À Lille

Suzanne, un bistronomique au grand coeur

Le restaurant lillois a ouvert ses portes en mars 2022. Les Lillois en raffolent, les critiques gastronomiques aussi. Plongée dans l'univers du jeune chef Lucas Tricot.

Lucas Tricot, propriétaire et chef du restaurant Suzanne. © Lena Heleta
Lucas Tricot, propriétaire et chef du restaurant Suzanne. © Lena Heleta

Prenez une brigade de dix jeunes à peine trentenaires, placez-les derrière une superbe vitrine art déco (l'ancienne librairie de la place du bien nommé Philippe Lebon), saupoudrez de bonne humeur et vous obtiendrez le restaurant Suzanne.

Un établissement lillois qui, depuis mars 2022, a largement fait ses preuves sous la houlette de l'ancien chef du célèbre établissement Les Oiseaux, rue Inkermann (voir encadré) : une toque Gault Millau, l'adoubement de Michelin, le petit resto de 40 couverts en salle (et autant en terrasse) a été élu en mai dernier – par ceux qui l'ont écumé –, meilleur restaurant du site lifestyle Lille addict.

Mais parlons peu, parlons plats. Ne manquez pas la gaufre Rosette, que nous avons testée pour notre plus grand délice. Vous pourrez également déguster des Saint-Jacques-topinambour-sapin, du cochon-brocolis-blette et un dessert chocolat-cèpes-oseille. Vous retrouverez ces mets délicats et accessibles à la carte, ou sur deux différents menus midi/soir (voir encadré).

La façade Art déco de Suzanne © Lena Heleta

​«On retravaille des recettes classiques qui sont pour nous réconfortantes, presque régressives»

Le nom de l'établissement, qui est aussi celui de la grand-mère d'Elisa Rodriguez, la compagne de Lucas Tricot qui officie en pâtisserie et fait tourner la boutique avec lui, résume peut-être l'esprit Suzanne : «Un prénom traditionnel, mais qui est revenu à la page avec toutes les petites filles appelées ainsi ces dernières années. Chez nous, on plonge ainsi dans une époque bistrotière modernisée», analyse le chef de 29 ans. «Nos plats sont confectionnés autour de peu mais de bons produits. On retravaille des recettes classiques de la gastronomie française qui sont pour nous réconfortantes, presque régressives».», résume-t-il.

«Nos bases sont ainsi très françaises, même si on retrouve un peu de montagne – enfant, je passais toutes mes vacances en Haute-Savoie –, et de pays nordiques car j'ai grandi à Lille», relate-t-il encore. «On ne se prend pas la tête avec des triples saltos arrière. On fait simple», ajoute celui qui a fait ses armes auprès des plus grands (voir encadré). L'aficionado des sauces aime également mettre en valeur le végétal, «avec des herbes, des pousses…». Si l'établissement n'est pas végétarien, l'équipe peut adapter ses menus en fonction de la demande. 

Le restaurant Suzanne, 40 couverts en intérieur. © Lena Heleta

Désormais, celui qui après Les Oiseaux (il avait été repéré par le réseau de la gastronomie responsable des Hauts-de-France Les Sublimeurs pour prendre ce poste) «avait envie avec Elisa de se voir aussi un peu plus et de travailler avec une grosse équipe pour ne pas se saigner au travail», se retrouve, en tant qu'entrepreneur, «chef, mais aussi plombier, électricien et médecin généraliste !», plaisante-t-il. Mais tout est pour le mieux. Après une période post-covid compliquée, Suzanne cartonne et «les clients sont contents». Si bien que le restaurant va déménager pour des locaux plus grands, 350 m² près du musée d'Histoire naturelle de Lille. Suzanne nous réserve donc encore de belles surprises. Patience…

Lucas Tricot nous a cuisiné son best-seller : la «gaufre Rosette» © Lena Heleta

À l'école de la vie…

Lucas Tricot est né et a grandi à Lille, où il passe un BAC ES au lycée Pasteur à 17 ans. «Ensuite, j'étais parti pour aller à la fac, mais il y a eu un décès dans ma famille et j'ai eu besoin d'aller travailler rapidement». Le jeune homme fait alors six mois de plonge au Petit Barbue d'Anvers, «puis un peu de mise en place, et au bout d'un an et demi je savais gérer un poste». Il file ensuite au Grand Barbue, et passe son apprentissage en candidat libre. Celui qui «n'aime pas trop» le terme «autodidacte», préférant rappeler qu'il a tout appris auprès de grands chefs, se dirige vers sa Savoie natale, où il officie dans un gastronomique cinq étoiles. Arrive alors «l'étape-clé» : le 28 Thiers à Lille, où il est embauché comme pâtissier. «L'ambiance était géniale, c'est là que ma créativité est née. Je suis devenu un passionné d'écriture pour inventer des plats sur papier. Les trois quarts de mes plats sont d'ailleurs écrits avant d'être testés !», confie Lucas. Il continue ensuite sa route direction L'Union Fait la Sauce à Tourcoing, avant de rejoindre, aux Toquées, le chef étoilé Benoît Bernard. Arrive enfin l'aventure Les Oiseaux, où, repéré par le réseau de la gastronomie responsable des Hauts-de-France Les Sublimeurs, il est embauché comme sous-chef puis comme chef. «Au bout de cinq ans, je commence seulement à m'amuser. Je ne me sens pas encore cuisinier accompli. C'est cela qui est très émouvant», conclura modestement Lucas Tricot.

Infos pratiques

  • 4 place Philippe Lebon à Lille

  • Ouvert du mardi au samedi. Fermé le mercredi midi

  • Un menu qui varie tous les mois au rythme des saisons

  • Le midi : un menu à 27 euros, un à 35 euros, ou un choix à la carte

  • Le soir : cinq services à 59 euros ou sept services à 76 euros

  • Tous les menus sont déclinables en version végétarienne

Le chef en cuisine. © Lena Heleta