Un avenir en cours de réflexion
Lancé en 2008, cet équipement mi-public, mi-privé, est allé d’échec en échec. Jusqu’à l’arrêt. Aujourd’hui, les partenaires publics (dont le Conseil régional et le Conseil général) recherchent une solution.
En juillet, s’est tenue, à Maroilles, une première réunion sur l’avenir de la fromagerie ouverte en mars 2008 et arrêtée en juillet 2011. Elle s’est appelée Fromagerie du bocage puis Fromagerie de l’abbaye. Où en est-on ? André Ducarne, président de la communauté de communes du Pays de Mormal et de Maroilles (2C2M) en charge du dossier, et qui est aussi président depuis 2009 de la Société d’économie mixte locale chargée de gérer l’unité de fabrication, était, début septembre, dans l’attente d’une autre réunion…
Celle de juillet, expliquait-il, avait rassemblé les collectivités directement concernées mais aussi le Conseil régional, le Conseil général, la Chambre d’agriculture, le Groupement des agriculteurs biologiques du Nord-Pasde- Calais (Gabnor), le Parc naturel régional (dont le siège est à Maroilles), le lycée agricole du Quesnoy…
Le Syndicat du maroilles, l’interlocuteur officiel pour l’AOP maroilles, n’y participait pas mais il a toujours émis des réserves sur ce projet.
Un souhait partagé de relance. “Aujourd’hui, la 2C2M reste la locomotive mais elle souhaite développer tous les partenariats possibles, a précisé André Ducarne. Si aucun scénario n’est écrit pour l’instant, tout le monde veut que cet outil revive, mais à condition que le volet commercialisation, en partie responsable de ces événements difficiles, soit mieux organisé. Mon souhait, c’est qu’elle redémarre pour la fin de l’année.”
A l’écouter, les pistes, évoquées lors de la réunion, ne manquent pas : y fabriquer d’autres produits laitiers que du fromage, ne pas chercher à ne faire que du bio, miser aussi sur les circuits courts (concept en vogue), en faire un lieu de formations agricoles… Le Conseil régional tiendrait prête une enveloppe financière destinée à financer une étude sur la commercialisation, si nécessaire. Selon André Ducarne, des privés (éleveurs, transformateurs…) seraient encore disposés à participer à la relance.
A l’arrêt depuis juillet 2011. Ce projet à trois composantes (voir plus loin) fut d’abord une idée de la commune de Maroilles à la fin des années quatre-vingt-dix. En 2006, un Pôle d’excellence rurale avait garanti un cofinancement de l’Etat de l’ordre d’un million d’euros. En mars 2008, la fromagerie avait démarré dans des locaux neufs, une société par actions simplifiée (SAS) s’occupant de la production et une société d’économie mixte locale se chargeant du reste. Puis, les ratés ont commencé et les tentatives de sauvetage échoué. Jusqu’à l’arrêt en juillet 2011… Ces ratés, on peut les attribuer à la difficulté de réaliser des fromages (il faut réunir le savoirfaire, de bonnes conditions de fabrication et d’affinage, des débouchés suffisants) et sans doute aussi à la difficulté qu’il y a à faire cohabiter la logique des projets publics et la logique privée. Bilan : de l’argent public gâché et des acteurs privés échaudés. Quant au film Bienvenue chez les Chtis, s’il a profité à la filière maroilles et à la ville de Bergues, le village premier concerné semble bien être passé à côté des retombées.
Le point. En attendant une solution (relance, vente…), la fromagerie est restée à la charge de la 2C2M. Une modification de la carte intercommunale, intervenue au 1er janvier, a éloigné l’autre intercommunalité engagée au départ. La société d’économie mixte locale, en veilleuse, a été maintenue. Au printemps, une société publique locale (la SPL des Terres du Pays de Maroilles) a été mise en place. Elle réunit la 2C2M et la ville de Maroilles pour les deux autres volets du projet : le Parcours des sens (à côté de la fromagerie à l’arrêt) à vocation de promotion touristique et le Carré des saveurs, dans le centre du village, à vocation d’accueil de séminaires, de réunions privées, de stages (du fait de ses équipements et de sa cuisine ultramoderne).