"Très heureux" à la Banque de France, son gouverneur écarte l'hypothèse Bercy

Il se dit "très heureux" comme gouverneur à la Banque de France: alors que son nom est régulièrement avancé dans les cercles politiques, François Villeroy de Galhau a balayé mercredi la possibilité de prendre le portefeuille de l'Economie et des...

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, au Forum économique mondial, à Davos (Suisse), le 16 janvier 2024 © Fabrice COFFRINI
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, au Forum économique mondial, à Davos (Suisse), le 16 janvier 2024 © Fabrice COFFRINI

Il se dit "très heureux" comme gouverneur à la Banque de France: alors que son nom est régulièrement avancé dans les cercles politiques, François Villeroy de Galhau a balayé mercredi la possibilité de prendre le portefeuille de l'Economie et des Finances dans le gouvernement en formation de Michel Barnier.

"Je suis très heureux à la Banque de France et je crois y être utile à l'intérêt général, donc chacun à sa place", a lancé mercredi sur BFMTV-RMC celui qui pilote la banque centrale française.

A chacune de ses récentes interventions médiatiques, la question de son intérêt pour Bercy ne manque pas de lui être posée. Et son nom a circulé tout l'été, même s'il n'est pas le seul à être envisagé à ce poste - les députés socialiste Philippe Brun et Liot Charles de Courson ont décliné.

Le profil de François Villeroy de Galhau a de quoi séduire au moment où le Premier ministre Michel Barnier, dépourvu de majorité absolue à l'Assemblée nationale, espère pouvoir attirer au gouvernement des personnalités de tous horizons. 

Partisan de l'orthodoxie budgétaire tout en défendant les plus fragiles, ce polytechnicien et énarque de 65 ans étiqueté à gauche plaît aux milieux économiques.

"Ils cherchent quelqu'un de technique, rassurant", confie un conseiller de l'exécutif sortant. Et "il coche la case de la gauche libérale", lui qui a officié dans plusieurs cabinets de gauche, dont celui de Dominique Strauss-Kahn à Bercy. 

Bon équilibre

"Il est perçu comme quelqu'un de compétent, solide. Il est en permanence à la recherche du bon équilibre", souligne un économiste de premier plan interrogé par l'AFP, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

A ce stade, son ralliement apparaît toutefois improbable. "Même pour la constitution de cabinets, on a eu beaucoup de mal à recruter, parce que tous disent qu'ils ne veulent pas s'engager pour quelques mois", relève une ministre sortante.

Pas encore formé, le prochain gouvernement s'attire en effet déjà des menaces de censure. 

Trouver qui remplacera Bruno Le Maire à Bercy sera d'autant plus délicat que ce dernier laisse la France dans le rouge, confrontée à une dérive de ses comptes publics après des crises successives.

Face à un tel défi, l'historique de François Villeroy de Galhau joue en sa faveur, selon l'économiste: "Il a baissé le niveau de la dépense à la Banque de France (...) avec un souci d'amélioration de l'organisation. Il n'y pas eu de baisse de la qualité du service, au contraire."  

Après un passage dans le privé, notamment au sein de la direction de BNP Paribas, ce haut fonctionnaire issu d'une riche famille industrielle de l'Est du pays, qui se dit très attaché au service public, est devenu gouverneur de la Banque de France en 2015. Son mandat a été renouvelé en 2021 pour six ans.

Maladies chroniques

A la tête de cette institution indépendante, il plaide régulièrement pour une maîtrise des dépenses publiques et pour le respect des engagements du pays en matière de désendettement et de réduction du déficit public. 

"Il faut clarifier la politique économique et la politique budgétaire", a-t-il insisté sur BFMTV.

"Nous sortons d'une maladie aiguë, c'est l'inflation", estime celui qui siège aussi au conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), engagée dans la lutte contre la hausse excessive des prix. "Maintenant, il est temps de s'occuper activement de nos deux maladies chroniques: en France, nous avons trop de dette et nous n'avons pas assez de croissance." 

Dénonçant "la zizanie" politique actuelle, il tacle: "Sur notre scène publique, il faudrait qu'on parle un peu moins et qu'on agisse un peu plus."

Pour ramener le déficit du pays à 3% du PIB dans les cinq ans - et non dès 2027 comme le vise le gouvernement sortant, une perspective non réaliste selon lui -, le gouverneur est allé mercredi jusqu'à mettre des chiffres sur les efforts qu'il estime nécessaires: 20 milliards d'euros à trouver par an, dont 15 milliards d'économies sur les dépenses et 5 milliards de hausses d'impôts visant "temporairement" certaines grandes entreprises et gros contribuables, et non les classes moyennes et PME.

Pour Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade, voir François Villeroy de Galhau à Bercy serait "un bon signal (lancé) aux milieux économiques" et "à Bruxelles sur le sérieux budgétaire".

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