Artisanat
Oddchap : un atelier de création de chapeaux sur-mesure à Plailly
Pierre Huvet fabrique des chapeaux uniques et qui ont du style dans son atelier de Plailly, à proximité du Parc Astérix. À 26 ans, il aurait pu faire carrière comme juriste, sa formation initiale, ou encore dans l’art, son autre passion. C’est un peu par hasard qu’il a décidé d’embrasser le métier quasi disparu de chapelier. Encore peu connue en France, sa production est surtout destinée à une clientèle étrangère.
C’est l’histoire d’un passionné de films américains qui trouve sa vocation en recherchant sur Internet le chapeau d’Indiana Jones. « Le chapeau est arrivé en deux morceaux. Il paraît que c’était normal. C’est en l’assemblant que j’ai eu une révélation ! », explique le jeune créateur. Difficile cependant de se former en France où il n’y a pas d’école spécialisée et presque plus de chapeliers. Pour trouver du savoir, il lui faut donc s’informer en Angleterre et surtout aux USA, le pays des cow-boys.
Depuis, il s'est lancé dans l'aventure proposant une gamme de chapeaux sur-mesure. « Des différentes qualités de feutre, le feutre de laine est le plus courant en prêt-à-porter, mais c’est aussi celui qui a la plus petite qualité. Les feutres de fourrure lapin ou encore plus de castor sont les plus qualitatifs. Je les fais venir du Portugal, des USA et du Canada. Mais attention, contrairement aux grands couturiers, mes matières premières ne proviennent pas d’élevages à fourrure. Ce sont des sous-produits qui auraient été jetés de toute façon. »
Pour ceux qui hésitent encore, le chapelier l'assure, il n’y a pas de tête à chapeaux ! Pour lui, « toutes les têtes peuvent porter un chapeau à condition que celui-ci soit adapté et sur-mesure. Mes créations, on les pose sur la tête et elles vous vont ! » Le jeune homme confectionne lui-même, à la main, dans son atelier... avec comme leitmotiv, l'exigence. Pour la fabrication, c’est la forme, autrefois en bois, qui est l’élément le plus important car il reste bien peu de formiers et aucune machine à faire des chapeaux n’a été fabriquée en France depuis le 18e siècle.
Un concept inspiré des tailleurs
Le chapelier isarien fabrique ses modèles en « bespoke ». Ce terme est inspiré des tailleurs anglais qui inscrivaient « bespoken of » sur le patron fabriqué aux mensurations du client et dont les modifications avaient été discutées avec le client au fur et à mesure des essayages. Selon ce même concept, le chapelier fabrique ainsi sa forme en 3D avec une imprimante et aux mesures exactes de votre tête. Deux formes sont fabriquées à chaque chapeau : l'une servira à poser votre couvre-chef chez vous, l’autre sera conservée en atelier pour un éventuel nouveau modèle.
Le délai de fabrication est d’environ 15 jours après réception des différents éléments. Les chapeaux d’Oddchaphat, du nom de l’entreprise, sont garantis à vie. Encore un jeu de mots entre odd (bizarre) et old chap (vieux pote). Le chapelier peut aussi restaurer de vieux chapeaux. Il suffit parfois de peu de choses pour leur redonner l’éclat du neuf.
Les salons et autres évènements prévus ayant été annulés, les clients arrivent presque exclusivement via les réseaux sociaux et le site Internet. Pierre Huvet a récemment lancé son entreprise et compte bien, à terme, en faire une activité à temps plein.