Une COP25 paradoxale
La COP 25 a eu lieu le week-end dernier à Madrid. Avec l'ambition de réduire leur empreinte carbone, plusieurs acteurs des Hauts-de-France, élus et entreprises, ont fait le déplacement pour rencontrer les négociateurs de la déclaration finale.
Certains la comparent à un grand corps malade. La déclaration finale, présentée dimanche 15 décembre avec 42h de retard (du jamais vu), révèle la force des pays pollueurs (USA, Brésil, Australie …) à limiter l’ambition climatique. L’accord sur l’encadrement des marchés carbones a été repoussé à 2020 (l’article 6 de l’Accord de Paris). Seuls 80 pays sur les 187 signataires de l’Accord de Paris ont annoncé vouloir renforcer leurs efforts dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais aucune feuille de route claire avec un calendrier n’a été proposée. Ni même de nouveaux financements pour les pays vulnérables. Les ONG comme Action Climat regrettent que «la France, représentée qu’une seule journée au niveau ministériel, n’ait pas joué son rôle de gardienne de l’Accord de Paris».
Mais le paradoxe de cette COP, c’est l’Europe qui veut s’afficher comme un futur leader de l’ambition climatique. L’annonce du Green Deal européen durant la COP, avec un budget de 100 milliards d’euros par an, a été saluée positivement par les experts climats. La mobilisation des jeunes sur place, avec la venue de Greta Thunberg, a poussé les leaders politiques dans leurs retranchements. Elle a montré le besoin d’avoir des leaders charismatiques et plus de dialogue intergénerationnel sur le climat. Enfin, les entreprises, villes et régions ne se sont jamais autant mobilisées avec de nouveaux projets, et ce sans attendre l’avancée étatique. 14 régions, 398 villes et 786 entreprises (comme Décathlon, Auchan) ont promis d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 (Alliance pour une ambition climatique). Les acteurs des Hauts-de-France étaient présents pour partager leurs expériences et rencontrer les négociateurs qui ont finalisé la déclaration finale. Une fois de plus, les acteurs non-étatiques montrent l’exemple.
Témoignages :
Jennifer de Temmerman, député de la 15ème circonscription du Nord : «Après avoir rencontré des députés et des ONG de tous pays, j’ai été surprise de l’engagement climatique de nombreuses entreprises. Je reviens avec de nouveaux contacts et partenaires, pour le Forum sur les objectifs de développement durable de ma circonscription en juin prochain.»
Nicolas Imbert, conseiller scientifique du Learning Center Ville Durable de Dunkerque, directeur de l’ONG Green Cross : «J’ai pu partager à la COP25 un nouvel outil appelé Secrets (Solutions Ecologiques Concrètes Réplicables Efficaces de Transformations soutenables) développé par Green Cross, inspiré par le territoire de Dunkerque, pour aider les villes et régions à faire face au changement climatique.»
Jean-Noël Verfaillie, conseiller départemental du Nord et vice-président du Comité Européen des Régions : «Les échanges avec les négociateurs européens de la COP ont permis de porter la voix de villes et régions. Je ferai un retour d’expérience auprès du président du Nord, Jean-René Lecerf. Et j’aimerais m’inspirer pour notre territoire des plans climat ambitieux de certaines villes, et étudier la possibilité d’expérimenter l’hydrogène pour les déplacements.»
Manuel Cira, responsable développement international de Nausicaà : «Ce fut la première COP, mobilisant une multitude d’évènements autour de l’océan, avec un dispositif pour continuer à en parler lors des prochaines COP. Ce déplacement nourrira la prochaine exposition de Nausicaa sur Océan & Climat.»
Jean-Baptiste Dollé, chef du service environnement de l’Institut d’élevage à Arras : «Nous avons montré l’engagement des éleveurs à émettre moins de carbone, grâce notre méthodologie Carbon Agri. Mais je ne crois pas dans une neutralité carbone de notre secteur.»
Xavier Corval, fondateur d’Eqosphère : «La lutte contre le gaspillage et l’optimisation des déchets via l’économie circulaire permet de réduire l’émission des GES. Nous avons présenté cette stratégie, menée notamment avec les magasins Leader Price des Hauts de France. Nous souhaiterions davantage accompagner les villes de cette région, comme Roubaix.»