Sans le sou, le Calaisis perd le cap

Philippe Blet, président de la communauté d'agglomération du Calaisis (CAC) depuis la prise de la ville par l'UMP Natacha Bouchart en 2008, a démissionné à l'issue du conseil communautaire du 11 avril dernier. Les maires et la majorité du conseil demandaient depuis plusieurs jours sa démission, pointant une gestion financière désastreuse. Conséquence : tous les investissements du territoire sont gelés

« Philippe Blet, président démissionnaire de l'agglomération du Calaisis ».
« Philippe Blet, président démissionnaire de l'agglomération du Calaisis ».
CAPresse 2015

Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais et probable future présidente du territoire.

Début mars, le conseil communautaire du Calaisis se déroulait dans une ambiance toute positive : le président Philippe Blet (divers gauche) affichait des ambitions sur la réalisation du palais des congrès près du front de mer et se félicitait des 6 millions promis par le Conseil Régional. Les avocats et conseillers financiers de l’Agglomération travaillaient à un contrat de partenariat avec le groupe Rabot-Dutilleul. Le projet “Heroic Land”, redimensionné après deux ans de péripéties, faisait l’objet d’une présentation durant ce même conseil. L’Agglomération s’apprêtait également à consacrer 7 millions d’euros d’investissement dans le projet Calais port 2015… Tout allait bien donc et l’équation investissement = emploi donnait des espoirs au territoire. En quelques semaines, tout est balayé. Des problèmes de trésorerie récurrents ont mis des fournisseurs dans la difficulté ; des mouvements de grève au sein du personnel l’an dernier, doublés de mouvements de cadres, ont mis à mal la cohérence de l’équipe. Les élus qui ont poussé Philippe Blet vers la porte n’ignoraient pourtant rien des engagements budgétaires de l’Agglomération. Natacha Bouchart, appelée à remplacer Philippe Blet dans les prochains jours, raconte ainsi son divorce avec son premier adjoint : “Le président a approuvé le budget et s’en désolidarise en expliquant que l’Agglomération doit lever l’impôt, une augmentation de 30 % sur les ménages sur les quatre prochaines années, et 24 millions d’endettement supplémentaires…” Et de déplorer “des erreurs de ressources humaines, une perte de crédibilité externe asphyxiant des entreprises“.

Un gel des investissements pendant un an. Et tout le bureau communautaire de réclamer le compte administratif 2014 car ayant découvert certains engagements. L’opposition socialiste et communiste a ainsi soutenu d’avoir “tiré la sonnette d’alarme en premier”. Toute l’opposition (FN inclus) s’est inscrite en faux sur le gel des 7 millions d’euros d’investissements promis au projet Calais port 2015. Les élus majoritaires ont ainsi voté un budget de pause quasi globale en termes d’investissements. Pour redresser ses comptes, l’Agglomération va devoir trouver d’autres recettes. Longtemps opposée à la mise en commun de la compétence des ordures ménagères (qui amènent 2,5 millions d’euros dans la caisse de la Ville), Natacha Bouchart a promis que Calais allait partager. L’Agglomération prendra probablement la compétence culturelle (et le soutien de la Scène nationale Le Channel) pour compenser. Désormais sans le sou et si pour devenir attractif auprès des petites communautés de communes qui l’entourent, le Calaisis va devoir remettre en question sa politique économique et fiscale et adapter ses ambitions au principe de réalité. Ce n’est pas une surprise pour certains. Guy Allemand avait averti en mars dernier en listant les investissements à supporter dans un contexte de baisses de ressources récurrentes : 24 millions d’euros sur les zones d’activité économique, 4,5 millions d’euros sur l’école d’art, 6 millions d’euros dans la zone de la Turquerie, autant dans celle du Virval qui veut accueillir Heroic Land. Le problème reste entier.