Une affaire sino-japonaise

Le groupe japonais Ajinomoto, spécialiste mondial de la fabrication d'aspartame, souhaite sortir de ce marché. En témoigne la vente de son site de Gravelines. Focus sur une possible "mauvaise nouvelle industrielle".

« Le site de production d'aspartame du japonais Ajinomoto à Gravelines ».
« Le site de production d'aspartame du japonais Ajinomoto à Gravelines ».
CAPresse 2014

Le site de production d'aspartame du Japonais Ajinomoto à Gravelines.

 

Depuis le printemps dernier, les rumeurs couraient : le site gravelinois d’Ajinomoto Francek, filiale du groupe international basé à Tokyo, allait être mis en vente. De fait, lors du comité d’entreprise extraordinaire du 24 avril dernier, la direction du groupe l’a annoncé officiellement ; un autre site européen serait choisi car plus rentable. Le site gravelinois affiche des pertes depuis trois ans et le marché de l’aspartame est devenu extrêmement concurrentiel avec l’arrivée des Chinois. Ajinomoto se positionne sur d’autres marchés plus porteurs. Deloitte, le cabinet d’expertise missionné par l’entreprise, a trouvé un opérateur chinois qui semble intéressé : Changmao Biochemicals Engineering CO Ltd, basé à Changzhou. D’ailleurs, Ajinomoto traite déjà avec cette société en Asie. Une visite du site par une délégation de quatre personnes a eu lieu le 7 juillet dernier et les dirigeants respectifs se sont rencontrés, dans la foulée, en Asie. «Les Chinois disent qu’ils peuvent trouver la matière première 20% moins cher que notre actuel fournisseur, Ajinomoto», affirment les syndicalistes défendus par Me Brun, déjà présent dans d’autres dossiers conséquents dans la région (SeaFrance Arjowigings…).

Vente ou fermeture ? Le CE a lancé quatre études pour imaginer d’autres productions qui pourraient être réalisées à Gravelines. Le groupe a mis au point un nouveau procédé de fabrication d’advantame (une nouvelle molécule) par voie enzymatique, en cours de développement au Japon. «On pourrait le faire ici, mais la direction veut vendre ou fermer», dénonce l’intersyndicale dont les délégués au CE ont déclenché un droit d’alerte. «Nos fonds propres sont passés de 90 à 13 millions d’euros», indiquent les syndicats. Les actifs de l’usine ont été dépréciés de 18 millions d’euros récemment. L’un des clients américains de l’usine achètera désormais son aspartame localement… Pour autant la production ne baisse plus sensiblement : «500 tonnes en mars, un record selon les syndicats. L’an dernier, l’usine a produit 2 400 tonnes d’aspartame. Le 20 juin dernier, une réunion a eu lieu avec le député Jean-Pierre Decool, le conseiller général et maire de Gravelines Bertrand Ringot, le vice-président de la CUD en charge du développement économique David Bailleul. Le ministère de l’Economie et du Redressement productif a été sollicité. Le 7 octobre prochain, le PDG d’Ajinomoto décidera du sort du site selon les offres déposées. Ou fermera l’usine avant l’été 2015.