« Le transport fluvial, une manière originale de découvrir la France »
Partir en croisière sur le Rhône ou regarder la tour Eiffel depuis un bateau mouche... De plus en plus de Français optent pour le tourisme fluvial. Celui-ci génère de l'activité complémentaire sur les territoires concernés. Trois questions à Frédéric Avierinos, vice-président d’Entreprises fluviales de France (E2F).
Que représente le tourisme fluvial en France ?
Frédéric Avierinos : Il concerne environ 14 millions de visiteurs chaque année et il s'agit d'une activité extrêmement diversifié. Les bateaux promenade, depuis lesquels on admire les monuments d'une ville, concentrent 80% des volumes. Paris est le premier port fluvial du monde, mais d'autres villes sont concernées comme Lyon, Bordeaux, Strasbourg...C'est aussi le cas d'autres lieux, à l'image du marais Poitevin en Charente et du lac d'Annecy, à l'activité plus saisonnière. De plus, sont compris dans la catégorie des bateaux promenade ceux dits privatifs, dédiés aux séminaires ou mariages. Le deuxième type de tourisme fluvial est assuré par 188 paquebots de croisière qui proposent des voyages, par exemple sur le Rhône, depuis Lyon, vers la Bourgogne et jusqu'en Provence. Et enfin, la troisième catégorie est celle des 89 péniches hôtel. Celles-ci peuvent être très haut de gamme, par exemple en étant équipées de jacuzzi. L'activité est encore limitée, mais la France en est le leader. Au total, sur le plan économique, le tourisme fluvial représente 1,4 milliard d'euros de chiffres d'affaires et 6 100 emplois directs, d'après VNF,Voies Navigables de France.
De plus en plus, on parle de « slow tourisme » , de tourisme local... Celui fluvial bénéficie-t-il de cette tendance ?
Oui. Depuis huit ans déjà, l'activité du tourisme fluvial augmente de 5 à 10% par an, environ. Ce développement a été essentiellement porté par l'activité des promenades et des paquebots. La pandémie a donné un coup d'arrêt momentané à l'activité, mais elle a également servi de révélateur au moment où les Français ne pouvaient plus partir vers des destinations lointaines : le transport fluvial constitue une manière originale de découvrir la France. La clientèle locale représente donc un vivier potentiel important. Toutefois, notre activité reste encore très tournée vers le tourisme. Par exemple, sur les bateaux promenade à Paris, environ la moitié des clients proviennent des autres régions françaises et les étrangers sont majoritairement européens. Les péniches hôtels, elles, accueillent principalement des passagers américains et australiens. Aujourd'hui, à l'exception des Asiatiques, la plupart des clients sont revenus et pour l'essentiel, l'ensemble des secteurs bénéficient d'une bonne reprise. L'été s'annonce bien.
Quelles sont les perspectives pour le tourisme fluvial, dans le contexte actuel ?
Le tourisme fluvial est confronté à de multiples enjeux à commencer par celui écologique.
La pandémie avait stoppé les investissements programmés, en particulier pour le verdissement de la flotte, mais ce sujet est de nouveau d'actualité. Par ailleurs, comme d'autres filières, nous sommes soumis à une réglementation complexe. Par exemple, le matériel de sécurité qui nous est imposé est surdimensionné par rapport au danger effectif. Et les qualifications demandées aggravent les problèmes de recrutement que nous connaissons. Quant à la conjoncture, elle n'est pas sans nuages : la pandémie n'est pas réglée, le prix des matières premières augmente, le climat économique est tendu... Toutefois, les perspectives sont là : les collectivités locales sont très favorables au tourisme fluvial, qui génère une activité complémentaire sur le territoire. Aujourd'hui, il existe des projets sur l'Oise, la Marne... Mais aussi, aujourd'hui, notre grand sujet, ce sont les Jeux Olympiques de 2024. Ils prévoient une activité fluviale très importante et nous y travaillons avec l'organisateur. Il reste encore des problèmes à régler, mais cet événement va constituer un formidable coup de projecteur sur notre activité.