Trafic fluide à Dunkerque, deux mois après le Brexit

Tant au port de Dunkerque que dans les milieux économiques locaux, le constat est le même : le Brexit n’a pas engendré la congestion du trafic transmanche tant redoutée en raison des formalités administratives et douanières supplémentaires.

Le trafic transmanche, ralenti actuellement, fonctionne normalement au port de Dunkerque deux mois après le Brexit.
Le trafic transmanche, ralenti actuellement, fonctionne normalement au port de Dunkerque deux mois après le Brexit.

Un trafic transmanche complètement congestionné avec des files de camions à l’arrêt sur l’A16… Ce scénario catastrophe était dans toutes les têtes en décembre dernier alors que la Grande-Bretagne s’apprêtait à quitter l’Union européenne le 1er janvier 2021. Rien de tout cela finalement. Dans un communiqué, le Port de Dunkerque se réjouit même de voir que «l’accès au terminal ferry Dunkerque-Douvres est resté fluide, aussi bien pour le trafic de fret que pour l’activité des véhicules de tourisme». 

Selon le Port, cette absence de congestion est due au gros travail réalisé par l’ensemble des acteurs publics et privés, en amont du Brexit, pour gérer les flux : formalités douanières, contrôle des produits soumis à expertise vétérinaire ou phytosanitaire et adaptation des infrastructures portuaires.

Ainsi, le port de Dunkerque a investi plus de 2,3 millions d’euros en parkings d’attente, en zones de contrôle et aménagement de bâtiments afin que le terminal soit prêt pour le 31 décembre 2020. Mais évidemment, l’accord trouvé in extremis entre les deux parties a aussi permis de limiter le retour de contrôles, aussi bien pour les citoyens que pour les acteurs économiques, qui auraient participé à congestionner le trafic. 

Notons enfin que le ralentissement des flux transmanche en ce début d’année 2021 - dû, d’une part, au phénomène de surstockage constaté en fin d’année 2020 avant l’entrée en vigueur du Brexit et, d’autre part, à la crise sanitaire et aux restrictions de déplacements qui continuent d’impacter fortement le trafic des véhicules de tourisme - contribue forcément à faciliter la mise en application des nouvelles procédures.

L'avis des PME

Globalement, les acteurs économiques locaux ont, eux aussi, une lecture positive des premières semaines de mise en application des procédures post-Brexit. 

A l’image de Dristriplast, une PME dunkerquoise spécialisée dans la fabrication de plaques alvéolaires dont la majeure partie est destinée au marché britannique. «Cela se passe beaucoup mieux que ce que l’on pouvait craindre, constate son dirigeant, Vincent Boggio. Notre niveau d’activité avec la Grande-Bretagne est resté le même, sans doute parce que l’accord trouvé en dernière minute a permis d’empêcher la taxation de nos produits. Cela a été un réel soulagement. Au niveau des nouvelles procédures administratives et douanières, tout se passe bien parce que nous nous y étions préparé depuis plus de deux ans et que la plupart de nos partenaires transporteurs routiers s’y étaient également bien préparés.» 

Vincent Boggio apprécie aussi que ses clients britanniques acceptent de prendre à leur charge les frais supplémentaires engendrés par les nouvelles formalités. Et le dirigeant de sourire : «Après tout, le Brexit, ce sont eux qui l’ont voulu !»

"Le trafic reste fluide malgré tout"

Même constat chez Duncold-Dunfrost, une entreprise de stockage de produits frais et surgelés (filiale du groupe belge Conhexa) implantée sur le port de Dunkerque. «Nous avons un très gros client anglais qui nous confie le groupage de l’ensemble de ses flux européens en produits surgelés vers la Grande-Bretagne. Depuis le Brexit, nous lui proposons des services supplémentaires pour répondre aux nouvelles exigences douanières et administratives. A ce jour, tout se passe correctement et le trafic reste fluide malgré tout. Sans doute grâce à une très bonne préparation et une implication en amont de la part de toutes les parties : clients, fournisseurs, logisticiens, service des douanes, transporteurs et autres prestataires de services. Il est vrai que nous avions anticipé ces points depuis des mois pour une coordination optimale. C’est donc un pari gagné pour la première étape du Brexit. Nous espérons que les suivantes (1er avril, mise en place des documents vétérinaires et phytosanitaires et 1er juillet, contrôles systématiques de ces documents) se passeront aussi bien», résume Luc Van Holzaet, directeur management du groupe.