Environnement

UniLasalle Beauvais : une avancée pour l'agroécologie

Le phosphore est indispensable aux végétaux et c’est un des principaux facteurs limitants dans les sols de la planète. Nicolas Honvault, ingénieur de l’école UniLaSalle à Beauvais, a étudié comment les cultures intermédiaires pouvaient jouer un rôle dans la fertilisation phosphatée.

Nicolas Honvault a étudié les mécanismes d’utilisation du phosphore chez plusieurs végétaux utilisés comme culture intermédiaire en agriculture.© UniLaSalle
Nicolas Honvault a étudié les mécanismes d’utilisation du phosphore chez plusieurs végétaux utilisés comme culture intermédiaire en agriculture.© UniLaSalle

Nicolas Honvault est un jeune docteur, diplômé d’UniLaSalle à Beauvais, école d’ingénieurs dans les sciences de la Terre, du vivant et de l'environnement. Son travail sur les liens entre cultures intermédiaires et disponibilité en phosphore, a donné lieu, récemment, à une publication, rédigée par lui-même, dans la prestigieuse revue scientifique Plant and Soil. Une avancée pour l’agroécologie au cœur des préoccupations sociétales.

Pénurie, enjeux environnementaux et géopolitiques

Le phosphore est indispensable pour la plante. « Il y a un véritable challenge autour de cet élément présent dans le sol, mais peu disponible pour les cultures, résume Nicolas Honvault. Un apport excessif au champ entraîne des phénomènes d’eutrophisation dans les cours d’eau. Par ailleurs, les ressources ne sont pas renouvelables. » Or l’exploitation minière des roches de phosphates se situe principalement au Maroc, en Chine, en Algérie et en Syrie. Aux enjeux environnementaux et aux craintes d’une pénurie mondiale à plus ou moins long terme, s’ajoutent donc des considérations géopolitiques.

Rien d’étonnant, en conséquence, que « ce sujet gagne en popularité dans le domaine de la recherche », souligne Nicolas Honvault. Son travail, mené avec le groupe coopératif Vivescia, s’est déroulé dans l’unité de recherche Aghyle à l’institut UniLaSalle. Les cultures intermédiaires s’intercalent entre deux cultures principales, leur utilisation a de multiples fonctions. Elles forment un couvert protégeant le sol, améliorent sa structure et piègent le nitrate ainsi que d'autres éléments. « Elles n’ont pas vocation à être récoltées et l’agriculteur est donc moins limité dans le choix des espèces et des variétés », complète Nicolas Honvault. J’ai étudié comment ces cultures utilisaient le phosphore, en quelle quantité elles le faisaient et en quelle mesure elles le rendaient disponible ensuite ». L’objectif est d’utiliser ces informations pour optimiser la fertilisation azotée.

Féveroles, lentilles, trèfles…

Féveroles, lentilles, trèfles… plusieurs espèces de légumineuses, de céréales et de brassicacées ont été étudiées sur des sols limoneux et crayeux de Champagne. Pour approfondir certaines données, le jeune homme a collaboré avec des laboratoires en Australie et en Suisse. « Comme souvent, en agriculture, on constate que les résultats dépendent fortement du contexte », précise Nicolas Honvault. S’il ne ressort aucune solution-type applicable d’une façon générale, les modélisations ouvrent la voie à des études régionales.

Une application concrète à ce travail est en cours d’élaboration pour les adhérents de Vivescia. Ils devraient bénéficier, à l’avenir, d’un outil d’aide pour choisir les cultures intermédiaires les plus adaptées à leur système. Avec une réduction de la fertilisation azotée, et donc des retombées économiques et environnementales à la clé.

Des ressources difficilement évaluables

L’évaluation des ressources minières disponible sur la planète est complexe. Ainsi, les chercheurs évaluent une pénurie à une échéance allant de 100 ans à plusieurs siècles. Aujourd’hui, de nombreuses pistes sont étudiées : recyclage de l’urine humaine, utilisation de micro-organismes…