Une reprise qui démarre par un lourd “nettoyage de Printemps”…

Un an après le rachat de Quinet et Wauquiez Agencements, Bruno Mériaux et Guy-Pascal Duprez achèvent à peine la réorganisation générale de l’usine de tôlerie fine, cintrage et peinture proche de Valenciennes. A la complexité de la reprise succède maintenant la mise en oeuvre d’une vraie stratégie industrielle avec ouverture sur le marché belge.

La soudure manuelle, un métier toujours pratiqué.
La soudure manuelle, un métier toujours pratiqué.
Bruno Mériaux (à gauche) et Guy-Pascal Duprez ont informatisé la plupart des machines de l’atelier principal.

Bruno Mériaux (à gauche) et Guy-Pascal Duprez ont informatisé la plupart des machines de l’atelier principal.

Quels sont votre formation et votre parcours professionnel avant cette reprise?
Nous sommes tous deux issus du monde de la fabrication mécanique, Guy-Pascal Duprez, ex-directeur technique d’une société de traitement de surfaces, et moi, Bruno Mériaux, cadre commercial et créateur d’entreprises et de micro-entreprises chez Bombardier, nous étions dans les études techniques d’ensembles mécaniques. Position qui nous a permis d’appréhender l’univers du salarié mais aussi celui du cadre dirigeant. Au fil des ans, alors que nous nous côtoyons très régulièrement puisque nous sommes amis de longue date, nous avons commencé à échanger sur nos carrières respectives et constaté que, l’âge mûr étant là, il était peut-être temps de songer à une création d’activité ou une reprise d’entreprise, en apportant au pot commun nos compétences dans les métiers qui sont les nôtres. En 2010, nous avons donc progressivement quitté nos employeurs pour monter notre dossier de reprise, ce qui n’a pas été très facile à mener de front.

Quel a été le facteur déclenchant votre volonté de reprendre une entreprise?
Il y en a eu plusieurs. Guy- Pascal connaissait bien le directeur du site de Quinet- Wauqiez qui ne cessait de dire du bien de cette usine imposante, 20 000 m2 dont 5 000 utiles sur la ZA de Marly. Le directeur venait de décéder brutalement et se posait la question de la transmission que voulait mener sa veuve. Cette opportunité s’est offerte à nous au moment où nous avions décidé clairement de monter un projet. Il fallait donc la saisir ou se tourner vers autre chose. Très vite nous sommes entrés en contact avec les deux associés de Quinet qui étaient allés tirer de sa retraite M. Quinet qui a accepté d’assurer l’intérim de la direction et a créé un holding. Donc Quinet-Wauquiez, on connaissait déjà, enfin, on croyait connaître… Et puis créer une société ne nous enthousiasmait pas trop. En 2008, Bruno avait un projet sur la ZA de Sarset- Rosières qui avait échoué, un autre industriel emportant le marché, donc la reprise nous séduisait beaucoup plus Bruno Mériaux (à gauche) et Guy-Pascal Duprez ont informatisé la plupart des machines de l’atelier principal. et l’offre de rachat de Quinet s’est tout de suite matérialisée, il fallait réagir vite. De plus, nous voulions rester dans nos métiers de la mécanique et des études techniques proches du ferroviaire et là, on était en plein dans ce marché que nous connaissions déjà, de nombreux clients à nous étaient en plus prêts à nous suivre. Tout cela nous a décidés pour cette reprise qui pouvait se faire vite alors qu’une création est beaucoup plus longue.

Quelles actions avez-vous menées dans vos carrières vous faisant penser que vous étiez capable de reprendre une entreprise?
Précisément, le fait que nous connaissions depuis de longues années notre marché via les activités de Bombardier par exemple, mais d’autres acteurs du ferroviaire aussi, que nos clients étaient d’accord pour se fournir chez nous, ce qui allait contribuer à développer la diversification de notre production, et que nous étions à la fois salariés et cadres expérimentés, donc nous présentions des garanties de compétence et de détermination claires, et sans doute étions-nous plus confiants en nous-mêmes, du fait que nous formions un tandem basé sur une communauté de compétences et une complémentarité des métiers avec d’un côté un technicien et de l’autre un commercial, et que nous nous connaissions bien depuis des années. Nous avons d’ailleurs pu constater ensuite, lors de la présentation de notre business plan et les premiers contacts avec notre personnel, que notre calcul était juste.

