Sur l’ex-territoire picard, le marché immobilier est en pleine mutation

Si le marché immobilier local enregistre une légère contraction, les mutations induites par la crise sanitaire devraient durablement se poursuivre.

Le marché immobilier de l’ex-territoire picard est en pleine mutation. ©Aletheia Press/ DLP
Le marché immobilier de l’ex-territoire picard est en pleine mutation. ©Aletheia Press/ DLP

« Nous avons vu effectivement arriver de nouveaux acquéreurs après la Covid : Des acquéreurs séduits par le côté rural. Mais depuis quelques mois, on voit un petit ralentissement parce que nous avons moins de biens, ce qui bloque un peu les mutations en cours », explique Bastien Trolliard, à la tête de The New Agency à Château-Thierry et élu à la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim). 

Une baisse comparable à celle qui touche l’ensemble du territoire national, puisque selon le baromètre de février 2022 publié par Se Loger les ventes ont reculé de 5,7% en début d’année, soit une chute de 14,3% par rapport en janvier 2021. « Nous avons connu trois belles années, je pense qu’on va revenir sur un marché un peu plus équilibré, notamment en termes de prix », poursuit l’agent immobilier.

Un retour à la normale illustré spécifiquement par l’indice de la marge de négociation en Picardie (source Se Loger), qui, après avoir été historiquement bas en 2020, retrouve quelques couleurs. En janvier 2022 il était de 6,2% pour une maison et de 6% pour un appartement.

La Covid comme accélérateur

« Globalement, pour nous le marché n’a pas évolué », constate de son côté Loïc Fournier, co-fondateur d’Amarym, une entreprise spécialisée dans l’immobilier de bord de mer, également élu à la Fnaim. 

« C’était déjà un secteur très dynamique avant la Covid, mais la crise sanitaire a été un déclencheur pour ceux qui avaient un projet de résidence secondaire », ajoute celui qui est implanté à Dieppe, Ault, Saint-Valéry et Le Tréport. 

Une prise de décision confortée en partie par la généralisation du télétravail. « Beaucoup ont aujourd’hui la possibilité d’avoir un cadre de vie hybride avec une résidence secondaire où l’on peut travailler à distance. C’est une tendance de fonds qui est en train de s’amorcer », analyse-t-il.

Conserver un lien avec les métropoles

Peu en revanche sont prêts à changer totalement de vie en s’installant à plein temps sur la côte. « C’est tout à fait marginal. Nous proposons également un service de conciergerie et nous avons constaté que les propriétaires n’étaient pas plus présents dans leurs résidences secondaires qu’avant la Covid », pointe Loïc Fournier qui observe cependant quelques évolutions. 

« Certains territoires, initialement moins sensibles à la résidence secondaire, sont maintenant plébiscités. Les villes sont saturées, avec des problématiques de logements et de tension immobilière, le meilleur moyen pour ça c’est de décentraliser l’activité » poursuit-il. Une envie de changement aussi observé par Bastien Trolliard dans le sud de l’Aisne, une zone qui a séduit de nombreux Franciliens.

« Ils ont envie d’une ville à taille humaine. Château-Thierry, par exemple, plaît énormément pour sa proximité avec Paris et ses prix abordables », note-t-il. Car si ces nouveaux habitants recherchent plus d’espaces et un extérieur, ils souhaitent cependant avoir un accès rapide aux grandes métropoles où ils conservent leur activité.

Acheter différemment

Si le marché de l’immobilier a connu un cycle très dynamique, le contexte règlementaire et économique pourrait bousculer durablement le secteur. Pour Loïc Fournier, le risque vient de la hausse du taux d’usure -taux d'intérêt maximal auquel les banques sont autorisées à prêter de l'argent - qui rend l’accès au crédit plus difficile. 

« Il va sans doute être plus compliqué de se loger dans les années à venir, il va être nécessaire de faire des compris, notamment sur la surface », professe-t-il. Outre cette nouvelle donnée, Bastien Trolliard, voit lui un autre sujet prendre de l’ampleur : celui de la rénovation énergétique. 

« À mon sens, le prix se fera par rapport à cet élément. Pour l’instant le côté émotionnel peut prendre le dessus dans la décision d’acquérir un bien, mais avec la mise en place de l’audit énergétique, je pense que ce sera moins le cas », détaille-t-il.