Entretien avec Margherita Balzerani, directrice du Louvre-Lens Vallée

«Une ambition pour ce territoire qui va au-delà des frontières politiques»

Outil de transformation du bassin minier, le Louvre-Lens Vallée fête son 10e anniversaire en 2023. Installé à deux pas du musée du Louvre-Lens, dans une ancienne école, le cluster a depuis accompagné une centaine de porteurs de projets vers la transition du territoire par le biais de l’entrepreneuriat, de la culture et de l’innovation.

Margherita Balzerani, directrice du Louvre-Lens Vallée. © Angela Di Paolo
Margherita Balzerani, directrice du Louvre-Lens Vallée. © Angela Di Paolo

Passée par la direction de Lille Design entre 2010 et 2013, puis par celle de l’Institut des métiers d’art et du patrimoine de Lens entre 2014 et 2018, Margherita Balzerani est notamment à l’origine de la création du SIMA, le Salon international des métiers d’art des Hauts-de-France. Elle a été nommée directrice du Louvre Lens Vallée en mars 2022. Entretien.

Un an après votre nomination à sa direction et dix ans après sa création, quel regard portez-vous sur le Louvre Lens Vallée ? Quel bilan tirez-vous de cette décennie ?

J’arrive au bon moment, avec un regard Européen puisque je suis de nationalité italienne, et je m’empare d’une ambition beaucoup plus forte pour ce territoire qui va au-delà des frontières politiques. J’ai beaucoup d’ambitions car c’est un territoire très attachant, avec beaucoup de potentiel… nous pouvons réécrire son histoire par les industries créatives et culturelles, en faire un lien d’innovation, d’excellence et de créativité. 

Le Louvre Lens Vallée est arrivé après les deux locomotives que sont le Musée du Louvre-Lens et le Centre de conservation du Louvre, entré dans notre gouvernance, où 350 000 oeuvres sont abritées. La marque Louvre s’inscrit dans une ambition internationale avec ce pôle, le Louvre-Lens Vallée, dans cette continuité de changement sans oublier ce que nous étions avant mais en accompagnant la transition du territoire l’entrepreneuriat, la culture et l’innovation. 100 projets ont été accompagnés depuis 10 ans, des projets de transformation du territoire, mais je ne souhaite pas faire un premier bilan car je m’inscris toujours dans l’étape d’après. Ce lieu voulu par les élus, totem de l’innovation culturelle et numérique, doit passer à l’échelle supérieure et nous sommes en train de la construire.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce que vous appelez «l’étape d’après» ?

Elle s’inscrit dans le plan France 2030 qui supporte les industries créatives et culturelles. Le volet de la culture y est pleinement intégré avec 600 millions d'euros consacrés au développement des technologies immersives, des infrastructures de tournage, de la formation professionnelle… nous allons répondre à un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) pour créer un pôle d’excellence autour du patrimoine, de la conservation, la numérisation et la restauration des oeuvres avec tous les métiers qui s’y rattachent. L’objectif est de faire de ce hub créatif un pôle à échelle régionale mais aussi Européenne, un projet qui intègre les cinq agglomérations du Grand Artois pour porter cette ambition.

Votre ambition est donc de pérenniser la spécificité du Louvre Lens Vallée dans le paysage des pôles d’excellence des Hauts-de-France ?

Le Louvre Lens Vallée est un ovni car notre offre d’accompagnement est unique, car nous travaillons la singularité des projets que nous accompagnons. Il y a dix projets par promo et nous avons créé, en parallèle, une classe préparatoire qui s’inscrit dans cette volonté de donner envie aux jeunes du territoire d’entreprendre dans la culture et d’y apporter un regard singulier avec les hubs universitaires. Nous allons également mettre en place des passerelles avec les entreprises… nous sommes sur une démarche collaborative et la dimension humaine est au coeur de celle-ci ! 

Ce qui est central chez nous, c’est aussi la possibilité de tout de suite prototyper le projet grâce au MuséoLab. Il y a également l’écosystème autour de nous avec 85 musées dans les Hauts-de-France et les entreprises de la French Tech Artois, sans oublier le volet formation avec l’Université d’Artois sur l’axe de la recherche et La Chambre des Métiers sur l’apprentissage de demain.