Un bilan difficile dans les territoires de l’Oise
La Chambre de commerce et d’industrie de l’Oise a lancé les premiers débats et rencontres économique de l’Oise à destination des élus. Lors de la première réunion, qui s’est déroulée à Nogent-sur-Oise, la structure a présenté une perspective économique des EPCI en demiteinte.
Pour la première fois, la CCI de l’Oise a lancé un débat économique en présentant ses données globales de l’économie du département de 2016 des Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) isariens ainsi qu’un bilan détaillé et complet aux élus du département. Le but ? « Donner une visibilité des données économiques et se faire rencontrer les territoires, explique Nadège Chambon, directrice du pôle économique, depuis 20 ans, la CCI analyse les données économiques de l’Oise à travers trois zones d’observations que sont les zones d’activités, les offres commerciales et la conjoncture. Notre objectif est d’analyser les données et d’identifier les tendances. Pour nous, les événements ne surviennent pas au hasard, l’ancrage géographique et les spécificités des territoires sont réels. »
Et les résultats sont tombés : le bilan est mitigé pour les entreprises du département même si le rapport enregistre une évolution au 4e trimestre 2016 et au 1er trimestre 2017 : alors que 46% des entreprises (tous secteurs confondus) déclaraient un chiffre d’affaire en baisse au 1er trimestre 2016, plus que 23% le déclaraient au 4e trimestre. Néanmoins, les difficultés traversées par les chefs d’entreprises laissent des traces dans les trésoreries, encore fragilisées. Ainsi, ces derniers misent dans les mois à venir sur le maintien de leur activité plutôt que sur la croissance. Du côté des salariés, là aussi le malaise s’installe : en 2008, l’Oise comptait 73 entreprises de plus de 250 salariés et 36 600 salariés, en 2016, elle en compte 89 mais n’enregistre plus que 30 896 salariés. Cette tendance globale se recoupe avec celle émise par le Tribunal de commerce de Beauvais, en début d’année 2017, qui a comptabilisé un certain nombre de liquidations judiciaires.
Le commerce en crise
Sur le département, les différents secteurs s’en sortent différemment, et selon les territoires, même si aucun n’affiche une quelconque hausse. Le secteur du commerce reste en crise et enregistre les tendances les plus à la baisse. « Cette crise est conjoncturelle, le secteur du commerce est en pleine mutation et doit évoluer face aux nouvelles formes comme l’e-commerce », précise Edith Carton, chargée des études économiques. Au total, 50% des commerçants déclarent un chiffre d’affaires en baisse contre 30% en hausse (écart de 20 points). Trois problèmes persistent depuis quelques années déjà : le chiffre d’affaire en baisse, la trésorerie en souffrance et le marche de l’emploi hésitant.
Du coté de l’économie en crise, le secteur des services aux particuliers enregistre également une baisse de l’activité. Le bilan est sensiblement le même que celui du commerce, avec tout de même une légère reprise au 4e trimestre 2016.
Seuls les secteurs de l’industrie et des services aux entreprises se sont stabilisés. Le premier a connu un début d’année 2016 particulièrement difficile et a du mal à sortir de la crise qu’il subit depuis 2008. Le bâtiment, la mécanique, la sidérurgie et la métallurgie ont particulièrement souffert. Cependant, les investissements ont repris au 4e trimestre. « Un quart des chefs d’entreprises « Un quart des chefs d’entreprises comptent même sur une amélioration pour 2017 », précise le rapport. Enfin, le secteur des services aux entreprises se stabilise également avec une trésorerie toujours en difficulté mais une reprise progressive en fin d’année.
L’activité selon les territoires
Outre le bilan des activités des secteurs, la CCI de l’Oise a tracé une trame des activités selon les différentes intercommunalités. Et ce afin de donner de la visibilité aux chiffres et permettre aux élus de mettre en place des actions précises, pour pouvoir créer un cercle économique vertueux à l’intérieur même de l’intercommunalité, et entre chacune d’elles. Cependant, cette cartographie des emplois de l’Oise ne peut se comprendre sans une donnée essentielle : la mobilité. Selon l’étude menée, 40% des actifs de l’Oise travaillent hors département (le département enregistre une moyenne de 46 à 50 % d’actifs), lui conférant la première place des départements des Hauts-de-France où la mobilité est la plus forte. « La raison essentielle réside dans la proximité avec la région parisienne », précise Edith Carton. Néanmoins, une grande partie d’actifs de l’Oise se déplacent également dans le Nord (aux alentours de Lille).
Tout le département est touché malgré une sectorisation des emplois : au nord du département, on comptabilise le plus d’emplois industriels, dans le sud-est, le plus d’emplois de services. Une donnée, parmi d’autres, l’explique : l’industrie est le secteur d’activité qui a le plus perdu d’emplois les dix dernières années, surtout dans les zones de Creil, Compiègne et Noyon. À l’inverse, les services est le secteur qui a le plus gagné d’emplois. « Il y a eu une tertiarisation des activités économiques », remarque Nadège Chambon. Du côté du commerce, l’étude montre une ligne nord-ouest/ sud regroupant le plus d’emplois dans ce secteur, notamment due à la présence des supermarchés. Cette topographie de l’Oise amène donc la question de la ruralité ou de l’urbanité du département. Après les débats, la conclusion de Claudie Lebreton, dans son rapport “Une nouvelle ambition territoriale pour la France en Europe”, de mars 2016, reste d’actualité : « De nouvelles relations interterritoriales harmonieuses sont la clé du développement de notre pays, et les acteurs socio- économiques ont un rôle crucial à jouer dans la mise en œuvre des politiques de développement territorial. »