Se former en s’immergeant dans une entreprise : le pari réussi de Clubster Santé
Et si la formation prenait tout son sens en y alliant une expérience de terrain et en vivant le quotidien du salarié d’une autre entreprise ? En partenariat avec l’organisme de formation Stratelys, Clubster Santé – réseau de 220 entreprises de la filière régionale en santé – a imaginé le dispositif «Formation mobile» avec deux objectifs : répondre à la difficulté pour certains salariés d’appliquer leur formation initiale théorique au poste de travail et réduire l’inadéquation entre l’offre de formation continue et les besoins des entreprises.
Cas concrets : Innobiochips s’est récemment dotée d’une salle blanche. Anne vient visiter pendant deux jours celle de Cousin biotech ; Magalie, d’Aquilab, a suivi une formation sur les normes chez M Doloris. Deux cas de salariées qui ont suivi la formation mobile et qui ont pu directement appliquer les enseignements dans leurs entreprises respectives. “La question de la formation est centrale. Depuis deux ans, Eurasanté a amplifié ses actions de formation en réalisant un diagnostic des formations recherchées par les entreprises. La formation mobile est à l’image de ce que nous souhaitons développer avec le Clubster Santé. Car nous avons la conviction de l’intérêt d’offrir un cadre d’apprentissage dans les entreprises“, explique Etienne Vervaecke, directeur général d’Eurasanté. Soutenue par la Plate-forme d’appui aux mutations économiques de la métropole lilloise dans le cadre du Pacte de responsabilité et de solidarité du gouvernement, la formation mobile est dotée d’un financement de 60 000 €1 de la part de la Direccte.
Ouvrir la formation à d’autres secteurs. “S’il y a beaucoup de formations pour les entreprises de soins, il y en a peu pour les industriels de la santé“, précise Thomas Buffin, président de Clubster Santé. La formation mobile, en immersion totale dans une autre entreprise pendant un à trois jours, vient donc combler ce manque. Dix formations ont d’ores et déjà été mises en place, construites en collaboration avec Stratélys et une vingtaine d’entreprises : HMS-VILGO se forme à la gestion des réseaux sociaux chez Doublet, Scemed se forme au monde médico-social au CH de Wattrelos, S-Inter se forme à la gestion d’équipes itinérantes chez ADHAP services, etc. Les exemples sont amenés à être démultipliés. Moins chère qu’une formation “classique” − qui nécessite l’intervention coûteuse d’un consultant –, la formation est prise en charge par les OPCA (Défi, Agefos et FAFTT), les organismes de formation (Stratélys et AFPA) et les entreprises. Le développement prévu, pour les années à venir, serait d’étendre cette formation à tous secteurs d’activité.
- Au titre de la Plate-forme d’appui aux mutations économiques, dix-sept projets régionaux sont financés à hauteur de 689 000 € à travers deux appels à projets menés en décembre 2013 et juillet 2014. Un troisième, doté de 300 000 €, est en cours (150 000 par la Direccte et 150 000 du Conseil régional).
En immersion chez Cousin Biotech à Wervicq-Sud
C’est en 1848 que naît l’entreprise Cousin frères à l’heure de gloire du textile et du tressage du lin et du coton. Pour se démarquer de ses concurrents, Cousin innove en fabriquant des fils tressés pour les selles de cheval, les sangles et coutures de capotes de fiacres, les prothèses ligamentaires textiles ou encore les lacets de chaussure et les cordages marins. Quatre filiales constituent aujourd’hui le groupe : Cousin trestec (cordage technique), Cousin composites (joncs et fibres optiques), Cousin office (services généraux) et Cousin biotech. “Si vous faites de la voile, du badminton ou du tennis, il y a de fortes chances que vous utilisiez des cordes Cousin !” explique François Tortel, directeur général de Cousin biotech. L’entreprise fabrique aussi des cordelettes pour le corps humain, notamment pour soigner les ligaments du genou ou le tendon d’Achille. Deux patients sur dix en France sont ainsi soignés par des tissus de Wervicq-Sud. Au total, plus de 400 références de produits : anneau gastrique ajustable, traitement de l’incontinence urinaire d’effort féminine, système de correction et de stabilisation ligamentaire… Les matières premières sont travaillées à partir de fils achetés majoritairement en France.
Formation dans la salle blanche. Dans le cadre de la formation mobile, Anne Gilet, responsable production chez InnoBioChips, a passé quelques jours dans la salle blanche de Cousin biotech. “Etre formée directement en salle blanche est un avantage qui m’a aidée à me projeter dans mon environnement de travail“, a-t-elle expliqué. “C’est de la haute couture“, a précisé François Tortel, en présentant le travail de fourmi des 30 couturières qui découpent, tissent et cousent avec minutie et précision dans un environnement ultra confiné et soumis à des règles drastiques (combinaison, pas de maquillage ni de bijoux, interdiction de ramasser ce qui tombe par terre…). Avec ses 120 salariés (dont 90 pour Cousin biotech), l’entreprise réalise 14 M€ de chiffre d’affaires – en croissance de 5% –, dont 70% à l’export.