Top départ pour les travaux du canal Seine-Nord Europe
Les tout premiers travaux du canal Seine-Nord Europe ont commencé. Une étape décisive pour l’association Seine-Nord Europe qui s’appelle désormais Alliance Seine-Escaut, œuvrant depuis plus de vingt ans à la concrétisation de ce chantier de 5 milliards d’euros.
«Seine-Nord Europe a changé de nom pour devenir Alliance Seine-Escaut parce qu’elle n’a plus à se battre aujourd’hui pour la réalisation du canal», a résumé Philippe Marini, président de l’association et maire de Compiègne, le 21 septembre dernier à Paris, à l’occasion de son assemblée générale. «Il nous faut donc passer à une autre phase, celle de la promotion du canal et du mode fluvial sur toute la région nord de la France. Si nous avons adopté cette nouvelle appellation, c’est pour marquer que le Seine-Nord n’était que le maillon manquant sur la carte européenne des voies navigables.»
Jean-François Dalaise, vice-président, secrétaire général et trésorier de l’association, poursuit : «On passe d’une phase institutionnelle à une phase économique, et nous souhaitons nous placer en avant de la réalisation. Notre alliance a pour objet de susciter des stratégies, d’encourager des décisions d’investissements.»
«Feu vert pour démarrer les travaux»
C’est donc une étape décisive qui vient d’être franchie après plus de vingt ans d’attente. Les premiers travaux du canal Seine-Nord Europe, qui doit relier l’Oise au canal Dunkerque-Escaut, de Compiègne à Aubencheul-au-Bac, ont démarré. L’occasion pour Pierre-Yves Bliet, directeur «Partenariats territoires Europe» au sein de la Société du canal Seine-Nord Europe, de faire un état des lieux de ce chantier de plus de 5 milliards d’euros, dont 1,7 milliard engagé d’ici 2030. «Nous sommes dans une phase à la fois de procédure et d’autorisation environnementale, sur le secteur 1 entre Compiègne et Noyon. L’impact de la crise Covid est mesuré», résume Pierre-Yves Bliet, qui estime des retards d’un trimestre à un semestre selon les opérations concernées.
Sur le secteur 1, une étape décisive a ainsi été franchie avec l’obtention de l’autorisation environnementale en avril - «le feu vert pour démarrer les travaux», note Pierre-Yves Bliet. En premier lieu, des opérations légères de type voiries sont en cours, suivies par la réalisation des quais sur Ribécourt-Dreslincourt et Pimprez, des déboisements (compensés par des plantations déjà enclenchées sur d’autres zones)… «Un montant de 200 millions d’euros a été investi cette année et est prévu en 2022.»
Pas de nouveaux dérapages
En parallèle, la Société du canal Seine-Nord Europe, très présente sur le territoire, a organisé 250 temps de rencontres. «De nombreuses personnes comprennent aujourd’hui que le projet devient une réalité et se posent des questions précises», relève Pierre-Yves Bliet. L’occasion de mettre en avant les impacts positifs attendus, notamment sur l’emploi. Quatre cents personnes sont déjà mobilisées : maîtres d’œuvre, prestataires, services de l’Etat… dont presque 10% bénéficient de dispositifs d’insertion spécifiques. Jusqu’en 2030, 13 000 ETP devraient ainsi être mobilisés, créés, consolidés ou sauvegardés grâce aux travaux du canal.
Plusieurs fois, les intervenants ont rappelé la nécessité d’homogénéiser les caractéristiques des voies navigables qui se trouveront connectées et de concevoir ces axes à une échelle européenne. Un autre point de vigilance émerge au regard des longues années de délai : «Je serai toujours attentif à éviter que de nouveaux dérapages de calendrier se produisent. Nous n’avons pas le droit d’entraîner les acteurs économiques dans ce type de dérapages car ils ne seraient plus au rendez-vous», prévient Jean-François Dalaise.
Reste donc désormais à sensibiliser les habitants et à rallier le maximum d’acteurs économiques du territoire au-delà de ceux déjà actifs au sein d’Alliance Seine-Escaut. «Pierre-Yves Bliet a également fait un travail important avec les élus, il a regardé les projets, les a parfois revus en fonction des utilisations. (…) Le travail de la Société du canal permet aux habitants de s’approprier le projet», souligne, en conclusion, Carole Bureau-Bonnard, députée de l’Oise, présidente du groupe d’études «Voies navigables, transports multimodaux et canaux».