Santé
Saint-Quentin : Medaccès mise sur les talents locaux pour lutter contre les déserts médicaux
Créée en 2017 à Saint-Quentin, l’association a pour objectif d’accompagner des jeunes issus des déserts médicaux à devenir eux-mêmes professionnels de santé et à s’installer sur leurs territoires. Après plusieurs années de réflexion, le parcours Medaccès sera mis en place dès la rentrée prochaine.
« Plusieurs études démographiques ont montré depuis longtemps que certains territoires seraient largement déficitaires en termes de répartition de professionnels de santé. Les médecins eux-mêmes s’en sont également rendus compte et les pouvoirs publics ont mis en place différentes choses comme les maisons de santé ou des incitations financières. Mais dès le départ, je me suis dit que ce ne serait pas suffisant », raconte Jean-Christophe Seube, chirurgien-dentiste à Saint-Quentin qui évoque aujourd’hui une situation critique dans tous les secteurs de la santé.
En France, 7,4 millions de personnes vivent dans des déserts médicaux. Il manque un médecin généraliste dans une commune sur trois et la tendance devrait s’accélérer puisque 7 000 médecins généralistes ou spécialistes seront en retraite en 2024 et un médecin généraliste sur deux a au moins 60 ans.
Orienter les jeunes
« Toutes les actions mises en place sont insuffisantes pour encourager les étudiants issus des grandes métropoles universitaires à s’installer dans des territoires où ils n’ont aucune attache », analyse Jean-Christophe Seube. Le médecin, en contact quotidien avec des enfants et des jeunes les interroge régulièrement sur leurs envies.
« Beaucoup ne savent pas ce qu’ils veulent faire plus tard. Ils imaginent encore moins suivre des études médicales à cause de contraintes financières ou sociales », poursuit le chirurgien-dentiste qui en est pourtant persuadé : la solution aux déserts médicaux réside dans la formation des jeunes issus de ces territoires.
En 2017, il crée alors Medaccès pour approfondir cette idée. « Il faut casser les idées reçues, lever les freins financiers, sociaux et psychologiques : la médecine n’est pas réservée à une élite », assure-t-il. Autour de lui, Jean-Christophe Seube fédère des bénévoles, des professionnels de santé et des communes autour de son action.
« La difficulté c’est qu’un temps long est nécessaire pour former les futures générations de praticiens. Or un médecin est souvent débordé et ne s’intéresse à sa succession qu’au moment où il songe à la retraite. Il faudrait s’en préoccuper une dizaine d’années avant », souligne Jean-Christophe Seube.
Un accompagnement global
Après plusieurs années de travail, Medaccès vient d’entrer dans sa phase active, avec la mise en place du Parcours Medaccès. « Nous sélectionnons les jeunes avec un comité de sélection, nous leur faisons passer un bilan de compétences et on évalue leur psychologie. À l’issue de ces tests, nous signons avec eux un contrat », résume le professionnel de santé.
À partir de la rentrée prochaine, ils seront huit à bénéficier de cet accompagnement global en médecine et une quinzaine dans le secteur paramédical. Tous sont issus des Hauts-de-France. En plus d’un suivi réalisé par des professionnels de santé tout au long de l’année, les étudiants peuvent également bénéficier d’une prise en charge financière pour qu’ils puissent se concentrer uniquement sur leurs études. « Ils sont entièrement libres de choisir leur spécialité, la seule condition pour intégrer ce parcours est de s’installer ensuite sur leur territoire », note Jean-Christophe Seube.