Une légère hausse en 2014, mais une dynamique persistante

Après un recul en 2013 (-2%), la création d’entreprise s’est légèrement redressée dans la région en 2014 (+1,1%). Que sera 2015 ? Les chiffres du premier semestre (-4%) ne portent guère à l’optimisme, sauf à ce que le salon Créer, par exemple, n’inverse la tendance. Reste une tendance très positive pour la région sur le long terme.

Le Salon Créer participe à la dynamique régionale.
Le Salon Créer participe à la dynamique régionale.
Le Salon Créer participe à la dynamique régionale.

Le Salon Créer participe à la dynamique régionale.

Laurent Degroote, président de la commission entreprendre de la CCI de région Nord de France, avait raison, en septembre 2014 dans le volet d’Horizon Eco Nord – Pas-de-Calais consacré à la création d’entreprise, de noter que “la tendance à la baisse (-2% constatés en 2013) ne doit cependant pas nous décourager”. Les données recensées pour 2014 font en effet état d’une augmentation de la création d’entreprise de +1,1% à 23 824 créations.

“Les créations en 2014 ressortent en petite progression par rapport à 2013, explique Sylvie Duchassaing, directrice régionale des études à la CCI de région. Elles s’inscrivent dans la tendance observée dans le Nord-Pas-de-Calais ces dernières années, qui s’est installée autour des 24 000 créations, après un pic observé en 2010 (26 500) suite à l’introduction du régime de l’autoentrepreneur.” D’après le bilan des créations en 2014 publié par la CCI de région à l’occasion du salon Créer, les créations sous le régime de l’auto-entrepreneur reculent de nouveau en 2014, mais à un rythme moindre qu’en 2013 (-2,1% au lieu de -14,5%), à 11 881 créations, à l’inverse de la France où elles ont progressé de 3,5%.

Hors auto-entrepreneurs, la progression dans la région a été de 4,4% à 11 943 créations contre +1,5% en France. Ces écarts s’expliquent mal d’une année sur l’autre, mais, à long terme, l’évolution des autoentrepreneurs présente un écart faible avec un niveau de recul pour le Nord-Pas de-Calais de -12,4% et pour la France de -11,1% sur la période 2009, année de leur création, et 2014. Ce repli des auto-entrepreneurs, qui semble avoir atteint un régime de croisière, peut s’expliquer sans doute par le moindre attrait de ce régime aujourd’hui. “Au global, indique Sylvie Duchassaing, sur la période 2009-2014, la création d’entreprise reste très dynamique dans la région. Autre point positif, cette croissance est tirée vers le haut aujourd’hui plus par la création de sociétés classiques que par le régime des auto-entrepreneurs.”

Par secteur d’activité. En rythme de progression, les deux locomotives sont les secteurs du transport logistique – +29,7% à 432 créations – et des hôtels-restaurants – +11,5% à 1 424 créations –, alors que reculent l’industrie (-3,3%, 914 créations), le commerce de détail (-1,6%, 5 009 créations) et les services aux entreprises (-1%, 7 296 créations).

Par zone d’emploi. Les zones les plus performantes sont Saint-Omer (10% à 554 créations) et Maubeuge (+9% à 1 132 créations), devant Valenciennes et Flandre-Lys (+6%), et les moins performantes Cambrai et Arras (-6%).

En taux de création. C’est à-dire le nombre de créations rapporté au nombre d’entreprises existantes l’année précédente (en 2013).

Constat est fait que si la moyenne régionale est à 14,5, les secteurs par grand territoire présentent une faible hétérogénéité, le plus grand écart étant relevé sur le territoire Grand- Lille (14,8) où Flandre-Lys pointe à 12,2, alors que Lille est à 15,2, Douai 15,1 et Roubaix-Tourcoing à 14,9. Le territoire de l’Artois affiche 15,2, Grand- Hainaut 14,7. Le taux, plus faible, de la Côte d’Opale (12,7) peut s’expliquer par certaines spécificité : un tissu composé plutôt de grosses industries comme à Dunkerque (12,4) ou au contraire très résidentiel comme Berck-Montreuil (11,6).

En densité entrepreneuriale. C’est-à-dire en nombre de créations rapporté à 10 000 habitants. Le taux régional s’affiche à 58,6 contre 73,6 en France. Il y a un fort clivage entre le territoire Grand-Lille à 70,8 et les autres territoires (51 pour Grand-Hainaut, 50,6 pour l’Artois, 47,7 pour la Côte d’Opale). Et plus encore entre les zones d’emploi avec Lille et Roubaix-Tourcoing qui performent et “font exploser les compteurs” à respectivement 82 et 74,9. Par contre, au dernier rang, le secteur de Dunkerque affiche un taux de densité entrepreneuriale de 40,2, le plus bas de la région, qui peut s’expliquer par la présence d’importantes structures sur ce territoire.

