Un écosystème facilitateur de business

Au-delà de leur rôle traditionnel, certaines banques misent sur l’innovation et l’entrepreneuriat. Le premier Village by CA de province a ouvert ses portes à EuraTechnologies en 2016. Il accompagne une cinquantaine de start-up.

Un écosystème facilitateur de business

Sergio Cocco, «maire» du Village by CA implanté à EuraTechnologies.

Telle une véritable commune, le Village by CA a sa place centrale mais aussi son «maire», Sergio Cocco. Celui qui dirige cet incubateur de 4 500 m2 veille, accompagné d’une équipe de six personnes, sur ses pensionnaires start-uppers avec bienveillance, pour les aider à croître et à développer leur business. C’est dans des locaux flambant neufs – l’inauguration officielle aura lieu le 2 avril – que les vingt-cinq start-up hébergées au Village by CA de Lille ont élu domicile depuis l’été dernier, dans une ancienne retorderie entièrement réhabilitée, située juste en face d’EuraTechnologies. Vingt-cinq créations d’entreprise dans des domaines variés comme l’AG tech (agriculture connectée), la food tech, l’habitat, l’énergie, l’environnement, le mieux-vieillir, la fintech… Elles resteront deux ans au maximum pour bénéficier d’un écosystème propice à l’entrepreneuriat. Mais avant cela, elles ont dû séduire le jury. «Nous avons six appels à projets par an : deux thématiques et quatre généralistes. Pour chaque session, nous sélectionnons dix start-up qui ont 7 minutes pour pitcher et 7 minutes pour répondre à nos questions», explique Sergio Cocco. Le jury, composé des partenaires du Village – grands comptes, ETI, universités, acteurs économiques –, vote de façon collégiale pour l’intégration des nouvelles recrues. «Nous regardons la viabilité du projet, les effets de croissance, mais aussi l’humain. Ce qui nous intéresse, ce sont les ‘bons porteurs de projet’, ceux qui ont une vision stratégique, mais aussi qui savent faire pivoter leur entreprise si nécessaire. On cherche une éthique du dirigeant», explique-t-il. Si les locaux abritent vingt-cinq entreprises, elles sont en réalité quarante-six à être accompagnées par le Village by CA, dont trois internationales. L’an dernier, l’appel à projets sur les protéines végétales avait récompensé trois lauréats étrangers (Israël, Royaume-Uni et Ukraine) sur six gagnants.

Un accompagnement
vers la croissance

Au-delà de l’hébergement dans les bureaux, les start-uppers profitent des offres d’animation dans le Village, mais aussi des liens business proposés par les vingt-sept partenaires (Bonduelle, Sodexo, EDF, IBM, Université de Lille, Ecole des mines de Douai, Nord France amorçage, Finovam…). «Nos partenaires entreprises proposent aussi des sessions de formation, du coaching ou du mentorat. Nous sommes des facilitateurs, le but c’est de simplifier le contact entre les start-up et les entreprises.» Des entreprises qui, souvent, peuvent aussi être des sites pilotes pour les jeunes pousses. De 600 m2, le Village by CA est passé à 4 500 m2, pouvant accueillir jusqu’à une soixantaine d’entreprises. À l’image de Karnott qui compte aujourd’hui vingt-cinq salariés, de Picto Access, de Citymagine ou encore de Sencrop qui a récemment levé 10 millions de dollars… les start-up hébergées grandissent vite… et bien. «Le business repose sur le développement, la R&D et bien évidemment sur des levées de fonds. Nos phases d’accompagnement ont fait leurs preuves puisqu’elles créent de la valeur. Les indicateurs que nous avons sont rassurants.»  En lien étroit avec les autres écosystèmes comme EuraTechnologies, Euralimentaire ou les pôles de compétitivité, le Village by CA veut avant tout rester connecté avec l’écosystème régional de l’innovation. Au niveau national, les vingt-sept Villages soutiennent près de 500 start-up.