Combien de temps s’est passé entre l’idée d’une reprise et la clôture du dossier?

A l’atelier de peinture, ici sur une coque pour Bombardier.

A l’atelier de peinture, ici sur une coque pour Bombardier.

Un an environ. On a fait une proposition en juillet de la même année, la signature du protocole d’accord date du 22 décembre 2010, elle a pris effet au 1er janvier 2011 par la création d’un holding sous forme de SAS. Mais on était déjà sur le dossier avant tout cela, on réfléchissait, ensuite ça a pas mal traîné en fait sur le prix de la reprise. En octobre 2010, les discussions ont commencé à avancer concrètement. Quand on a signé, on était déjà opérationnels dans l’entreprise, mais les actionnaires vendeurs aussi, période un peu délicate à traverser…

Quels ont été vos partenaires durant cette reprise?
Le Crédit Coopératif Europe département Entreprises à Lille, un cabinet d’avocats spécialisés et le cabinet Grosso à Lille. Ils ont tous cru à notre projet et nous ont guidés, nous conseillant, à chaque étape de la construction du projet, la prudence.

Sur quels critères avez-vous estimé la valorisation de l’entreprise?
Sur le fait qu’elle perdait de l’argent depuis 2 ans, son CA était passé de 3 M€ en 2008 à 2M en 2010 et la tendance était à la baisse constante, et que nous apportions, via nos clients qui nous suivaient, un potentiel de 900 000€ en plus de nos fonds propres qui avoisinaient le tiers de l’investissement financier total. Cette phase d’évaluation de la valorisation a été constamment ralentie par le fait qu’on ne nous présentait pas de bilans ou des bilans imparfaits qui nécessitaient des ajustements quasi permanents. Mais la valorisation de Quinet débordait du simple cadre financier dans notre esprit. Il y avait un stress général dans l’entreprise à gérer, lié au décès brutal du directeur et aux incertitudes de la transmission, il y avait aussi la conjoncture pas folichonne et la crise. Cela a tout compliqué d’autant que les avocats et les experts-comptables avaient, de chaque côté, du nôtre et de celui du vendeur, des opinions contradictoires et variables sur le prix de vente.

La soudure manuelle, un métier toujours pratiqué.

La soudure manuelle, un métier toujours pratiqué.

Y a-t-il eu des bons et des mauvais moments pendant cette reprise?
Le bon moment, la signature définitive. Le mauvais, la période de cohabitation de plusieurs mois avec les cédants.

Quels ont été les facteurs prépondérants dans le choix de Quinet?
Au départ, les échos positifs qu’on nous en donnait. Après on s’est aperçu que bien des choses n’allaient pas. Mais l’entreprise était saine d’abord avec un personnel stable et motivé. Il avait grimpé jusqu’à 50 salariés, depuis il se stabilise à 30, il y avait là beaucoup de compétence professionnelle et d’envie de progresser, le principe d’un tandem de dirigeants plaisait et on a communiqué dès que ça été signé. Côté marché, la solide notoriété de la société s’étendait du grand nord de Paris à la frontière et s’appuyait surtout sur le ferroviaire et ses grands acteurs, avec un peu de diversification. A son poste, chacun faisait bien son travail mais il manquait à la tête stratégie et cohérence. Donc les paramètres étaient bons, l’endettement était certes réel mais avec les perspectives de développement que nous avons très vite entrevues puis mises en route, on pouvait le résorber dans le temps. Notre analyse de la situation a prévalu puisque nous avons victorieusement franchi l’étape de la présentation du business plan – que nous étions les seuls à avoir écrits ainsi qu’une lettre d’intention – contre 9 autres prétendants. Nous l’avons emporté aussi parce que nous assurions notre volonté de pérenniser l’entreprise et de travailler ici à Marly. Le vendeur ne voulait pas d’un grand repreneur qui délocalise ou saucissonne l’activité, faisant perdre l’identité à l’entreprise.

