Stratégie industrielle

Safilin surfe sur la green attitude

Implantée depuis près de 250 ans au nord de la région Hauts-de-France, à Armentières et Sailly-sur-la-Lys, la filature familiale Safilin développe depuis peu une nouvelle stratégie de communication auprès de ses clients. L'objectif est d'assurer des débouchés pérennes à l'entreprise avec une démarche écoresponsable.

«La fibre de lin peut se substituer à la fibre de carbone» explique Alix Pollet © Aletheia Press / LD
«La fibre de lin peut se substituer à la fibre de carbone» explique Alix Pollet © Aletheia Press / LD

Dans un contexte économique en crise où l’on parle «relocalisation des entreprises», «consommation de proximité, écoresponsable», le lin trouve sa place, plus que n’importe quelle autre fibre textile. «Il pousse naturellement, sans pesticides, et le premier producteur au monde est la France» argumente Alix Pollet, directrice des marques chez Safilin. 80% de la production agricole mondiale de lin est cultivée entre Caen et Amsterdam sur une bande de 500 km où les conditions climatiques idoines sont réunies pour faire grandir cette fibre : eau, vent et soleil. «Une chemise en lin permet d’économiser treize bouteilles d’eau d’un litre et demi par rapport au coton qui demande beaucoup d’eau au moment de la culture» souligne encore Alix Pollet.

S’appuyer sur les démarches de sourcing

Le lin semble réunir les qualités pour surfer sur de nombreux développements techniques des produits. Il serait hypoallergénique grâce à sa fibre creuse et longue qui favorise la ventilation, léger, résistant et ultra absorbant. «Comme il absorbe les vibrations, il peut être un substitut à la fibre de carbone», assure la responsable.  Mais il reste plus cher car l’offre est limitée. Ce n’est que très récemment que le filateur qui enregistre 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, a décidé d’investir 1% de sa marge en recherche et développement afin de trouver de nouveaux débouchés.

Filateur de lin premium depuis 1778, l’entreprise souhaite apporter des solutions aux marques qui veulent développer leur sourcing en lin 100 % européen. «Nous avons en quelque sorte une offre à tiroirs en fonction du cahier des charges de la marque, souligne Alix Pollet. Nous pouvons travailler au développement de nouveaux produits, nous pouvons aider les marques à relocaliser en Europe leur supply chain. Avec le covid, les demandes se sont accélérées. Nous nous orientons aujourd’hui vers des collections éco-responsables avec un souci de la qualité.» Afin d’affiner cette nouvelle stratégie, l’équipe commerciale du linier a dû recenser la cartographie des savoir-faire de ses clients, tricoteurs, tisseurs, confectionneurs, ennoblisseurs et comprendre leur banque de données. «Nous travaillons avec une cinquantaine d’entreprises sur des besoins différents et les champs d’application ne se limitent pas au textile.»

Vers une relocalisation

Se pose aujourd’hui la question d’une relocalisation pour l’entreprise nordiste sur laquelle travaille la direction. Car en 1980, lorsque le secteur a été économiquement très touché, la décision fut prise de transférer la filature en Pologne, pays de tradition linière où de surcroît le coût de la main d’œuvre défiait toute concurrence. Deux usines y sont implantées, l’une à Szczytno où se trouve la filature au mouillé qui produit 3 000 tonnes de fil par an, l’autre à Milakowo pour la filature au sec qui produit 2 500 tonnes. Parmi les 500 salariés que compte Safilin, plus de 400 travaillent en Pologne. «Ce retour aux sources, tôt ou tard, est dans l’ordre naturel des choses» conclut Alix Pollet.