Création d'entreprises : Une hausse continue et interrogative...

Demain, tous micro-entrepreneurs ! L’écosystème entrepreneurial va-t-il dans les prochaines années se résumer aux grands groupes, à quelques ETI (Entreprises de taille intermédiaire), une poignée de PME et TPE et des légions de micro-entreprises sans parler de la notion même de salariat. Le scénario peut apparaître du genre politique-fiction, version fatalisme, mais quand on regarde les statistiques régionales (et nationales) et que l’on voit que dans la région, deux entreprises sur trois sont aujourd’hui créées sous le régime de micro-entrepreneur, il est plus que légitime de s’interroger. «Dans la région, les créations augmentent à un rythme soutenu (+ 7,4 % après 7,8 % au premier trimestre). Au deuxième trimestre, 15 900 entreprises ont été immatriculées dans le Grand Est. Dans la région, la hausse du deuxième trimestre est portée par les micro-entrepreneurs (+ 9,7 % après + 9,1 % au premier trimestre. Deux entreprises sur trois sont créées sous ce régime. Le nombre de créations classiques (hors micro-entrepreneurs) lui croît plus faiblement (+ 3,0 %) », explique l’Insee régional dans sa note de conjoncture parue à la fin du mois d’octobre. Cette prise de température trimestrielle confirme la tendance annuelle. «Du troisième trimestre 2020 au deuxième trimestre 2021, 58 300 entreprises ont été créées dans la région. Le nombre de créations brutes augmente de 35,1 % sur cette période, soit cinq points de plus qu’au niveau national.» Tous les départements de la région sont concernés avec notamment une forte progression dans les Vosges (+ 23,4 %) jusqu’à 39,7 % en Moselle. Comme sur le trimestre, les créations sont principalement portées par les micro-entrepreneurs (+ 46,3 % sur un an). La pandémie et la crise sanitaire sont naturellement passées par là ! «La crise économique et les différents confinements ont eu l’effet d’un certain déclic, notamment chez bon nombre de salariés, qui ont vu dans la création d’entreprise la possibilité d’avoir plus de liberté et de trouver une plus grande autonomie professionnelle offerte par l’entrepreneuriat», assure un professionnel d’un réseau d’accompagnement.

Entrepreneuriat de contrainte

Un état de fait confirmé par bon nombre d’enquêtes et baromètres parus ces derniers mois. D’après le baromètre annuel de l’envie d’entreprises des Français (réalisé par OpinionWay pour Go Entrepreneurs) un Français sur cinq ambitionne d’entreprendre, que ce soit en créant ou en reprenant une entreprise ou en se mettant à son compte. Au début de l’année, 6 % des Français possédaient un projet de création d’entreprise à court terme. 3,1 millions de Français souhaitent créer leur entreprise dans les deux ans. À cette donne, plutôt positive et salvatrice sur l’image de l’entrepreneuriat en général, s’ajoute (et on l’oublie souvent) la notion d’entrepreneuriat de contrainte. «On peut s’attendre au développement d’un entrepreneuriat de contrainte, à la différence de l’entrepreneuriat volontaire qui prévaut actuellement», assurait l’an passé un chercheur de l’université de Lorraine. Un an après, la question est toujours bien présente. La vague de défaillances d’entreprises qui était attendue pour cette fin d’année n’est (heureusement) pas arrivée. Reste que ce «bon» climat économique avec une reprise rapide (trop rapide même pour certains) et une croissance annoncée plus que bonne (de l’ordre de 6,25 % comme l’a annoncé Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances mi-octobre corroborant les estimations de septembre de l’Insee et de la Banque de France : NDLR) qu’elle arrivera inexorablement d’une façon beaucoup plus échelonnée dans le temps. Certains avancent la période du second semestre 2022. «Nous remarquons, bien qu’aujourd’hui avec les effets de la pandémie et de la crise sanitaire, que l’entrepreneuriat est en train tout simplement de se réinventer.» C’est une quasi-certitude, la création d’entreprise devrait continuer à augmenter et surtout se réinventer (avec une importance de l’entrepreneuriat, dit responsable, avec une bonne dose de quête de sens) et notamment dans la région. Une donne purement structurelle additionnée à cette notion même que l’entrepreneuriat attire de plus en plus. D’une façon choisie mais également contrainte et forcée...