Une première dans un secteur moins urbain

Cette expérimentation, soutenue par le milieu patronal, vise à aider 24 personnes de l’arrondissement en difficultés professionnelles à concrétiser leurs projets de création d’entreprise.

KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERA
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Le 11 juin à Maubeuge, dans les locaux du pôle universitaire, s’est déroulée la présentation du dispositif «Y croire», en cours dans la Sambre-Avesnois. La paternité de ce fonds de dotation revient notamment à Pierre Gattaz, ancien président du MEDEF (voir encadré).

L’objectif est simple : aider des personnes repérées par Pôle emploi, le Département (qui gère le RSA) et la structure d’insertion locale «Réussir en Sambre-Avesnois» à concrétiser une idée de création, d’activité ou d’entreprise. La formation vise à faire d’elles des porteurs de projet capables d’intégrer les structures classiques telles que la BGE, A petits pas (projets en milieu rural), Sambre-Avesnois initiative (prêt personnel et accompagnement), etc.

Une promotion de 24

Cette promotion de 24 femmes et hommes, âgés de 18 à 52 ans, était une première en milieu mi-urbain, mi-rural. «Expérimentation», «programme pilote», «prototype» : ces mots ont été utilisés. Le programme «Y croire» a démarré fin 2018 et a concerné en tout environ 200 personnes, proposées et inscrites, qui ont été ensuite soumises à une sélection dite «en entonnoir». Ce programme collectif se divise en trois étapes et seules les personnes retenues, après une soutenance intervenue les 6 et 7 juin, le feront entièrement. Il peut encore durer de six semaines à six mois. Le 11 juin, les sélectionnés ont reçu un «certificat de déploiement d’activités nouvelles», reconnaissant une liste de compétences démontrées.

Pédagogie “soft skills”

La soirée, à laquelle participaient familles, partenaires institutionnels ou associatifs, était articulée autour de vidéos de témoignages de formateurs (plusieurs sociétés interviennent) et de stagiaires, avec rires et pleurs, dévoilant ainsi des techniques auxquelles ont été soumis les candidats. On parle de pédagogie “soft skills”, portant sur les compétences douces et non techniques : savoir prendre la parole en public, savoir communiquer… Il s’agit d’abord de «lever les freins et les peurs», de «faire sortir les émotions» et les «grains de folie»… De rendre les stagiaires plus autonomes, plus entreprenants, plus confiants en eux-mêmes. Dans le monde du management, on parle de «compétences comportementales». Les séquences faisaient penser à l’apprentissage de comédiens amateurs, à des thérapies de groupe, à des stages de coaching ou de remotivation.

Croire en soi et en son projet

A tour de rôle, et avant de recevoir leur certificat des mains de Pierre Gattaz, les sélectionnés ont très rapidement présenté leurs projets respectifs, divers et très personnels : hébergement touristique, agence de communication en accessoires de mode, jeu grandeur nature de combats, conseil en prévention, lieu de vie pour personnes souffrant de fibromyalgie, salle de jeux et de café sans alcool près d’un lycée, fabrications à partir de bois de palettes, prestations soins et bien-être, naturopathie, plateforme vidéo, magasin spécialisé dans l’univers des mangas, relooking de meubles et d’objets, cuisine… Pierre Gattaz a souhaité qu’«Y croire» insuffle un esprit de «battant», voire de «combattant». Il a raconté que Walt Disney n’avait atteint les voies du succès que l’on sait qu’à la septième tentative…

Explications

Un fonds de dotation est un organisme de mécénat destiné à réaliser une œuvre ou une mission d’intérêt général, ou à aider un autre organisme à but non lucratif à la mener. Celui de Pierre Gattaz a été déclaré en juin 2018. L’ancien président du Medef a expliqué que ce qui se passait en Sambre-Avesnois était la suite d’une expérience menée dans des quartiers difficiles de grandes villes. Le secteur a été choisi après des rencontres avec Xavier Bertrand, président de la Région, Frédéric Motte, président régional du MEDEF. Le taux de chômage à 14,6% n’est pas étranger au choix, comme l’a confirmé le sous-préfet, Alexander Grimaud. Les entreprises ont été invitées à contribuer au financement. Pierre Gattaz a rappelé que le dispositif RSE (responsabilité sociétale et environnementale) permet d’obtenir des avantages fiscaux qui doivent les motiver en ce sens. Concernant les «recalés» du programme, ceux qui ne figurent pas dans la promo, il assure qu’ils ont commencé à gagner en «employabilité».

La remise d’un certificat a ponctué la sélection des 24 personnes. Pour elles et leurs projets, l’initiation à la création d’entreprise se poursuit. Ici, Gladys, la cadette de la «promo».

Les deux animatrices du dispositif «Y croire» : Marie Barrot (au micro) et Rachel Gany.