Le Nancéien Sébastien Nicolas aurait pu mener une carrière dans le domaine scientifique. Il a choisi une existence aux accents d’artiste : ébéniste d’art. Son quotidien est mêlé de calme, d’intuition, de dextérité. Le travail du bois excellé par ce personnage si singulier recèle des aspects au combien originaux. Découverte.
«Ornicar ? Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai appelé mon entreprise ainsi», indique Sébastien Nicolas, à l’esprit fertile. Dans son atelier situé à Nancy, son rituel est de dessiner des lignes, inventer des formes, concevoir des petites architectures à la fois fines et complexes. Natif de Meuse, l’homme peut paraître lunaire, de premier abord. Un vrai artiste en fait, avec son univers et sa vision du monde. Longtemps, il a vécu de petits boulots, pour vouloir un jour trouver un accomplissement personnel et professionnel. «J’avais envie de créer, j’étais manuel, c’est certain. J’aime les choses simples», poursuit-il. De recherches en rencontres, il est séduit par la matière bois. Les sillons d’une aventure sont tracés. «Ébéniste, cela a été une évidence», assure-t-il. Sébastien Nicolas passe un CAP à Lunéville avant de se spécialiser en restauration dans le cadre d’une formation complémentaire. Restaurateur de mobilier à Nancy durant deux ans, son intérêt pour la création prend le dessus. Un lien noué avec l’ébéniste malzévillois Christophe Masson, expert passionné, constitue le déclencheur. Aux côtés de ce maître, durant douze mois, Sébastien Nicolas apprend patiemment, geste après geste, la technique si méticuleuse, la presque magie conférée par l’art de la main. Il se nourrit d’architecture, de l’imagerie des livres, d’art moderne et contemporain pour se forger un véritable corpus, une identité propre, pour au final ouvrir son atelier.
Authentique et écologique
Une décennie plus tard, nombre de ses créations ont su séduire un public venu vers lui, en recherche d’authenticité. Le petit mobilier resté à son atelier lui sert de modèle d’exposition et dépeint à merveille son univers. Les formes sont légères, harmonieuses. Ici un tabouret, là une commode, plus loin une table… Sébastien Nicolas précise : «Tous les bois utilisés proviennent de forêts locales dans le respect de l’environnement.» Sur son logiciel, l’ébéniste réalise le précieux mariage entre les formes, les textures, les couleurs, l’espace. Ne faisant pas d’agencement, l’artiste se concentre sur la création pure et sur mesure. Évoquer avec lui son métier, c’est l’entendre parler avec des mots empreints de sérénité. Ébéniste en 2018, à l’heure de la numérisation ? «Le métier ne disparaît pas, bien au contraire. On assiste actuellement à un intérêt de beaucoup de personnes pour le bois. Ce sont des gens en quête de sens dans leur carrière. Ils effectuent un retour vers le beau et l’utile.» Sébastien Nicolas souhaite en 2019 développer son réseau, faire fructifier son affaire. Il n’oubliera pas non plus d’aller se ressourcer en Bourgogne durant l’été. «Je disparais alors totalement en pleine nature. Ces semaines de repos total servent à me régénérer avant de repartir pour une nouvelle année de création», conclut-il.