Ukraine: accord sur les minerais entre Kiev et Washington

Kiev a accepté les termes d'un accord sur ses minerais avec les Etats-Unis, que le président Volodymyr Zelensky pourrait signer dès vendredi à Washington, tandis que les Européens se réunissent mercredi en visioconférence pour faire un point en vue...

Les présidents français Emmanuel Macron et américain Donald Trump, le 24 février 2025 pendant un conférence de presse conjointe à Washington © Ludovic MARIN
Les présidents français Emmanuel Macron et américain Donald Trump, le 24 février 2025 pendant un conférence de presse conjointe à Washington © Ludovic MARIN

Kiev a accepté les termes d'un accord sur ses minerais avec les Etats-Unis, que le président Volodymyr Zelensky pourrait signer dès vendredi à Washington, tandis que les Européens se réunissent mercredi en visioconférence pour faire un point en vue d'une possible trêve dans le conflit en Ukraine.

"J'ai entendu dire qu'il venait vendredi. C'est certainement OK pour moi. Il aimerait le signer avec moi, et je comprends cela - c'est une grande affaire, une très grande affaire", a déclaré Donald Trump mardi à la Maison Blanche, interrogé à ce sujet.

Le président américain a demandé à l'Ukraine de lui donner accès à ses ressources minières pour compenser les milliards de dollars d'aide versés par l'administration de son prédécesseur Joe Biden.

Selon un haut responsable ukrainien qui a indiqué à l'AFP mardi que Kiev était prêt à signer, les Américains ont "enlevé toutes les clauses qui ne nous convenaient pas, en particulier les 500 milliards de dollars" que les minerais étaient censés rapporter aux Etats-Unis.

Washington développerait conjointement avec l'Ukraine les richesses minières et les revenus qui en seraient issus iraient dans un fonds nouvellement créé qui pourrait être "conjoint à l'Ukraine et l'Amérique", selon la même source.

Avant la possible signature de l'accord vendredi à Washington, les dirigeants des 27 Etats membres de l'UE doivent se réunir mercredi en visioconférence pour un débriefing de la rencontre, centrée sur l'Ukraine, entre Emmanuel Macron et Donald Trump lundi à Washington.

Une trêve à brève échéance dans les combats évoquée lundi à l'occasion de la visite aux Etats-Unis du président français, un feu vert de la Russie à une participation européenne au règlement du conflit: les alliés de Kiev se prennent à espérer un tournant après plus de trois années de guerre, tout en mettant en garde contre un accord qui équivaudrait à une "capitulation" de l'Ukraine.

Sur le terrain, les forces russes poursuivent leurs frappes.

Le ministère russe de la Défense a de son côté affirmé avoir visé "des infrastructures d'aérodromes militaires".

Il a aussi annoncé mercredi avoir abattu dans la nuit 128 drones ukrainiens au-dessus des différentes régions russes et la Crimée annexée, l'une des plus importantes attaques de ce type visant la Russie depuis le début du conflit. 

Aucun dégât majeur sur le sol n'a été rapporté dans l'immédiat ni par les médias russes, ni les autorités.

La Russie, qui s'est emparée de 20% du territoire de l'Ukraine, martèle qu'elle ne cessera les hostilités que lorsque les négociations de paix aboutiront à un résultat qui lui "conviendra": elle réclame notamment une renonciation des Ukrainiens à rejoindre l'Otan et que cinq régions qu'elle occupe entièrement ou partiellement lui soient cédées.

Position équilibrée

Depuis l'entretien téléphonique qu'ont eu Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine le 12 février, les Européens tentent de préparer une réponse à ces échanges, dont ils ont été jusqu'à présent exclus.

Au cours de ses discussions à la Maison Blanche, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d'apporter des "garanties de sécurité" pour éviter que la Russie ne repasse à l'avenir à l'attaque.

En parallèle de la rencontre à Washington, les fissures entre Européens et Américains se sont matérialisées de manière spectaculaire à l'ONU où les Etats-Unis, rejoignant Russes et Nord-Coréens, ont voté contre une résolution réaffirmant le soutien à l'Ukraine et à son intégrité territoriale.

L'occasion pour le Kremlin de saluer mardi, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, la "position beaucoup plus équilibrée" des Etats-Unis, tout en disant ne pas voir de "signe d'équilibre" chez les Européens.

D'ici quelques semaines

Lundi, Emmanuel Macron a tenté d'infléchir la position de Donald Trump, comme le fera jeudi le Premier ministre britannique Keir Starmer.

"Nous apprécions que nos partenaires soient prêts pas seulement à continuer mais aussi à augmenter leur soutien pour notre pays et notre peuple", a déclaré M. Zelensky mardi soir en précisant qu'il avait eu un entretien téléphonique avec M. Macron.

Depuis son arrivée au pouvoir le 20 janvier, le milliardaire républicain a  opéré un revirement dans la politique américaine à l'égard de l'Ukraine. 

Il a multiplié les invectives à l'encontre de son président Volodymyr Zelensky, lui attribuant notamment la responsabilité de la guerre.

Il a même fait miroiter "des opérations majeures de développement économique" à la Russie, laquelle a souligné mardi l'existence d'un "potentiel assez large" de coopération avec Washington pour développer les importantes réserves de minerais stratégiques en Russie et en territoires ukrainiens occupés.

La guerre en Ukraine pourrait prendre fin "d'ici quelques semaines", a assuré lundi Donald Trump.

Une nouvelle rencontre entre diplomates russes et américains est prévue pour la fin de la semaine, selon Moscou, après celle du 18 février en Arabie saoudite des ministres des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et Marco Rubio.

Pendant ce temps, le Royaume-Uni et la France travaillent à un plan de déploiement d'une force européenne en Ukraine, une fois un accord de paix conclu, afin de dissuader la Russie d'une nouvelle attaque. Ces deux pays espèrent en contrepartie de "solides garanties de sécurité" américaines.

M. Trump a assuré lundi que M. Poutine accepterait ce scénario.

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