SOS entrepreneurs : l’espoir sous le ciel gris
En mars 2011, Bruno Delcampe et des entrepreneurs régionaux lancent SOS entrepreneurs : des chefs d’entreprise apportent aide et soutien à leurs confrères en difficulté. Le principe est simple : un numéro de téléphone1 disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, un site internet et des cellules d’accompagnement formées d’experts (entrepreneurs, notaires, experts comptables, etc.). «Les entretiens ne sont pas qu’une simple prise de contact. C’est une vraie évaluation de la situation : présentation de l’entreprise, analyse de la fiscalité et du haut de bilan, ainsi que la trésorerie. En direct, le chef d’entreprise nous envoie son prévisionnel», explique Bruno Delcampe, pour poursuivre : «Le pire pour un dirigeant ? La perspective de la cessation de paiement. C’est ce que nous devons éviter parce que quand une entreprise part au tribunal, elle a 95% de chance d’être liquidée. Nous donnons des directions, de l’écoute et du conseil.» Depuis sa création il y a deux ans, SOS entrepreneurs a déjà reçu plus de 3 600 appels, réalisant 621 diagnostics et sauvant plus de 1 600 emplois. Car difficile d’entrevoir un bout de ciel bleu dans ce contexte toujours morose : + 11% des défaillances dans le Nord-Pas-de-Calais (+ 9,4% en France) au second trimestre 2013 et + 29,9% au troisième trimestre 2013 par rapport à la même période en 2012 (étude Societe.com). Des chiffres alarmants qui témoignent d’un mal structurel et de la nécessité pour les entrepreneurs d’être bien accompagnés. «Dans les 8 heures qui suivent le coup de fil, on réalise un entretien d’urgence s’il y a une perspective de cessation de paiement. Si nous avons affaire à des artisans ou des commerçants, on les redirige vers les instances concernées, notre cœur de métier c’est la PME», détaille Bruno Delcampe. La première urgence, c’est de stabiliser l’entreprise et de la relancer. Impossible cependant de rendre le dispositif gratuit tout en le maintenant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. L’accompagnement coûte 2 000€, une somme volontairement peu élevée et permise par l’octroi d’un prêt d’honneur.
La fondation comme appui structurel et financier. Aujourd’hui SOS entrepreneurs entre dans une nouvelle phase de développement par la création de la fondation Entrepreneurs en détresse, sous l’égide de la fondation Caritas France. Un fonds de solidarité a même été créé en juillet 2011 pour pouvoir octroyer un prêt d’honneur à l’entrepreneur en crise qui ne se paie plus et qui a besoin d’un accompagnement par un expert. La création de la fondation permettra notamment aux mécènes d’alimenter ce fonds. Particuliers et entreprises peuvent aussi y contribuer. Quant à son «concurrent», CCI prévention, Bruno Delcampe tient à souligner les différences : CCI prévention intervient en amont, quand les entreprises ne sont pas encore en cessation de paiement, alors que SOS entrepreneurs intervient plus tard. Le fondateur, lui-même entrepreneur, reste avant tout objectif : «Ce n’est pas parce qu’on nous appelle que l’entreprise est sauvée ! Mais ça lui permet d’avoir des solutions. En période de crise, il y a toujours une dose d’optimisme si on prend les choses à temps. Il ne faut pas laisser le chef d’entreprise dans l’exclusion, même si son cas est perdu d’avance. On regarde avec lui si on peut recréer quelque chose. SOS entrepreneurs, c’est un message d’espoir.»
1. Tél. : 06 15 24 19 77.