Traitement des déchets médicaux : un maillon industriel indispensable en pleine crise sanitaire

Pendant la crise sanitaire qui s'est abattu sur la France ces derniers mois, l'usine d'incinération industrielle Inova opérations, à Noyelles-sous-Lens, n'a pas arrêté son activité. Les besoins en traitement des DASRI ("déchets d'activité de soins à risques infectieux") ont même doublé. Retour sur une période qui marquera l'histoire du site.

Traitement des déchets médicaux : un maillon industriel indispensable en pleine crise sanitaire

«C’est ici que la Covid meurt, en quelque sorte», indique Raymond Gorak, le rire jaune. A la tête de l’usine d’incinération de déchets Inova opérations, à Noyelles-sous-Lens, il se remet tout juste de la crise sanitaire que son équipe a dû affronter à une allure effrénée.

Le site fait partie des quelques usines de France autorisées à brûler les DASRI (“déchets d’activité de soins à risques infectieux”). C’est-à-dire les déchets provenant directement de malades ou de professionnels de la santé, tels que les masques, gants et blouses, largement utilisés pendant l’épidémie de Covid-19, mais aussi les habituels pansements, sondes, seringues ou autres flacons…

98% de ces matériels médicaux usagés sont récoltés et amenés par des transporteurs spécialisés tels que Proserve Dasri et Cosmolys. Les 2% restants sont rapportés par les professionnels libéraux eux-mêmes.

Pendant la crise sanitaire, jusque 400 conteneurs de ce genre étaient brûlés chaque jour.

Obligation de refuser certaines demandes

En temps normal et en plus de la combustion de déchets ménagers, l’usine Inova de Noyelles-sous-Lens brûle jusqu’à 3 500 tonnes de DASRI par an. Cette année, avec l’arrivée de l’épidémie, le tonnage maximum autorisé par la législation sera atteint, soit 5 000 tonnes par an. Une fois cette limite dépassée, le centre est obligé de renvoyer les déchets chez un homologue voisin. «Des centres de la région parisienne voulaient nous envoyer leurs déchets. Nous avons dû refuser parce que nous en recevions déjà trop, rien que pour les Hauts-de-France.» L’usine reçoit en effet des déchets de toute la région, majoritairement du Nord et du Pas-de-Calais, mais aussi de la Somme. Et pour cause : tous les sites d’incinération de déchets ménagers ne brûlent pas les DASRI. Après Noyelles-sous-Lens, les usines habilitées les plus proches se trouvent à Douchy-les-Mines, puis à Créteil.

Effectif doublé

«Nous n’avons pas vu les effets de la Covid-19 tout de suite. Les quinze premiers jours du confinement ont été assez tranquilles», se souvient Raymond Gorak. Mais la cadence a accéléré si soudainement que son équipe est passée sous pression. A son rythme de croisière, l’usine brûle 200 containers de DASRI par jour. Au pic de la crise, on en comptait le double. «Après réception des DASRI, nous avons au maximum 72 heures pour les éliminer. Nous avons dû doubler les effectifs pour gagner du temps et alimenter nos deux fours sans rupture. Normalement, une seule personne gére l’incinération à chaque poste, matin, midi et soir. Pendant le confinement, ils ont travaillé en binôme.» Bien qu’habitués au traitement des DASRI (l’usine le fait historiquement depuis 1993, ndlr.), les employés avouent s’être inquiétés pour leur santé. «Malgré les équipements de protection adaptés, le fait de tenir entre ses mains une benne sur laquelle il est écrit ‘Covid’ fait peur. Mais mes salariés ont fait preuve de dévouement. Pas un seul n’a souhaité se retirer de ses responsabilités», souligne Raymond Gorak. Il n’y a d’ailleurs eu aucun cas de Covid-19 au sein des 26 employés de l’usine.

A l’instar du personnel soignant et des autres travailleurs en première ligne pendant la crise sanitaire, ils se sont vu remettre une prime sur leur salaire du mois juin. Les heures supplémentaires ont également été payées à 100%.