Au final, comment avez-vous trouvé l’entreprise reprise, avez-vous été surpris par certains points et quel est le nouveau projet de Quinet- Wauquiez?
On a d’abord procédé à un constat général. Il fallait pratiquement tout réorganiser. Une fois le personnel rassuré sur la continuité de l’activité sans aucun licenciement, au contraire on a embauché 5 salariés, on a discuté avec chacun patiemment, puis présenté notre projet intitulé “Cap 2013” lors d’un petit déjeuner collectif. L’objectif, on l’a décrit en expliquant qu’on reprenait la société à niveau zéro, et qu’on allait progressivement, en contrôlant le développement passer à des niveaux 1 puis 2 puis 3. L’autre objectif est de revenir à 3 M€ en 2012, c’est d’ailleurs bien parti puisque cette année a vu une progression de l’activité trop rapide, il va falloir ralentir pour contrôler et diversifier. Ce premier exercice a consisté à nous expliquer sur nos intentions et réorganiser la structure de la société. Ensuite nous passerons aux différentes phases du projet. Il répond à 3 objectifs : 1) trouver de nouveaux marchés, 2) avoir une vision globale de l’entreprise en la comprenant et la réorganisant et 3) globaliser l’offre Client. C’est-à-dire que l’ancienne équipe ne diversifiait pas assez. Nous avons donc racheté les 2 petites entreprises de Wauquiez Agencement qui fabriquent de l’ameublement pour grandes surfaces. Puis élargi grâce à nos clients d’avant la reprise, le marché à la Wallonnie. Dès janvier cela s’est mis en route. Pour la réorganisation, on s’est aperçu que chacun travaillait dans son coin mais que les choses n’étaient pas globalement pensées et donc encore moins expliquées aux acteurs de terrain. Absence de stratégie, de commercial digne de ce nom, de stratégie Qualité, de communication moderne, l’activité de l’entreprise était faite des brusques phases d’accélération dues à des actions individuelles, suivies de phases de net ralentissement. Nous avons immédiatement créé un vrai site Internet via une modernisation de l’informatique qui a donc profité à tous, fait créer un nouveau logo au look très industriel, dorénavant l’entreprise s’appelle Quinet et rien d’autre. Enfin, on a mis en place la globalisation, c’està- dire proposer au client des ensembles complets conçus ici par le bureau d’études (BE) qui a été replacé au centre de l’activité. Cela comprend la fabrication après étude par le BE, le montage et l’assemblage, la logistique, et des valeurs ajoutées importantes comme la peinture, nouvelle activité, par exemple pour les coques de Bombardier, le tout en flux tendu. Le client a donc affaire à un unique prestataire sans éparpiller sa demande entre plusieurs acteurs industriels. De quoi sera fait 2012 chez Quinet? 2011 a été l’année la plus rapide de notre vie, 2012 va donc être centrée sur l’humain en priorité et des objectifs industriels. Il nous faut asseoir ♦ Vous souhaitez optimiser votre visibilité et valoriser l’image de votre entreprise ? ♦ Nous vous proposons des solutions adaptées afin de toucher votre clientèle cible là où elle se trouve. ♦ La garantie d’être vu par la plus grande audience de cadres, dirigeants d’entreprises et décideurs économiques de la région Nord Pas de Calais ! Contactez notre chargée de publicité Aurore BURNEL • 06 22 60 75 80 • aurore.burnel@gazettenpdc.fr nos capacités de productions, on est trop en dents de scie en ce moment, et viser des buts très concrets et immédiats: veiller à une stratégie Qualité par le contrôle Qualité systématique en premier lieu, assurer une traçabilité pensée en pure logistique, par la généralisation des codes barres et revoir nos clients pour renouer le dialogue. La Qualité est inscrite dans un triptyque contenu dans notre business plan, les deux autres points sont les délais de livraison et le prix cohérent. Un plan sur 3 ans est donc en place, il va déborder sur 2014, mais dès 2012, on va vérifier la fiabilité de ce qu’on a fait en 2011. Le marché de la tôlerie ne cesse de progresser en technicité et en applications, nous avons d’ailleurs dans nos ateliers un panel complet des outils les plus modernes avec le laser et l’informatique omniprésente. Et nous pensons avoir rassuré notre marché par une reprise en mains cohérente. Auriez-vous 3 conseils à donner à un candidat-repreneur? D’abord lors de la reprise, bien s’entourer de compétences, puis vérifier tout ce qu’on entend sur l’entreprise et le marché et enfin bien élaborer et rédiger son business plan, y consacrer du temps, c’est un document capital pour la suite des événements.