Une guerre des chefs "dévastatrice" menace la "refondation" des Républicains

La menace d'une guerre des chefs "dévastatrice" entre le patron des députés Laurent Wauquiez et le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau plane sur Les Républicains qui se sont réunis mercredi...

Le président du groupe des députés LR à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez (G) et Bruno Retailleau, alors chef des sénateurs LR au Sénat, le 19 septembre 2024 à Paris © Ludovic MARIN
Le président du groupe des députés LR à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez (G) et Bruno Retailleau, alors chef des sénateurs LR au Sénat, le 19 septembre 2024 à Paris © Ludovic MARIN

La menace d'une guerre des chefs "dévastatrice" entre le patron des députés Laurent Wauquiez et le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau plane sur Les Républicains qui se sont réunis mercredi pour lancer leur projet de "refondation".

Les hostilités ont débuté mardi soir lors d'un dîner en tête à tête à Beauvau entre les deux hommes, rivaux potentiels pour prendre la tête du parti, tremplin pour se propulser dans la course à l'Elysée.

Lors de cet entretien, Laurent Wauquiez a demandé au ministre le respect d'un "accord" passé entre eux sur la distribution de leurs rôles au sein des Républicains, selon des propos transmis à l'AFP par l'entourage de l'élu de Haute-Loire. 

"A toi d'incarner la droite au gouvernement, à moi de reconstruire notre famille politique", a insisté Laurent Wauquiez, avant de lui lancer un avertissement sans ambigüité. 

"Si tu romps cet accord, tu porteras la responsabilité d'allumer une guerre des chefs qui sera dévastatrice", a-t-il mis en garde, quelques heures avant qu'il ne présente devant le bureau politique ses propositions pour la "refondation" de la droite, mission dont il a été chargé à l'automne.

Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on relève que Laurent Wauquiez a "tenté par deux fois d'entrer au gouvernement" - avec Michel Barnier puis avec François Bayrou - même si, au final, il a refusé Bercy. 

La "vraie question" que se posent aujourd'hui les adhérents LR est de connaître le nom de "celui qui va être le leader de la droite", ajoute-t-on de même source.

Avantage Retailleau

Les sondages sont en tout cas unanimes: la cote de popularité du très droitier ministre a grimpé depuis qu'il s'est installé à Beauvau.

Et il est en tête pour prendre la direction du parti (24%), devant Xavier Bertrand (21%), Valérie Pécresse (15%) et Laurent Wauquiez (15%), d'après une enquête OpinionWay publiée mercredi dans Le Point et réalisée à la demande de Force républicaine, mouvement lancé par l'ancien candidat à la présidentielle François Fillon et repris par le ministre de l'Intérieur lui-même.

"Il pourrait devenir la valeur-refuge de tous ceux qui ne veulent pas de Laurent Wauquiez", commente un cadre LR.

Il y a une semaine, le patron des députés LR avait déjà appelé la droite à éviter une guerre des chefs, estimant que le parti, qui a frôlé la disparition en juin lorsque son ex-président Eric Ciotti a scellé une alliance avec le Rassemblement national, ne peut se permettre de nouvelles divisions internes.

Abattant la carte du "collectif" et donnant la priorité à la "refondation" du parti, Laurent Wauquiez cherche à temporiser face à l'appétit grandissant du ministre de l'Intérieur. 

Lors d'un bureau politique de mercredi, il a appelé à une "refondation qui doit donner le signal d'une droite qui se rebâtit et qui a appris de ses erreurs du passé".

"Tout le monde a appelé à éviter un affrontement lors de la réunion", a assuré un dirigeant du parti à l'issue du bureau politique qui a repoussé à plus tard les décisions les plus cruciales, notamment la désignation du président et le changement du nom du parti qui passera par la consultation des adhérents. 

Un nouveau bureau politique doit se réunir "dans les 15 jours" pour entériner le changement des statuts et un congrès sera ensuite convoqué en "avril-mai" pour probablement désigner le nouveau patron de la droite. 

Parmi les "propositions d'évolution" du parti, des "référendums internes" pour les adhérents, qui valideront par ailleurs les investitures aux élections, ou la création d'un statut de "sympathisant".

Mais Laurent Wauquiez a écarté l'un des sujets qui fâche à droite: le mode de désignation de son candidat à la présidentielle, dont il a confirmé qu'il ne sera pas traité dans l'immédiat.

Le week-end dernier, Les Républicains ont remporté deux succès électoraux à la mairie de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) et au premier tour de la législative partielle de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), attribués à la présence du très droitier Bruno Retailleau au gouvernement, selon ses partisans. 

Mais, pour Laurent Wauquiez, ces résultats prouvent uniquement que "la refondation de la droite avance".

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