Un début d'éclaircie dans notre région ?

Une analyse de l'Insee1 met en avant des indicateurs positifs observés au dernier trimestre 2014. Sans céder à un optimisme béat, l'étude montre les signes d'un frémissement de l'activité en Nord-Pas-de-Calais, région se distinguant de la situation nationale.

Parmi les points positifs pour la région : les bons chiffres de l’hôtellerie. Ici, l’Hermitage Gantois rue de Paris à Lille.
Parmi les points positifs pour la région : les bons chiffres de l’hôtellerie. Ici, l’Hermitage Gantois rue de Paris à Lille.
L'Insee souligne les signaux économiques positifs dans notre région, de la création d'entreprise en légère hausse aux bons chiffres dans l'hôtellerie.

L'Insee souligne les signaux économiques positifs dans notre région, de la création d'entreprise en légère hausse aux bons chiffres dans l'hôtellerie.

Ils sont discrets, mais les signes d’un tressaillement de l’activité sont perceptibles en région Nord-Pas-de-Calais selon l’Insee. Même si la situation reste très difficile au niveau de l’emploi, des éléments positifs ont été observés dans la région au dernier trimestre 2014.

Des indicateurs se mettent au vert. En effet, les créations d’entreprise (hors micro-entrepreneurs) sont en pleine augmentation depuis début 2013, aussi bien en Nord-Pas-de-Calais que dans toute la France. Après avoir légèrement fléchi pendant les 2e et 3e trimestre 2014 (-2,2%), elles remontent de 5,5% au dernier trimestre de cette année. A noter que la création d’entreprises régionales a montré sur la période récente un plus grand dynamisme qu’au niveau national, avec une progression du nombre des nouvelles entreprises apparues en 2014 de 4,3% (contre 1,4% en France). Parallèlement, les défaillances d’entreprises sont stables au 4e trimestre 2014 par rapport à la même période en 2013, la région s’inscrivant sur l’année dans la même tendance qu’au plan national.

C’est dans le secteur de l’hôtellerie que le Nord-Pas-de-Calais se démarque du reste du pays. Dans notre région l’activité hôtelière a progressé de 4% alors que globalement elle a reculé de 1,4% en France métropolitaine. Les étrangers ont été le moteur de ce dynamisme, puisque leurs nuitées ont bondi de 13,4% rien que sur le 4e trimestre 2014. Ce dernier a d’ailleurs connu une augmentation de 4,3% des nuitées par rapport au même trimestre de 2013.

Autre donnée positive soulignée par l’Insee, ce 4e trimestre 2014 connaît un redémarrage de la construction en région (portant le cumul annuel à 3,8% au-dessus de celui de septembre 2014), ce qui est sans équivalent au plan national. A noter que le nombre d’autorisations de construire des logements dans le Nord-Pas-de-Calais reste à un niveau très bas au dernier trimestre 2014, avec un cumul de 15 600 permis enregistrés sur l’année (29,1% de moins qu’en 2013). A signaler également que le marché des locaux à usage autre qu’habitation affiche des autorisations au niveau le plus haut depuis 2005.

Ces signaux positifs, qui doivent se confirmer début 2015, n’éclipsent nullement la situation difficile du secteur de la construction en termes d’emploi. En effet, il est le plus touché par les pertes d’emplois, avec un solde négatif de 1 100 postes. Ces disparitions d’emplois touchent essentiellement des établissements de petite taille au fort impact aussi bien sur la région que l’ensemble de la France, avec respectivement une baisse de 1,4% et 1,3%, même si le département du Nord doit à lui seul affronter une perte de 900 postes de travail. Au-delà du secteur de la construction, l’Insee pointe une situation sur le marché de l’emploi globalement délicate, en particulier pour les jeunes.

Parmi les points positifs pour la région : les bons chiffres de l’hôtellerie. Ici, l’Hermitage Gantois rue de Paris à Lille.

Parmi les points positifs pour la région : les bons chiffres de l’hôtellerie. Ici, l’Hermitage Gantois rue de Paris à Lille.

