Création d'entreprises
Transmission : l’urgence est de plus en plus de mise
En novembre, c’est le mois de la transmission-reprise d’entreprise. Le réseau des chambres de commerce a décidé, de nouveau, de sensibiliser sur cette urgence. Dans les dix ans à venir, plus de 500 000 entreprises seront à reprendre au niveau national avec toutes les conséquences en termes d’emploi. En Lorraine, la réactivation l’an passé du Pacte Transmission-Reprise ou encore les travaux effectués avec l’antenne régionale du CRA (Cédants et repreneurs d’affaires) sont autant de leviers actionnés.
La transmission et la reprise d’entreprises sont souvent les parents pauvres de l’entrepreneuriat. Si rien n’est fait, c’est tout un pan économique qui va disparaître sur notre territoire. L’an dernier, François Pélissier, le président de la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle tirait par ces propos, de nouveau, la sonnette d’alarme sur la problématique récurrente de la transmission d’entreprise à l’occasion d’un partenariat avec l’antenne régionale du CRA (Cédants et repreneurs d’affaires). Dans les dix années à venir, en Meurthe-et-Moselle ce sont près de 7 500 entreprises qui sont à transmettre. Un an après, l’urgence est toujours de mise même si les demandes en matière de cessions d’entreprises semblent avoir augmenté cette année.
«Nous enregistrons beaucoup de demandes sur le sujet mais l’une des raisons principales est le contexte économique. Bon nombre de propriétaires d’entreprises, et notamment de fonds de commerce, entendent céder leurs affaires. Ils comptent sur la vente de leur commerce pour préparer leur retraite», explique Mohamed Khalij, conseiller en entreprise à la direction des services aux entreprises de la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle. Transmettre à tout prix, pas si simple !
«Le processus de transmission peut aller de dix mois pour une entreprise de moins de dix salariés jusqu’à deux ans pour une structure de taille plus importante.» L’anticipation s’avère toujours le maître-mot. Reste que «80 % des entreprises en Meurthe-et-Moselle ont moins de dix salariés. Elles ne possèdent pas réellement les moyens d’anticiper et de préparer une transmission.»
En ce mois de novembre, le réseau des chambres de commerce a décidé de faire de cette problématique de la transmission-reprise son fil rouge. Ce mois de la Transmission-Reprise a pour objectif de sensibiliser au niveau national avec des actions locales (voir encadré) mais surtout de conseiller et d’accompagner. «Un quart des dirigeants de PME et d’ETI a plus de 60 ans et 11 % plus de 65 ans. Or, un tiers des dirigeants âgés de 65 ans ou plus ne se préoccupent pas encore de la transmission de leur entreprise», note le réseau consulaire des chambres de commerce.
Dans les dix ans, plus de 500 000 entreprises seront à reprendre dans l’Hexagone, 7 500 pour le seul département de Meurthe-et-Moselle, l’urgence de la transmission augmente d’année en année.
Pacte Transmission - Reprise II
Dans la région, ce sont près de la moitié des dirigeants de PME qui sont âgés de 50 ans et plus. «À moyen et long terme, ce sont de nombreuses entreprises, majoritairement de petite taille ne comptant aucun ou un seul salarié et générant des revenus limités qui seront à céder. L’objectif est de garder sur le territoire ce pan économique local», assure Yves Schutlz, le directeur Services aux entreprises de la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle. L’an passé, le Pacte Transmission-Reprise (mis en œuvre par la Région Grand Est, les chambres de commerce et les chambres de métiers et de l’artisanat) a été réactivé après avoir été lancé avant la crise sanitaire de 2019. Ce Pacte Transmission II entend renforcer cet objectif d’information et de sensibilisation sur le sujet. Une chaîne Youtube a été mise en place : (www.pacte-transmission-reprise-grandest.fr). Un parcours d’accompagnement est proposé à la fois pour les cédants et les repreneurs.
Pour les cédants, ce parcours va de l’évaluation de l’entreprise jusqu’à la mise en relation avec des candidats repreneurs. «C’est ce que nous appelons le diagnostic qualification-transmission qui comprend des entretiens confidentiels, des visites d’entreprises et l’élaboration d’un plan d’action et une mise en relation avec des experts le cas échéant.» Du côté des potentiels repreneurs, un diagnostic repreneur (entre 6 h et 8 h selon la nature du projet) avec évaluation du profil entrepreneurial, l’élaboration d’un cahier des charges (juridique, financier, fiscal, social), mise en place d’un calendrier prévisionnel de reprise et création d’un compte repreneurs sur une bourse d’opportunités, est proposé.
«L’accompagnement concerne les entrepreneurs qui ont identifié une entreprise à reprendre. En plus de l’accompagnement sur les aspects juridiques, fiscaux, patrimoniaux, réglementaires et environnementaux du repreneur, une analyse de l’entreprise cible est effectuée ainsi qu’une étude financière prévisionnelle.» Le parcours délicat de la cession et de la reprise se veut donc être ainsi encadré et accompagné histoire notamment de pousser certains porteurs de projets entrepreneuriaux d’abattre la carte de la reprise d’entreprise. Créer son entreprise demeure toujours plus facile que d’en reprendre une. Reste que les chiffres parlent d’eux-mêmes. 80 % des entreprises transmisses sont toujours présentes cinq ans après, contre 55 % pour les entreprises créées.
Les bonnes questions décryptées
Dans le cadre du mois de la Transmission-Reprise, organisé par le réseau national des chambres de commerce, la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle, la chambre des métiers et de l’artisanat, la Région Grand Est et l’antenne régionale du CRA (Cédants et repreneurs d’affaires) organisent le 28 novembre dans les locaux nancéiens de la CCI (à partir de 17 h 45) une conférence sur le thème : «Transmettre ou reprendre une entreprise : se poser les bonnes questions». Au programme : interventions d’experts et témoignages d’entreprises. Plus d’infos sur le https://www.nancy.cci.fr/