«Un nouveau tourisme est en train de naître»

Suite à l'annonce du plan d’aide interministériel au secteur du tourisme présenté par le Premier ministre, Frédéric Leturque, président du Comité régional du tourisme et des congrès, revient sur celle-ci ainsi que sur le rôle important que les territoires devront jouer dans la relance. Interview.

© Alexey Oblov
© Alexey Oblov

La Gazette : Où en est le tourisme régional ? Quel est son avenir ?

Frédéric Leturque : La situation est bien évidemment à l’arrêt. Nous espérons une reprise rapide. Les gens vont partir à proximité de chez eux ; de plus, nous sommes proches de la région parisienne et nous sommes prêts à accueillir ce nouveau tourisme. Car c’est un nouveau tourisme qui est en train de naître. Avant, c’était la notoriété qui validait l’intérêt du lieu. Maintenant, on choisit un lieu pour le bénéfice personnel que le lieu est capable d’apporter. Dans les Hauts-de-France, nous pouvons le proposer. Par exemple, nous avons quatre parcs régionaux qui répondent à ces enjeux.

Le Comité régional a mis en place un plan de relance touristique. Concrètement, que va-t-il apporter au territoire ?

Ce plan est une démarche en cinq étapes. Pendant le confinement, nous nous sommes interrogés sur l’impact des évolutions touristiques sur les visiteurs. Nous avons perçu que la reconnexion avec la nature est le premier élément. En famille, il y a cette idée avec les enfants qui vont se détendre dans la nature. Et la distanciation sociale peut être facilitée avec des activités comme les accrobranches ou les bases nautiques. Pour les seniors aussi, il y a cette volonté de se rapprocher du tourisme local. Ensuite, nous nous sommes interrogés sur la mise en place de cette pratique. On organise donc des ateliers avec les différents territoires, afin d’élaborer des actions pour répondre aux attentes prioritaires de chaque cible, avec les spécificités de chacun d’entre eux. Nous voulons répondre à la promesse de reconnexion à la nature. Nous avons produit des vidéos, nous sommes en phase de production de celles-ci et d’un marketing axé sur ce nouveau tourisme. Nous sommes dans le dynamisme. Une autre étape de notre réflexion s’est intéressée à ceux qui veulent partir à l’étranger, loin, en Asie par exemple. Ces gens-là recherchent un dépaysement. Nous réfléchissons : comment être visible par ces personnes qui recherchent une aventure ?

Frédéric Leturque, président du Comité régional du tourisme et des congrès.

“Nous voulons répondre à la promesse de reconnexion à la nature”

Ce nouveau tourisme a-t-il changé les pratiques marketing ?

Oui, c’est un tourisme collaboratif. Nous sommes dans cette optique. Comment pouvons-nous faire participer les personnes à leur aventure ? Nous sommes basés sur la demande et nous répondons aux besoins, notamment avec la collaboration de tout le monde.

La crise sanitaire de la Covid-19 a-t-elle transformé profondément le tourisme ?

Elle est l’accélérateur d’un tourisme de bien-être déjà demandé avant la crise, avec l’émergence du yoga, des spas, de la méditation… Il y a la notion de dépaysement avec la nature protectrice. Il y a une prise en compte de la conscience de préserver l’environnement car la nature ressource, donc nous nous protégeons nous-mêmes. Il y a une interdépendance entre la nature et le bien-être qui est né depuis quelque temps, et c’est cette notion qui s’accélère avec la crise. Un processus est déjà en cours dans la région. Ce bien-être passe aussi par la contemplation de la nature et de l’art. La deuxième tendance est une approche plus globale. Les vacances deviennent un moment de prendre soin de soi et les touristes ont besoin qu’on leur apporte des propositions. Il faut proposer des vacances avec des souvenirs.

Êtes-vous prêt ?

Rassurer, c’est incontournable avec la mise en place des protocoles sanitaires. C’est nécessaire. En ça, nous le sommes. Il y a une part d’inconnu, également pour les professionnels. Les gens ont besoin de partir en vacances, et ce sera en France, donc non loin de chez eux. Nous verrons en fonction de l’avancement de la crise sanitaire. Être un territoire attractif, c’est aussi faire preuve d’adaptation. Et nous nous adaptons.