Trois parcs et quinze turbines en tout

Ce projet, tributaire de la fermeture de la BA 103, s’est étalé sur sept ans. Il a été développé par RP Global France. Premiers bénéficiaires : les communes de Doignies, Boursies et Mœuvres. L’Agglo de Cambrai a récupéré une partie des retombées financières.

Une vue aérienne (transmise par RP Global France. L'Enclave est une zone d'agriculture intensive ouverte à tous les vents.
Une vue aérienne (transmise par RP Global France. L'Enclave est une zone d'agriculture intensive ouverte à tous les vents.
D.R.©Rp Golbal. L’Enclave est une zone d’agriculture intensive ouverte à tous les vents.
D.R.
Le premier à parler à l’abbaye de Vaucelles : Pierre Muller, directeur de RP Global France, basée à Lille.

 

 

 

Le 13 octobre, trois parcs de cinq éoliennes, situés de part et d’autre de la D630, ont été inaugurés dans ce petit territoire rural qui présente la particularité d’être rattaché au Nord tout en étant enclavé dans le Pas-de-Calais, d’où son nom. Cet ensemble de quinze éoliennes représente une puissance installée de 49,5 MW. L’inauguration s’est déroulée pour partie à l’abbaye de Vaucelles et sur l’un des trois sites, des autocars assurant le déplacement des invités.

 

Premiers contacts. Si ces éoliennes sont en exploitation depuis cet été et constituent, dit-on, le plus grand projet éolien du Nord, l’histoire remonte aux années 2007 et 2008. Ces années-là, intéressés par ce paysage plat d’agriculture intensive ouvert à tous les vents, des promoteurs ont commencé à démarcher les propriétaires et les communes de Doignies, Boursies et Moeuvres. Pour les budgets de ces petites communes isolées, un tel projet représentait des retombées financières non négligeables : «du beurre dans les épinards», a dit un élu.

 

Fusion avec la CAC. L’aubaine était d’autant plus belle qu’à l’époque toutes les trois faisaient partie de la communauté de communes de l’Enclave qui n’avait pas encore été fusionnée avec la communauté d’agglomération de Cambrai (la CAC). L’absorption administrative est intervenue le 1er janvier 2013. Elle a suscité des négociations, modifié le calcul des retombées et laissé des regrets aux élus qui n’étaient plus tout à fait «enclavés».

 

RP Global. Avant la fusion intercommunale, les élus de l’Enclave avaient choisi, en 2009, la société autrichienne RP Global. Celle-ci avait créé, en 2008, à Lille, une filiale française. Elle compte une douzaine de salariés et elle est dirigée par Pierre Muller. RP Global France a joué le rôle du développeur avec, comme partenaire financier, le groupe allemand Talanx, spécialisé dans les assurances et devenu propriétaire des trois parcs en juillet 2015. La société lilloise reste en charge de l’exploitation des éoliennes qui représentent un investissement de l’ordre de 70 millions.

 

BA et ZDE. Les implantations de parcs éoliens industriels sont soumises à des procédures administratives et engendrent toujours, on le sait, le débat, tant autour des retombées financières espérées que de leur impact sur l’environnement et la qualité de vie des habitants les plus proches…

Rappelons simplement que dans le cas présent, la zone de développement éolien (ZDE) a été autorisée par la préfecture de Région le 15 février 2012 et que les discours inauguraux ont rappelé que ce projet avait dû attendre la fermeture définitive de la BA 103 dont les installations, de radar notamment, n’étaient pas compatibles avec des éoliennes. Les tours font 84 m de haut et les rotors, 112 m de diamètre. Un élu a noté, dans son discours, qu’en 2014, le projet était encore dans l’incertitude pour les communes et entreprises concernées.  

 

La Région et les éoliennes. La Région des Hauts-de-France fait partie des bénéficiaires des retombées financières (voir encadré) mais rappelons que son président, Xavier Bertrand, a pris position, dans son programme, contre les éoliennes, peu créatrices d’emplois pour lui, et indiqué sa préférence pour les centrales nucléaires… Une position qui ne contribue pas à rendre très lisibles les politiques publiques invoquant la transition énergétique ou le développement des énergies renouvelables.

 

ENCADRE

Un point sur les retombées 

Selon RP Global France, les retombées estimées de ces quinze éoliennes sont les suivantes : 640 000 euros en tout par an et pendant 20 ans pour les collectivités ; avec 45 000 euros par an pour chacune des trois communes et 250 000 euros pour la CAC, le reste allant au Département et à la Région. A la CAC, on précise que l’Intercommunalité doit toucher 50% de l’IFER (Imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux, appliquée depuis 2010). À cette répartition, s’ajoutent les loyers qui seront perçus par les propriétaires de terrains et les exploitants agricoles (en plus des indemnités prévues pour les récoltes perdues la première année). Les baux sont de 40 ans.

Côté emplois, en dehors des études et chantiers qui ont suscité de l’activité (20 entreprises et une centaine de personnes ont été concernées), il a été dit que le parc éolien profitait à six emplois situés dans l’unité Vestas ouverte en 2010 non loin de là, à Bapaume. Cette société est spécialisée dans la construction et la maintenance des éoliennes. Pour l’entreprise lilloise, le chiffre d’affaires attendu est de l’ordre de 12 millions. Et n’oublions pas que le prix de rachat, par EDF, de l’électricité ainsi produite est subventionné dans le cadre d’un contrat et d’un tarif prédéfinis.