Paroles de
start-uppers

Cube your life ! fondée par OIivier Finet

Le monde du jeu, il le connaît par cœur. Il y a 20 ans, Olivier Finet lançait Défifoo à Hellemmes, un jeu vendu à plus de 500 000 exemplaires. En 2015, après être passé par la case de consultant, coach et conférencier, il se sent rattrapé par le virus de la création d’entreprise. «Mon idée ? Jouer partout avec un objet unique, sans pions, ni dés, ni plateau de jeu», explique-t-il. Deux ans et demi de R&D plus tard, le «Cube Your Life !» révolutionne la manière de jouer. «Le principe est simple. Il suffit de taper sur le Cube pour lancer un jeu. Une application gratuite recense tous les jeux (ambiance, famille, quizz, aventure…). On mixe le monde digital et le monde réel.» Connecté au téléphone par Bluetooth, le Cube s’anime en fonction du jeu sélectionné. Commercialisé à partir du 20 avril prochain sur le site Internet de Cube Your Life !, ce nouvel objet, aussi ludique que design, s’adresse aux novices comme aux mordus de jeux de société. À l’exception qu’il n’y a ni besoin de notice, ni de table pour jouer et encore moins de longues explications à donner. Il y aura ensuite la possibilité de s’abonner (1,99 € par mois) pour avoir l’ensemble des jeux dès leur sortie. L’ambition est de taille : 40 jeux au printemps prochain et des contenus en permanence, à l’image de Netflix auquel Olivier Finet se compare avec humour : «On veut devenir le Netflix du jeu ! Le Cube est évolutif et casse les codes du jeu de société. Nous prévoyons de faire des animations partout en France pour en faire la démonstration.» Le Cube est fabriqué en eurorégion : le plastique provient de Belgique, la fabrication, l’électronique et le montage sont réalisés à Villeneuve-d’Ascq. «Oui, on pouvait le faire en Asie. Mais on a gagné du temps et de l’énergie en ayant nos partenaires à proximité. C’est indispensable pour avoir un objet fiable», approuve Olivier Finet. D’abord incubé chez Tonic, Olivier Finet s’est rapidement rapproché du Village by CA, dans des locaux qu’il a voulus fonctionnels et ouverts. «Grâce au Village, nous avons pu nouer des premiers contacts avec Disney, mais aussi avec Sodexo pour un  projet d’un Cube B to B à destination des seniors.» Rapidement, l’équipe de 8 salariés devrait grossir pour atteindre 20 salariés en 2020, avec un objectif de 100 000 Cubes vendus, un chiffre d’affaires de 5 M€ et l’implantation dans trois pays d’ici 2020.

Book d’Oreille, fondée par Olivier Carpentier

En 2012, Olivier Carpentier et son associé se lancent un défi de taille : créer une entreprise dans un secteur a priori difficile et avec pour seuls concurrents les GAFA. «Book d’Oreille est un service de téléchargement de livres audio en langue française, accessibles sur tous supports et à tous moments», explique le fondateur. À destination des lecteurs passionnés qui peuvent ainsi écouter leurs livres préférés en voiture ou en faisant la cuisine, les livres audio sont aussi l’occasion de rendre les œuvres accessibles aux personnes malvoyantes, non-voyantes ou dyslexiques. «Plus on avance dans le temps et plus les œuvres classiques sont éloignées de nous. Si on écoute un livre, avec des comédiens qui le rendent vivant, les sens s’ouvrent.» Unique audio libraire de France, Book d’Oreille fonctionne sur le même principe et avec la même éthique qu’un libraire indépendant : «Nous sommes anti-abonnement. Nous voulons maintenir le lien comme un libraire.» Sur le site, 4 500 titres sont déjà disponibles, auprès de 20 000 clients, dont 30% d’export. En avril 2019, Book d’Oreille se lancera dans le B to B, avec «Bibliostream», une offre de streaming à destination des collectivités (écoles, bibliothèques, centres de documentation et d’information). «Nous sommes venu au Village by CA pour être entouré et entrer dans une démarche de levée de fonds en 2019 ou en 2020. Nous attendons des retours de notre ouverture de marché vers le B to B.»