqués dans le secteur et animés par l’entrepreneuriat. Il était inconcevable de voir couler AMS. Il fallait donc agir pour sauver l’entreprise et ses emplois“, indique Sébastien Bremer. La “bande des cinq” puise dans ses réserves pour constituer le capital de la nouvelle société – ils détiennent chacun entre 15 et 20%. Après plusieurs mois de négociations marqués notamment par de nombreuses désillusions, ils obtiennent le feu vert de la justice et officialisent la reprise le 23 juillet 2015. AMS devient Usinaxe.

 

Une reprise idéale. Les nouveaux actionnaires mettent alors à disposition leurs compétences (techniques, logistiques et autres), ainsi que leurs réseaux au profit de la nouvelle société. “Nous avons tous un intérêt à faire avancer Usinaxe” résume Sébastien Bremer. Le résultat s’avère plus que positif : un regain de 30% d’activité, un chiffre d’affaires de 600 000 € (en cinq mois à peine) et des clients qui reviennent au compte-gouttes. “Quarante clients sont aujourd’hui enregistrés (équipementiers automobiles et ferroviaires principalement), mais d’autres nous sollicitent aussi pour des pièces unitaires, se réjouit Denis Deprat, le directeur d’Usinaxe. Nous répondons à toutes les demandes techniques, nous sommes à la fois médecins urgentistes et médecins généralistes.” Avec la volonté commune de pérenniser l’entreprise et viser de nouveaux marchés (agroalimentaire, emballage, biens d’équipement…), l’équipe d’Usinaxe compte aussi sur les deux jeunes fils Deprat. À 25 ans, Louis et Gauthier, actuellement chargés de la production, sont bien partis pour reprendre l’entreprise d’ici quelques années. “Ils ont de la chance d’être entourés par des actionnaires qualifiés et bienveillants, il faut qu’ils en profitent et qu’il acquièrent encore de l’expérience“, indique le père. L’entreprise peut désormais entrevoir l’avenir plus sereinement…

 D.R.

 Denis Deprat et ses deux fils (à gauche de la photo) entourés par les cinq entrepreneurs.