Se former pour rompre avec l’isolement du dirigeant
Philippe Hourdain en parle depuis plusieurs années. C’est désormais chose faite et le président de la CCI Hauts-de-France, en lien avec le MEDEF, ont réussi le pari de proposer une formation rapide et pragmatique à destination des dirigeants patrimoniaux.
Transformation numérique, contexte économique tendu, management différenciant… On le sait, les chefs d’entreprise doivent faire face à un environnement mouvant, avec des remises en question permanentes. «Il est important de pouvoir se former. Car la moindre faiblesse des chefs d’entreprise peut coûter très cher», prévient Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France. Certes, des formations existent déjà, notamment en écoles de commerce, mais elles nécessitent un important investissement à la fois présentiel et financier. L’Institut du dirigeant s’oriente sur une autre temporalité : une formation d’un an, de 60 heures (10 modules de 6 heures, une demi-journée par mois) pour 2 900 € HT. Autant dire que les modules sont pragmatiques et vont à l’essentiel : marché et stratégie, pilotage de son activité, gestion des talents, innovation et digitalisation. Lancée conjointement par l’organisme consulaire et le MEDEF, l’Institut du dirigeant pourrait, à terme, s’adjoindre les compétences du monde universitaire ou d’autres organismes patronaux. «Nous partageons ce constat : les entreprises régionales sont de plus en plus petites, davantage sous-traitantes, avec un capitaine moins bien formé. Et donc nous sommes moins bons sur l’innovation et les exportations», déplore Frédéric Motte, président du MEDEF Hauts-de-France. La mission est donc claire : accompagner et donner les outils pour pousser les entreprises patrimoniales vers le développement.
Lancement de la
première promotion
Douze dirigeant(e)s ont d’ores et déjà commencé cette première session : avec une moyenne d’âge de 43 ans et à la tête d’entreprise de 7 à 50 salariés, ils ont un parcours aussi divers que leurs secteurs d’activité : transport de marchandises, communication, commerce de gros, bureau d’études… Des marchés hétéroclites mais des problématiques communes. «Je suis sorti d’une grande école il y a 30 ans. J’avais envie de me reformer dans un secteur en pleine concurrence», explique Jean-Luc Dejode, président de Load transports et affrètements au CRT de Lesquin. Mélanie Beaudoin, associée chez BPAA à Denain, a déjà mis en pratique les apprentissages : «Je suis chef d’entreprise depuis moins d’un an, sortie d’une école d’architecture. Alors certaines notions de gestion me sont encore floues.» Franck Théry, directeur général du CEPI management, lieu d’accueil des participants, se veut pragmatique : «En effet, il y a beaucoup d’acteurs de la formation pour cadres. Mais pas pour les dirigeants et chefs d’entreprise patrimoniaux, et avec des engagements moins importants, compatibles avec la gestion d’une petite entreprise.» Dans une région qui compte 170 000 chefs d’entreprise – à 95% de TPE et de PME –, l’Institut du dirigeant a donc du pain sur la planche et envisage d’ores et déjà une seconde promotion en lien avec l’ESC d’Amiens.