SPL imagine de nouveaux projets
Scierie et Palettes du littoral (SPL) reste en mouvement. La coopérative qui aide à l’insertion des publics en difficulté enchaîne les projets depuis 20 ans. Leader français dans la palette papetière, elle trace son chemin dans l’écoconstruction en région et en Ile-de- France depuis dix ans. Son mode de gestion est alternatif et son dirigeant, François Marty, ne pratique pas la langue de bois. Visite et découverte d’une ruche à projets.
Il le fait bien, l’ami Marty. Dirigeant fondateur de l’entreprise coopérative Scierie et Palettes du littoral depuis plus de deux décennies, l’homme joue en permanence du contraste. Et adore dérouter… Ancien conseiller d’un cabinet ministériel au développement durable sous Jospin, François Marty se plaît à fréquenter le Medef “pour sensibiliser là où il faut sensibiliser” disait-il lors d’assemblées générales de l’organisme patronal à Coquelles. Atypique, l’homme gère SPL qui continue d’élargir… sa palette : construction de maison en bois, fabrication de palettes et maraîchage depuis le début d’année. “Aujourd’hui, SPL, c’est 180 salariés. Avec Chenelet, Chenelt développement et Terre d’Opale, c’est 60 personnes de plus”, énumère le dirigeant. “Ici, l’échelle des salaires, c’est de 1 à 2,5 fois le Smic”, fait-il savoir au président de la communauté d’agglomération du Calaisis venu pour la visite. “L’argent va dans la recherche et l’investissement”, assène-t-il. L’écrasante majorité des salariés est en contrat d’insertion professionnelle. Avantage illicite sur la concurrence ? “Que les entreprises qui le souhaitent prennent nos salariés aux conditions du marché du travail, rigole le dirigeant. Plus sérieusement, nous sommes un sas vers l’emploi durable. Nos salariés ne font que passer chez nous. Ils rejoignent des transporteurs, des concurrents. Et c’est très bien comme ça.” L’imagination, facteur d’emplois locaux. L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 6,83 millions d’euros l’an dernier contre 6,4 millions en 2009. Et les résultats sont là, en termes financiers comme humains. Depuis le début de l’année, 35 embauches ont eu lieu à Audruicq. L’insertion colle aux savoir-faire : “ce qu’il faut comprendre, c’est que des gens viennent se former à nos techniques”, explique l’homme. Devant de longues pièces de bois, on se penche pour voir un détail : les poutres sont taillées pour s’insérer les unes dans les autres et servent à la construction. “Nous, on fait des Grenelle et les Allemands font les machines… Par exemple, tout le monde a installé des chaudières à plaquettes sèches. Résultat, nos plaquettes ne peuvent pas sécher. Il faut que les compétences se croisent dans la société avec les entreprises, les fabricants, les sous-traitants. En fait, il n’y a pas de plaquettes faites pour les bois locaux. Les machines Schmidt sont faites pour les résineux et c’est normal pour les Allemands et les Polonais. Et quand on demande pour du peuplier, ça demande des adaptations. De la même façon, on raboute du peuplier pour faire des charpentes et on a dû aller jusqu’en Norvège pour réaliser une colle pour peuplier”, explique-t-il encore. A travers ces exemples, François Marty veut montrer qu’être imaginatif apporte des solutions pour l’emploi local.