Relocalisation

Technic France prépare sa plus grande usine à Amiens

Le groupe Technic fait partie des 58 nouveaux projets de relocalisation annoncés par le Gouvernement fin octobre. Ce spécialiste sur le marché des produits pour la fabrication des semi-conducteurs a pour objectif de rénover et réhabiliter un site majeur à l’abandon à Amiens pour reconstruire de toutes nouvelles unités de production. Une quarantaine d'embauches est prévue pour un démarrage en 2023. 


La future usine Technic d'Amiens vise la production de produits chimiques de performance pour l’industrie européenne des semi-conducteurs.
La future usine Technic d'Amiens vise la production de produits chimiques de performance pour l’industrie européenne des semi-conducteurs.

Lors de l’annonce du Gouvernement, fin octobre, des 58 nouveaux projets de relocalisations, Technic France, spécialisée dans le développement et la production de produits et procédés pour l’industrie électronique, faisait part de son projet de rénover et réhabiliter un site majeur à l’abandon à Amiens. 

La PME souhaite reconstruire, pour un budget de plus de 15 millions d'euros, de toutes nouvelles unités de production et s’appuyer sur un nouveau centre de R&D. Objectif : développer, fabriquer et commercialiser des produits chimiques de performance ultra-technologiques indispensables à la fabrication des semi-conducteurs les plus avancés. 

Plus de 40 emplois pourraient être créés. « Il s'agit d'un ancien site de distribution de produits chimiques de 22 000 m². Il est classé Seveso seuil haut, dans la zone industrielle d'Amiens près des autoroutes, des ports européens et proche de notre site historique de Saint-Denis. Nous sommes partis pour une reconstruction complète d’installations dernier cri en nous appuyant sur notre expertise et savoir-faire. De quoi en faire notre 5ème usine en France et la plus grande », expose Philippe Vernin, président du groupe Technic France qui compte une centaine de salariés et enregistrera un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros en 2021. Les aides proposées par la Région, la Métropole ou le ministère ont été un élément déterminant du choix d’implantation et vont permettre une accélération du projet. Le démarrage est prévu en 2023. Avec ce site amiénois plus compétitif, Technic compte prendre des parts de marché et atteindre 10 à 15 000 tonnes de production d’ici à cinq ans.

Technic est un des acteurs les mieux placés pour relocaliser en Europe le marché des semi-conducteurs.

Un marché du semi-conducteur très tendu

Jusqu’à présent l’Asie captait l’essentiel de la croissance et des investissements dans le semi-conducteur. « La pénurie actuelle de semi-conducteurs a mis en évidence la dépendance de l’Europe dans ce domaine. Ce qui a fait réagir les autorités nationales et européennes qui cherchent maintenant à accélérer les investissements et à attirer les leaders technologiques mondiaux, comme Intel ou TSMC. Mais ces nouvelles usines auront besoin de fournisseurs locaux pour pouvoir produire », assure le président du groupe

En effet, le Covid a rebattu les cartes avec des ventes d’ordinateurs, tablettes, imprimantes, TV et consoles qui ont explosées. Le minage de crypto-monnaies assèche le marché des puces graphiques. Les fondeurs asiatiques sont débordés et privilégient donc les produits à forte valeur ajoutée. Les producteurs européens, eux, se sont recentrés sur les communications, l’image, la sécurité, et l’automobile, décrit Philippe Vernin. Les Européens sont ainsi très bien placés sur les nouvelles applications et les perspectives sont très bonnes. Ce qui explique une forte reprise des investissements européens. Sur fond de tension logistique majeures, ces acteurs ont besoin de fournisseurs locaux qui puissent supporter leur croissance et leur évolutions technologiques tout en satisfaisant aux normes environnementales européennes beaucoup plus strictes. Technic est un des acteurs les mieux placés pour relocaliser en Europe. »

Technic France, leader en Europe

Ainsi, les acteurs européens de ce secteur des semi-conducteurs cherchent des capacités et accélèrent leur plan d’investissement. Les Infineon, Villach et Dresden, ST micro, Agate et Crolles, Bosch et Global Foundries ont annoncé des augmentations de capacité et doivent aussi sécuriser leur avenir. 

Les industriels cherchent, quant à eux, à sécuriser leur approvisionnements et sont inquiets des problèmes logistique actuels (fret maritime). Ils demandent donc à leur fournisseurs de trouver des solutions de production locales. Technic France est devenu leader en Europe avec ses propres produits mais aussi parce que l'entreprise fabrique pour le marché européen des fournisseurs mondiaux qui sont maintenant contraints par les demandes de relocalisations. 

Le potentiel en Europe est encore très important en sous-traitance ou en direct. « Technic Ultra Pure, l'entité qui porte le projet amiénois, est encore très petite globalement mais elle se développe à marche forcée sous contrôle de Technic France, conclut le président de Technic France. Toutes nos usines françaises sont proches de la saturation. Nous optimisons la capacité au maximum en transférant de Saint-Denis vers les autres sites tout ce qui peut l’être. Nous avons un potentiel de croissance important et des opportunités supplémentaires à l’export. Nous avons aussi de nouveaux produits à très fort potentiels, fruits de notre R&D, qui nécessitent de nouvelles capacités de production. C'est d'ailleurs notre énorme effort de R&D qui nous donne de l’avance technologique pour assurer notre potentiel de croissance en Europe et notre développement international. Notre usine américaine démarre fin 2021. Singapour se prépare et Technic China construit un projet. »