Sur le front de l’emploi. Le marché du travail n’encourage pas à l’optimisme souligne l’institut, avec un nombre de demandeurs d’emploi continuant de croître et spécifiquement parmi les plus jeunes. Ainsi, alors que les effectifs des demandeurs de moins de 25 ans étaient en baisse jusqu’au premier semestre 2014, ils continuent leur récente progression avec une hausse de 1,4% ce dernier trimestre. Les demandeurs de 50 ans ou plus continuent de voir leurs rangs grossir avec une augmentation de 2% ce trimestre pour atteindre une hausse de 9,3% sur toute l’année 2014. Une regrettable tendance qu’on retrouve au niveau national.

Plus globalement, le taux de chômage au sens du BIT2 a encore augmenté en Nord-Pas-de-Calais à partir de mi-2014 pour s’établir à 13% fin décembre 2014. A la même date, on dénombre 386 000 personnes inscrites à Pôle emploi (catégories A, B et C). Dans notre région, leur augmentation sur un an est moins importante qu’en France métropolitaine (4,4% contre 6,4%). Il convient malgré tout de noter que la part des demandeurs d’emploi inscrits depuis plus d’un an ne cesse de grimper, étant même plus importante dans notre région que dans le reste de l’Hexagone. En effet, elle atteint 48,2% en Nord-Pas-de-Calais, alors qu’elle est de 43,2 % en moyenne dans l’ensemble du pays. A signaler que le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis plus d’un an connaît une nouvelle progression de 2,2% au dernier trimestre 2014, soit plus de 6,4% au total sur l’année 2014.

On retrouve quelques signaux positifs pour le marché du travail du Nord-Pas-de-Calais, comme la légère hausse de l’emploi salarié marchand au dernier trimestre 2014, en hausse de 0,2% par rapport au précédent trimestre, soit l’équivalent de 860 000 salariés. Une évolution qui contraste avec la stabilité de l’emploi national, mais davantage perceptible dans le département du Nord (1 200 nouveaux emplois) que chez son voisin du Pas-de-Calais (300 postes créés). Globalement, ce résultat est obtenu sous l’effet d’un recours marqué à l’emploi intérimaire, en hausse aussi bien en région (7,1%) qu’au niveau national (4,7%).

L’Insee relève des écarts importants entre notre région et le reste de l’Hexagone, mais aussi entre les départements du Nord et du Pas-de-Calais. C’est le cas, par exemple, avec l’augmentation du nombre d’emplois, limitée mais réelle, enregistrée dans le tertiaire marchand hors intérim : 0,2% ce dernier trimestre, soit un solde positif de 800 emplois concernant uniquement le département du Nord, le solde étant quasi nul pour celui du Pas-de-Calais. Ce dernier département n’est cependant pas touché par la perte d’emplois industriels dans le secteur “Fabrication d’autres produits industriels”. Sur la région, ce ne sont pas moins de 650 emplois du secteur de l’industrie qui ont été supprimés le dernier trimestre de l’année 2014. Suivant l’évolution nationale, la région enregistre un recul de 0,3% des emplois industriels, comme pour le trimestre précédent.

Malgré ces différences entre les départements du Nord et du Pas-de-Calais, l’Insee souligne les signaux économiques positifs dans notre région, de la création d’entreprise en légère hausse aux bons chiffres dans l’hôtellerie. Le marché du travail reste lui encore troublé, le recul du chômage constitue toujours l’ultime obstacle avant une véritable embellie au sein de l’économie régionale comme nationale.

1. Insee Conjoncture Nord-Pas-de-Calais n°4 – Avril 2015. “Un parfum de reprise”.

2. Selon le Bureau international du travail, un chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :
− être sans emploi, c’est-à-dire ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une semaine de référence ;
− être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
− avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

A noter qu’un chômeur au sens du BIT n’est pas forcément inscrit à Pôle emploi (et inversement).

Source : Insee.fr