Développer la région dans son entièreté. Au final, force est de constater que “la dynamique de création est plus forte dans la métropole lilloise que dans les autres zones de la région, du fait notamment de la présence de tous les ‘Eura’ (Eurasanté, EuraTechnologies…) et autres clusters qui favorisent l’agglomération d’ent reprises d’un même secteur. Mais aussi d’une sphère résidentielle et donc d’une demande plus importante, et de l’effet attractif, côté sphère productive, pour les services aux entreprises, des entreprises déjà implantées.” Ceci dit, les autres zones ont leur place. “On peut toujours craindre que la Métropole capte tout, mais si dans certains secteurs, notamment le tertiaire à forte valeur ajoutée, les entreprises ont besoin de se regrouper pour avancer ensemble en recherche et innovation, ce n’est pas forcément le cas dans d’autres secteurs où le s entreprises vont être plus à la recherche de foncier disponible à tarif attractif et d’accessibilité routière, ferroviaire ou fluviale, explique Sylvie Duch assaing. Avec l’exemple de Nord France invest qui travaille à l’implantation d’entreprises sur tous les territoires de la région, en partenariat avec les acteurs locaux, on voit bien que c’est une chance d’avoir une région bien maillée en voies de transport et située au coeur de l’Europe du nordouest.”

La nouvelle grande région à la troisième place

Au 1er janvier 2016, la nouvelle grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie sera une réalité. La CCI de région la positionne en 2014 au troisième rang des grandes régions en taux de création, à 14,4, devancée seulement par l’Ile-de-France (16,8) et Languedoc- Roussillon–Midi-Pyrénées (14,6). “Picardie et Nord-Pas-de-Calais affichent la même problématique en matière de création en raison d’un passé industriel avec des grandes entreprises et une moindre culture entrepreneuriale, souligne Sylvie Duchassaing. Les taux de créations sont dynamiques grâce aux efforts faits par les acteurs du développement économique depuis plus de dix ans, ce qui tire vers le haut la densité entrepreneuriale, mais celle-ci reste faible (la nouvelle grande région s’affiche en dernière place des 14 grandes régions). Cette faiblesse de la densité entrepreneuriale n’est pas spécifique au Nord-Pas-de-Calais et à la Picardie et s’observe plus globalement dans le quart nord-ouest et l’est de la France alors que le littoral méditerranéen et le Sud-Ouest profitent de leur attractivité résidentielle pour générer beaucoup de créations en hôtellerie-restauration et en services aux particuliers.” Sur les autres indicateurs, évolution auto-entrepreneurs et hors auto-entrepreneurs, par statut, la CCI de région note que “globalement on est dans les mêmes ordres de grandeur”, même s’il apparaît que sur la période 2009-2014, les créations ont moins souffert en Nord-Pas-de-Calais (-0,9%) qu’en Picardie (-5,8%), du fait d’une crise “plus violente en Picardie, qui, entrée en crise économique avec un tissu économique relativement plus industriel, a subi plus de dégâts que le Nord-Pas-de-Calais, plus tertiaire, notamment grâce à la métropole lilloise”.

Je crée en Nord-Pas-de-Calais : “Il faut persévérer”

Comme directeur délégué au programme Je crée en Nord-Pas-de-Calais au sein de Nord France innovation développement (NFID), Franck Seels est aux premières loges pour, avec son équipe, développer la prise d’initiatives, l’entrepreneuriat, la création et la reprise d’entreprises dans la région. S’il fait le constat que la création d’entreprise a baissé au premier semestre 2015 de 4% sur la même période de 2014 à 11 689 créations, -7% en France métropolitaine hors Ile-de-France, il relativise de suite : “Depuis l’arrivée du régime de l’auto-entrepreneur, on a quasiment doublé le nombre de créations. Cela a été une véritable révolution…” Autre élément qui le réjouit, la pérennité des entreprises créées dans la région : sept sur dix toujours en activité à trois ans d’après une étude de l’INSEE sur la cohorte 1er semestre 2010-1er semestre 2013 hors auto-entrepreneur. Et de citer parmi les éléments favorables à cette pérennité, outre l’investissement initial et la forme juridique, le recours à l’accompagnement, pour mieux rappeler – et regretter – qu’une majorité de créateurs ne recourent pas au réseau professionnel d’accompagnement de la création d’entreprise. C’est certes beaucoup mieux dans la région grâce au réseau Je Crée, mais six sur dix ne se font pas accompagner. Etre accompagné dans une étude de marché, de faisabilité, savoir rédiger un devis, une facture, c’est tout aussi important que de recevoir un financement… En 2014, 36 683 personnes ont bénéficié au moins d’une prestation du programme Je crée ; environ 15 000 ont été accompagnés ; et entre 6 000 et 7000, dont 40 à 45% de demandeurs d’emploi et de 55 à 60% de salariés, ont effectivement créé, détaille Franck Seels, qui rappelle que “1 € prêté par une association offrant des prêts d’honneur permet de lever en moyenne 5,5 € auprès des banques pour un prêt d’honneur moyen de 8 000 € mobilisant de 40 à 45 000 €, mais aussi que la création, à 94,6%, reste l’affaire d’une seule personne”. “Depuis 2002, résume-t-il, la région a fortement progressé en nombre de créations. Elle doit poursuivre son effort durablement pour rattraper son retard en densité entrepreneuriale. Le travail a été plutôt bien fait, mais il faut persévérer.”