Ségolène Royal s’engage pour un parc éolien au large de Berck-sur-Mer

À bord du "chalutier du futur" l'Arpege, construit par le chantier boulonnais Socarenam
À bord du "chalutier du futur" l'Arpege, construit par le chantier boulonnais Socarenam

 

D.R.

À bord du "chalutier du futur" l'Arpege, construit par le chantier boulonnais Socarenam

En visite au port de Boulogne le dimanche 26 février, la ministre de l’Environnement Ségolène Royal a annoncé le lancement “imminent” de l’appel d’offres des éoliennes offshore à 15 kilomètres au large de Berck-sur- Mer.

Accueillie par celui qui fut son secrétaire d’Etat délégué au Transport, Frédéric Cuvillier, députémaire de Boulogne, Ségolène Royal a d’abord visité l’Arpège, bateau hybride moins polluant construit par la Socarenam, avant de se rendre au bassin d’essais de l’Ifremer rencontrer les responsables de la start-up Eel Energy qui mettent au point une innovante hydrolienne à ondulation. Frédéric Cuvillier lui a présenté “le projet off shore de Bassure de Baas au large de la Côte d’Opale, qui offre toutes les garanties de respect de l’environnement, d’efficacité énergétique et de rentabilité économique au service des territoires. 

Ségolène Royal lui a répondu que le projet éolien Boulogne Grand Large allait être intégré de façon imminente au prochain appel d’offres lancé par l’État. La ministre a en effet apprécié que la zone retenue, qui n’est pas classée en zone Natura 2000 mais fait partie intégrante du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale, ait fait l’objet d’une concertation approfondie, confirmant sa pertinence au regard des contraintes de sécurité notamment. Elle a réfuté les oppositions des pêcheurs – “ils ne pêchent que trois semaines par an sur cette zone” – et celle des élus des stations touristiques qui redoutent la pollution visuelle – “à 15 km de la côte, il faudra une bonne vue pour apercevoir les éoliennes”.La ministre a apprécié les caractéristiques exceptionnelles de ce projet :– le périmètre réduit, très éloigné des côtes, et du dispositif de limitation de trafic en vigueur dans le pas de Calais, – le régime de vent constant à faible saisonnalité, – la faible bathymétrie et des fonds sableux favorables à l’ingénierie et à la construction du parc, – des impacts très limités sur la navigation commerciale et sur les activités de pêche qui ne priorisent pas cette zone.

Des retombées économiques

Port de construction et de maintenance, Boulogne pourrait alors offrir une plate-forme portuaire dotée d’une ingénierie industrielle au savoir-faire maritime reconnu. Le port pourra accueillir, en complémentarité avec d’autres sites, les usines de fabrication des composants ou d’éléments du parc, de fabrication des fondations, d’assemblage et d’installations des composants. Accueillant depuis plus de dix ans quatre éoliennes sur la digue Carnot, Boulogne est déjà un port en mutation énergétique. Actuellement en cours, une expérimentation de la thalassothermie pour des usages industriels au sein du port de pêche (bassin Loubet) est l’exemple probant de la diversification énergétique que promeuvent le port et les collectivités locales (Ville et Communauté d’agglomération). Pour Frédéric Cuvillier, “ce projet, qui bénéficiera prochainement de la signature et de la garantie de l’État, favorisera ainsi la diversification économique et énergétique en cours du port de Boulogne”.

Un projet qui divise les élus et les territoires

Néanmoins, cette annonce, qui a réjoui les Boulonnais, n’a pas fait que des heureux dans l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer. Dès le lendemain de l’annonce de la ministre Ségolène Royal concernant le projet de parc éolien offshore au large de Berck-sur-Mer, l’opposition s’est organisée au sud de la Côte d’Opale. Prenant la tête de la fronde, le députémaire du Touquet, Daniel Fasquelle (Les Républicains), a rassemblé dans son hôtel de ville de nombreux opposants à cette implantation : pêcheurs, chasseurs, commerçants, élus locaux, propriétaires inquiets d’une possible répercussion sur le prix de l’immobilier. Conseiller régional des Hauts-de-France, le sénateur Jean-François Rapin ajoute que “le timing et le fond des déclarations de Ségolène Royal sont inacceptables : pas de parc éolien sans concertation avec les acteurs de l’économie maritime et sans conciliation des usages”. Rejoignant la position du président du Comité régional des pêches maritimes, Olivier Leprêtre, il estime que “l’espace maritime Manche-mer du Nord est déjà fortement sollicité et tout nouveau projet doit se faire en accord avec les professionnels”. Pour Dominique Godefroy, président du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale, “le conseil de gestion du PNM aura à se prononcer sur l’impact du parc éolien sur le milieu naturel”. Le promoteur WPD a diffusé sur son site des simulations visuelles du futur parc éolien. Grâce à une navigation sur les photos à 180 degrés, l’internaute peut ainsi se faire une idée de l’impact paysager de ces machines.