Soissons : en ordre de marche pour appliquer au mieux la loi
L'audience de rentrée solennelle a permis de constater une diminution des procédures collectives, malgré un manque de perspectives pour 2014.
Les chiffres s’améliorent : 47 redressements en 2013 contre 52 en 2012, 79 liquidations l’an passé contre 136 en 2012 et 7 sauvegardes en 2013 contre 11 en 2012. Soit une baisse de 15% du total de procédures. Une défaillance sur trois concerne une entreprise du bâtiment, ce qui démontre la crise de ce secteur. Les jugements (98) ont surtout consisté à des appels en garantie de dirigeants s’étant portés cautions. Mais derrière ces chiffres, que de problèmes humains… Après avoir salué la réélection de plusieurs juges consulaires, et surtout l’arrivée de deux nouveaux, Jacqueline Roskam (transporteur de grumes de bois) et Michel Barbier (agent général d’assurances à Château-Thierry), le procureur de la République, Jean-François Bladier, a appuyé sur les qualités requises : « Méfiez-vous des préjugés et de la routine, soyez exigeants avec vous-mêmes. La grandeur de la justice réside d’abord dans son humanité. Et d’ajouter : Chacun doit se poser la question “suis-je à la hauteur de ma tâche ?” » Puis il a évoqué le « travail sur elle-même » accompli par la juridiction soissonnaise, suite à l’audit du second semestre 2012, pour se mettre en adéquation avec les préconisations. Il a également rappelé que la justice commerciale n’envoyait pas en prison, mais elle est bien une justice des hommes, de leurs espoirs et de leurs désillusions.
Devant les juges se succèdent « des escrocs, des gérants intègres, des naïfs incompétents, des ambitieux inconscients… La liberté d’entreprendre peut aboutir ici aux portes du désespoir ».
Le rebond des dirigeants
Le président Gérard Drouard est allé le même sens. Son propos était articulé autour de trois observations :
– le rebond des chefs d’entreprise, en évoquant ses confrères de Saintes qui avaient mis en place une cellule psychologique, notamment pour aider les dirigeants à retrouver confiance en eux.
– L’écoute des petites entreprises, il a regretté que la crainte ou l’amour propre les empêchent d’anticiper et de contacter le juge avant qu’il ne soit trop tard.
– Enfin, la promotion du service public de la justice. Gérard Drouard a souligné le rôle du juge consulaire : une fonction bénévole, limitée dans le temps, avec un savoir-faire : « L’expérience de chacun est le trésor de tous », comme l’écrivait Gérard de Nerval, en soulignant enfin l’apport de la collégialité dans toute décision. Le président a conclu ses propos sur une note volontairement positive, en remerciant ses collègues pour leur travail et en citant Aristote : « L’espérance, c’est le rêve d’un homme éveillé. »